Exposition Sur les rives du fleuve Amour : une Mission au nord de la Chine

En 1838, le Pape Grégoire XVI établit la mission pour la Mandchourie et la confie aux Missions Étrangères de Paris. Ce vicariat s’étend de la péninsule du Liaodong jusqu’à l’embouchure du fleuve Amour, et est limité à l’ouest par la mission de Mongolie et à l’est par la Corée et le Japon. La mission de Mandchourie s’implante sur un vaste territoire aux conditions de vie difficiles, souvent en proie aux conflits politiques et sociaux. La région est habitée de manière inégale, et des villes, des villages et des installations sédentaires ou semi-sédentaires s’y côtoient. Loin de décourager les missionnaires, cette terre lointaine et inconnue devient un symbole pour mesurer leur foi.

Cette exposition propose de suivre cette entreprise missionnaire dans un parcours en trois temps.

Le voyage comme rite de passage : parvenir jusqu’en Mandchourie

Le voyage de ces prêtres jusqu’à la Mandchourie constitue le point d’entrée dans l’exposition. Les missionnaires naviguent jusqu’à la Chine, et cette traversée constitue la première véritable rupture pour les missionnaires qui quittent alors tout ce qu’ils connaissent. Pendant le voyage, ils s’essayent à la mission auprès des matelots, apprennent à cohabiter avec des personnes d’origine et de mœurs variées et font face aux aléas parfois catastrophiques du voyage. En outre, c’est aussi pendant la traversée que les missionnaires sont confrontés réellement pour la première fois à l’Ailleurs. Cette découverte se poursuit à leur arrivée en Chine, où, selon les époques, se pose la question du voyage vers le nord : se grimer pour passer inaperçus dans un pays peu favorable à leur présence ou se reposer sur des réseaux de Chrétiens locaux, au risque de s’exposer à la colère des autorités. Arrivés en Mandchourie, les missionnaires découvrent un territoire chinois, certes, mais avant tout mandchou. Ils ont sous les yeux un paysage différent de ce qu’ils connaissent en Europe, mais aussi du reste de la Chine : de grands espaces de désert, de taïga, de montagne et de forêt s’étendent tout autour de petites enclaves urbaines. De nombreuses populations s’y côtoient, ne parlent pas toujours la même langue et ne partagent pas les mêmes modes de vie.

La Mandchourie « sauvage » : observer les populations locales

La deuxième partie se concentre sur comment les missionnaires perçoivent les territoires et les populations au prisme des représentations collectives de l’époque. Dans leurs récits, les missionnaires décrivent ces « Autres » qu’ils rencontrent. Les missionnaires se font ethnographes et même cartographes. La première carte réaliste de la Mandchourie méridionale est réalisée par Mgr Guillon, évêque d’Euménie, en 1894.

La rencontre des cultures : définir sa place dans le monde

Finalement, ce parcours se termine sur la place politique des missionnaires au cœur de cette Mandchourie changeante. Au XIXe siècle, c’est une région en pleine mutation, à la croisée des empires occidentaux, russe, japonais et chinois. Divers conflits modifient radicalement les frontières et surtout, les pouvoirs politiques auxquels font face les missionnaires. Ces derniers doivent alors négocier leur place afin de maintenir la mission – une mission dont les frontières sur le papier, elles, ne bougent pas. Leurs écrits tiennent alors une place politique en Europe. Ils sont des objets de mémoire lorsque certains meurent en martyre. Mais ces écrits permettent aussi d’inscrire la mission de Mandchourie sur la scène mondiale des missions et de la colonisation. Cette posture les pousse alors à dépeindre ces « Autres » et cet Ailleurs, et c’est ce que cette exposition tentera de comprendre.

Sang de martyrs

Cette exposition est aussi l’occasion de rappeler qu’un grand nombre de ces missionnaires sont morts en martyrs. Interdits dans la région jusqu’en 1860, ils sont chassés, torturés, mis à mort. En marge de l’exposition, le visiteur pourra descendre dans la crypte de l’église des Missions étrangères et découvrir quelques souvenirs de missionnaires martyrs, tels le père Idiart-Alhor, décapité dans son église au Vietnam en 1848 et quelques autres religieux qui ont donné leur vie pour porter le message du Christ.

A l’origine de l’exposition

Anne Dalles-Maréchal est docteure en anthropologie religieuse et histoire des religions de l’EPHE. Elle enseigne à l’université de Saint-Etienne-Jean Monet et s’intéresse tout particulièrement aux missions chrétiennes et aux conversions aux Christianismes depuis 1840. Depuis 2021, elle travaille précisément sur les missions chrétiennes en Mandchourie, entre 1838 (date de la création du vicariat catholique des Missions Étrangères de Paris) et 1949 (création de la République populaire de Chine) dans une perspective anthropologique et historique.

Lieu :

Missions étrangères de Paris, 128 rue du Bac, 75007 Paris

Jusqu’au 18 novembre 2023, du mardi au samedi, de 10h à 18h. Entrée libre

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