Jocaste, héroïne de la mythologie grecque, est la sœur de Créon, roi de Thèbes. Elle est d’abord la femme  du sinistre Laïos, prédécesseur de Créon, et la mère du tristement célèbre Œdipe. Par un oracle de la Pythie de Delphes, Laïos est averti que s’il a un héritier mâle, ce dernier le tuerait puis épouserait sa mère. Laïos épouse Jocaste mais, sensible à l’oracle, s’abstient de consommer ses noces jusqu’au jour où, ivre, ce qui devait arriver arriva… Un enfant naît de leur union : Œdipe. Longtemps après, Œdipe accomplit par méprise le parricide puis, par méprise encore, épouse sa mère dont il aura quatre enfants. La malheureuse apprend un jour la vérité sur son fils et sa relation incestueuse avec lui, et se pend pour conjurer cette malédiction tellurique…

Cette histoire compliquée, où l’effroi, dans le mythe, conjugue la faiblesse à la méprise, la méprise au parricide et le parricide à l’inceste, devait servir de leçon à une société grecque confrontée au désordre des mœurs. Le théâtre grec utilise le mythe, le met en scène puis en acte, dans le but de signifier le réel, de le corriger peut-être, mais non de le moquer.

Des Jocaste, il y en eut d’autres dans l’histoire de l’humanité : des femmes trahies, des femmes trompées, des femmes déshonorées, des femmes humiliées. Et il y en aura d’autres et d’autres encore, car les hommes sont ainsi faits que leur conditionnement de pécheurs les dispose plus au déshonneur qu’à l’honneur. Dieu le sait, qui chaque jour s’expose au flagrum des fautes humaines et en attend le repentir.

Par extension, Jocaste peut devenir une instance, une société, une nation ou, tout simplement, une famille. Et chacune d’elles peut se voir trahie par les siens, car l’on n’est jamais trahi que par les siens.

La famille de la Fraternité Saint-Pie X n’échappe pas à cette triste réalité. La défection de ses prêtres est une humiliation et un déshonneur récurrents qui frappe cette famille pour des motifs rarement solides. Déjà, le fondateur de la famille lui-même fut confronté à l’abandon de nombre d’entre eux et à différentes périodes de la vie de celle-ci. Mais la ligne de crête définie alors pour garder l’équilibre familial n’était pas en soi un motif de rupture.

Aujourd’hui, ce que l’on observe, c’est que le penchant vers les conciliaires travaille de plus en plus l’esprit des prêtres les plus jeunes, attirés par le champ apostolique gigantesque laissé en friche par les conciliaires eux-mêmes. Si ce champ apostolique existe bien réellement, il est à la portée du prêtre de la Fraternité sans qu’il lui faille déserter les rangs de la famille. Le champ d’en face est vide de bons serviteurs, il lui suffit de l’aborder, lui, en bon serviteur. L’attirance pour la vie diocésaine dans l’état calamiteux dans lequel l’expose l’épiscopat contemporain et surtout le pontificat actuel est une aberration pour le prêtre formé à Ecône à moins que celui-ci ne soit passé par ses rangs sans aucun gage de certitude ni de respect pour ses engagements futurs. Dans ce cas, comme dans le mythe grec évoqué plus haut, ce prêtre conjugue la faiblesse à la méprise et la méprise au parricide. Trahir son serment antimoderniste, trahir les siens, se tromper sur soi-même durant les six années de séminaires relève de l’effroi dont fut victime la mythique Jocaste.

Mais il ne faudrait pas s’inquiéter de la défaillance de ces jeunes prêtres sans omettre la responsabilité des supérieurs qui les guident et les forment au long de leurs études au séminaire ni de ceux, dont le Supérieur Général actuel, qui les ordonnent au sacerdoce. Car, l’orientation ralliériste qui s’exprime depuis quelques années chez les maîtres, et qui relève de la plus haute trahison sous l’actuel pontificat, explique la confusion intellectuelle et donc disciplinaire de ces serviteurs attirés par la désertion : le maître incline tout le corps vers le conciliarisme et ceux qui le quittent deviennent en quelque sorte les éclaireurs de ce mouvement de tête.

Or, le salut des âmes ne passe pas par le déshonneur de la main qui les bénit. Tôt ou tard le déshonneur emporte tout. Le salut reste attaché au serment du combat de la foi, au prix même du sacrifice humain, de son renoncement à la tentation de rejoindre le camp d’en face pour y réaliser le défrichement. Le maître, sur la terre qu’il foule, doit former un bon disciple et le disciple former un bon fidèle. Cette logique, toute simple, devrait dominer l’ensemble du corps familial.

Jocaste souffre encore de la faiblesse du roi de Thèbes. Elle souffre de la méprise et du désastre qui en découlèrent. Œdipe était perdu, il perdit et condamna sa mère à son tour. Comme Jocaste, la FSSPX souffre de la même méprise de ses enfants augmentée de la tromperie de certains de ses clercs. C’est à l’effroi de la perte par la dislocation de la famille qu’elle s’expose. Car le camp d’en face est une redoutable machine à broyer les esprits. Il ne se laisse ni toucher ni convaincre. Il est, lui, le séducteur de l’amour, fût-il illégitime ; de la miséricorde, fût-elle sans repentir. Il est le promoteur insatiable de la facilité, de la relativité, de l’inventivité doctrinale la plus farfelue, et liturgique la plus profanatrice. Bref, il est l’artisan du désordre ecclésiastique intégral.

Dans le mythe, rappelons-le, Jocaste – comme Judas -, finit par se pendre !

Gilles Colroy

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