Mardi 4 août, à Beyrouth, une double explosion d’une violence inouïe a semé le chaos dans le port de la capitale du Liban. La moitié de la ville est touchée, plus de 137 personnes décédées, 5 000 autres  blessées, des dizaines de disparus et 300 000 personnes sont désormais sans domicile.

La France déplore selon un dernier bilan au moins un mort, trois blessés graves et 21 blessés plus légers.

La cause de cette double explosion serait, selon le Premier ministre Hassan Diab, l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, substance qui entre dans la composition de certains engrais, mais aussi d’explosifs.

Le Liban a lancé un appel à l’aide internationale. Ce jeudi, Emmanuel Macron est arrivé à 11 heures (heure française) à Beyrouth et a été accueilli par le président libanais, Michel Aoun. Dès son arrivée, le chef de l’Etat français s’est placé en leader de l’organisation de l’aide internationale.

L’accident n’est pas seulement la cause la plus probable de la catastrophe, mais aussi, compte tenu de l’ampleur du massacre, la plus confortable et la plus commode pour tout le monde. Alors saura-t-on jamais si derrière l’explosion des 2750 tonnes de nitrate d’ammonium amassées dans le port de Beyrouth il y a quelque chose de plus sophistiqué et prémédité que l’étincelle banale qui s’est produite lors du soudage d’une porte d’entrepôt 12 ?

 

Rumeurs et hypothèses courent dans les rues dans la capitale libanaise. Sur le front du Hezbollah, on émet l’idée que c’est une cyber-attaque israélienne, similaire à celles récemment menées en Iran. Les ennemis du Parti de Dieu, quant à eux, parient sur l’explosion d’ogives de missiles empilées par le Hezbollah sur un site adjacent à l’entrepôt 12. D’autres encore émettent l’hypothèse d’une tentative de mettre la main sur la cargaison de nitrate d’ammonium en vue d’une prochaine attaque contre l’Etat juif. Jusqu’aux rumeurs selon lesquelles l’intervention « non qualifiée » du Hezbollah est nécessaire pour allumer la mèche et ensuite accuser Israël.

« Des rumeurs et des hypothèses, explique un journaliste du quotidien Il Giornale, alimentées par l’imminence de la sentence du procès Hariri, reportée hier seulement, qui pourrait voir la condamnation par contumace des militants du Parti de Dieu accusés de l’attentat qui a coûté la vie au premier ministre libanais il y a 15 ans. (…)

Derrière la négligence qui a permis aux juges et aux autorités d’oublier 2 750 tonnes de nitrate de potassium se cache la corruption d’un système qui, depuis trente ans, répartit les pouvoirs, le confort et la richesse de manière strictement sectaire. La nécessité de choisir un président chrétien entouré d’un premier ministre sunnite et d’un président du parlement chiite a abouti à une répartition symétrique des ressources, de la richesse et des fonctions publiques. Et cela explique pourquoi, en l’absence d’une responsabilité spécifique ou d’un pot-de-vin adéquat, personne n’a pris la peine de faire disparaître une menace mortelle du cœur de Beyrouth. (…)

Le massacre de lundi prend forme sur le scénario d’une énième dégradation déclenchée il y a deux ans lorsque le prince héritier Mohammed ben Salmane a définitivement bloqué la circulation des capitaux saoudiens en plaçant ainsi dos au mur un Premier ministre Saad Hariri peu disposé à une confrontation frontale avec l’Iran et Hezbollah. L’effondrement du prix du pétrole et les sanctions américaines à Téhéran ont fait le reste, laissant un Parti de Dieu chiite en sous-vêtements qui, après avoir sacrifié ressources et militants dans la guerre syrienne, espérait les bénéfices garantis par les ayatollahs iraniens. Dissous les dollars de Riyad et de Téhéran, de l’ancien système sectaire seules les inégalités et injustices aggravées et exacerbées, ces derniers mois, par la nouvelle crise déclenchée par le Coronavirus sont restées debout. Dans ce scénario, Beyrouth mortellement blessée par l’énorme explosion de lundi risque de sombrer non pas sous les coups du Hezbollah ou des militants sunnites, mais de ceux qui se retrouvent affamés à cause des détournements de fonds garantis et autorisés par les deux éternels ennemis. »

Francesca de Villasmundo

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