Des manifestants serbes contre la KFOR au Kosovo
Des manifestants serbes contre la KFOR au Kosovo

La tension monte entre Serbes et Kosovars en raison des nouveaux maires kosovars élus lors des dernières élections d’avril boycottées par la majorité de la population serbe. Dans ces municipalités à majorité serbe, les représentants des minorités ont été élus avec des pourcentages de participation très faibles. Dès leur prise de fonction, les Serbes ont entamé une série de manifestations contre le gouvernement kosovar. La poudrière des Balkans s’enflamme.

La tension entre Belgrade et Pristina est élevée

Bien que le conflit dans les Balkans ait pris fin depuis un certain temps, 1999, la tension reste élevée entre Belgrade et Pristina, le Kosovo étant un territoire au statut contesté par la Serbie. Cœur historique de la nation serbe, Belgrade le considère comme une province autonome mais non comme un Etat souverain. Ce furent les terribles bombardements de l’OTAN en Serbie en 1999 qui permirent au Kosovo d’exister séparément de la Serbie.

Tout s’enflamme à nouveau dans cette poudrière des Balkans avec les protestations des Serbes du nord du Kosovo contre les nouveaux maires élus lors des dernières élections d’avril boycottées par la majorité de la population. Cela signifie que dans ces municipalités à majorité serbe, les représentants des minorités kosovares ont été élus avec des pourcentages de participation très faibles. Dès leur prise de fonction, les Serbes ont entamé une série de manifestations contre le gouvernement kosovar, auxquelles la police albanaise de Pristina a répondu par des gaz lacrymogènes et des charges. Les affrontements se sont produits après que la police du Kosovo a occupé les bâtiments municipaux des quatre municipalités, Zvecan, Zubin Potok, Leposavic et North Mitrovica, dans la région à majorité serbe du Kosovo. De tels gestes étaient perçus par la population d’origine serbe comme une tentative de limiter toute forme d’autonomie locale.

La Serbie, qui se considère comme la protectrice de la minorité du nord du Kosovo, a envoyé des troupes à la frontière, mettant l’armée en état d’alerte maximale. Srpska Lista, le parti représentant les Serbes du nord du Kosovo, a directement demandé au président serbe Aleksandar Vucic de mettre fin à tout dialogue avec le gouvernement de Pristina jusqu’à ce que ce dernier retire toutes les unités spéciales de la police. Parmi les diverses conditions, les Serbes demandent également l’arrêt immédiat du travail des maires élus par les seules minorités albanaises, ne reconnaissant pas leur autorité.

Les autorités kosovares à l’origine du regain de tension

L’OTAN et les puissances occidentales continuent de faire pression pour que la paix revienne au Kosovo. La porte-parole de l’Alliance, Oana Lungescu, a exhorté « les institutions du Kosovo à réduire immédiatement la tension » et a demandé à toutes les parties impliquées dans les tensions dans le nord du pays « de résoudre la situation par le dialogue ». « Nous condamnons la décision de Pristina de forcer l’accès aux bâtiments municipaux dans le nord du Kosovo, malgré notre appel à la retenue : nous demandons aux autorités kosovares de prendre immédiatement du recul et de désamorcer les tensions et de se coordonner étroitement avec EULEX et la KFOR. Nous condamnons les attaques contre l’EULEX à Zvecan », ont écrit la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis dans un communiqué commun, se disant également « préoccupés par la décision de la Serbie d’augmenter le niveau de préparation de ses forces armées à la frontière avec le Kosovo et nous appelons toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue, en évitant la rhétorique incendiaire ».

La mission KFOR, envoyée par l’OTAN, est accusée cependant de ne pas avoir protégé la minorité serbe selon les propos du président serbe Vucic. 30 soldats de la KFOR, dont 11 italiens, ont été blessés hier lors d’affrontements avec la population locale.

L’OTAN a ainsi décidé de déployer 700 soldats supplémentaires au Kosovo. C’est ce qu’a annoncé le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. « Le déploiement de forces supplémentaires est une mesure prudente pour s’assurer que la KFOR dispose de la capacité nécessaire pour maintenir la sécurité conformément à notre mandat du Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré dans un communiqué l’amiral Stuart B. Munsch, chef du Commandement des forces interarmées alliées à Naples.

L’OTAN et les puissances occidentales ont créé les conditions de cette nouvelle crise balkanique

Ce regain de tension a inévitablement des répercussions au niveau international également. Les puissances occidentales impliquées dans le fragile cosmos des Balkans ont déjà fait entendre à Pristina, et en particulier à ses plus hautes autorités, le président Vjosa Osmani et le Premier ministre Albin Kurti, qu’elles jugeaient excessives les méthodes utilisées par le gouvernement pour arrêter les manifestations dans les quatre municipalités du nord. Les critiques ont également atteint Belgrade, où Vucic utilise également la carte des Serbes du Kosovo comme outil politique. Mais le concept exprimé par tout l’Occident est d’éviter toute réactivation du conflit entre les deux pays alors qu’ils tentent de parvenir à un accord qui apparaît déjà extrêmement fragile avec beaucoup de difficulté. La Russie qui a toujours été un allié de la Serbie a également critiqué le gouvernement kosovar.

Moscou a également accusé non seulement Pristina, mais aussi les États-Unis et l’Union européenne d’avoir en quelque sorte créé les conditions pour que les autorités du Kosovo se sentent autorisées à intervenir.

L’OTAN, Washington et les différentes chancelleries impliquées dans les Balkans semblent pour l’instant vouloir éviter des tensions susceptibles de déboucher sur quelque chose de dangereux dans un moment de crise déjà énorme entre la Russie et l’Occident. Il se pourrait cependant qu’ouvrir un nouveau front pour la Russie qui se sentirait obligée d’aller aider son allié serbe soit dans les plans stratégiques de l’OTAN, embourbée sans signe de victoire probant dans le chaos ukrainien.

Francesca de Villasmundo

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