On ne sait plus très bien où la fronde des prélats conservateurs a commencé… Sans doute avec la persécution des Franciscains de l’Immaculée, sous le pape François, jugés trop traditionnels, mais il semble que ce soit la position du cardinal Kasper soutenue par le pape François, lors du synode de la famille en février 2014, qui a mis le feu aux poudres.
Va-t-on vers une « scission de l’Eglise » suivant le terme employé par Mgr Athanasius Schneider ?
Cette question en soulève une autre : quand se situerait, selon les frondeurs, cette scission ? Au concile Vatican II ? Telle qu’elle a déjà été dénoncée par Mgr Lefebvre ? Ou bien à l’avènement du pape François ? Ne s’agirait-il, en fin de compte, que d’un schisme qui divise les partisans du Concile (les conciliaires) entre eux ? La réponse reste très floue. L’annonce d’un livre écrit par 5 cardinaux sur l’un des sujets les plus brûlants: la communion aux divorcés-remariés, devrait peut-être permettre d’y voir plus clair.
Et d’ailleurs la barrière entre les prélats frondeurs est-elle nette ? Rien n’est moins sûr! Sans doute y a-t-il entre un Mgr Athanasius et un Mgr Müller, tous les deux frondeurs, de nombreuses différences d’appréciation.
Cette fronde s’est donc manifestée au cours du consistoire sur la famille, de deux jours, qui a rassemblé en février dernier 150 cardinaux du monde entier, pour préparer le consistoire des évêques qui « aura lieu du 5 au 19 octobre 2014 sur le thème : « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». »
Au cours de ce synode, le cardinal Walter Kasper va prononcer le discours d’introduction qui va être l’étincelle de la discorde. Le grand thème de ce consistoire étant « La diversité des situations familiales contemporaines », dont François a fait de la réponse « la grande affaire de son pontificat », ainsi qu’il l’a dit. Il s’agit, ni plus, ni moins, que de débattre du traditionnel refus de la communion aux-divorcés-remariés, dont la remise en question a été présentée par le cardinal Kasper avec les encouragements de François.
Face a lui s’est levé de façon inattendue, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui avait pourtant demandé à la FSSPX de reconnaître le Concile et le Magistère Ordinaire Universel des papes post-conciliaires, tout comme Benoît XVI. Or, c’est ce même cardinal, qui pourfend avec fermeté, dans son nouveau livre: La Speranza della famiglia (« L’espérance de la famille »), ceux qui souhaiteraient voir évoluer la doctrine de l’Église sur les divorcés remariés.
Quelque temps après lui c’est Mgr Athanasius Schneider qui stigmatise le tournant pris par l’Eglise , non seulement à propos des divorcés-remariés, mais aussi à propos de l’Eucharistie. Ce prélat ne craint pas d’envisager « une scission de l’Eglise »:
« je crois qu’il y aura une scission intérieure au sein de l’Église de ceux qui sont fidèles à la foi de leur baptême et de l’intégrité de la foi catholique. Il y aura une scission avec ceux qui endossent l’esprit de ce monde et il y aura une scission claire, je crois. (…) Mais les portes de l’enfer, i.e. l’hérésie, ne prévaudront pas contre (…). Alors certains »libéraux » et plusieurs collaborateurs avec l’esprit du monde (…) quitteront l’Église. (…) Je peux présumer qu’une telle séparation affectera chaque niveau de catholiques: laïques et sans exclure même des membres de haut rang au sein du clergé..» (…)
Nous sommes dans cette crise depuis 50 ans. (…) Néanmoins, nous avons toute la beauté des vérités divines, de l’amour et de la grâce divins dans l’Église. Personne ne peut nous enlever cela, aucun synode, aucun évêque, même un Pape ne peut nous enlever le trésor et la beauté de la foi catholique, du Jésus Eucharistique, des Sacrements. La doctrine immuable, les principes liturgiques immuables et la sainteté de vie constituent le vrai pouvoir de l’Église.«
Où est le problème ? Le Concile Vatican II ou la doctrine du pape François ?
Mgr Burke, à son tour est entré dans le débat public en préfaçant le livre de Mgr Schneider: Corpus Christi.
Il y fait une référence appuyée à l’herméneutique de la continuité dans la Tradition selon Benoît XVI. Or cette herméneutique de la continuité telle que l’entend Benoît XVI demande une adhésion complète à Vatican II…
A quand remonte la crise selon Mgr Burke ? A François ou à Vatican II ? Mgr Schneider partage-t-il cette « herméneutique de la continuité » chère au pape démissionnaire ?
Bien d’autres encore se sont plus ou moins clairement positionnés parmi les prélats sans même parler des laïcs. Terminons cette revue par la lettre du cardinal Brandmüller qui n’hésite pas à corriger le pape sur le célibat des prêtres pour en démontrer la fondation biblique:
« Il est intéressant de constater, écrit-il, que la contestation du précepte établissant le célibat s’est toujours manifestée dans les moments où apparaissaient des signes de décadence au sein de l’Église, tandis que l’observance du célibat se renforçait dans les périodes où la foi connaissait un regain de vigueur et où la culture était florissante.
Et il n’est certes pas difficile d’établir des parallèles entre ces observations historiques et la crise actuelle. »
A quand remonte donc la crise selon Mgr Brandmuller ?
On le voit, entre les libéraux et les conservateurs la guerre est déclarée… Reste à définir si ces conservateurs sont traditionnels ? Cela dépend du moment auquel ces conservateurs entendent faire remonter la rupture de la Tradition. Se cantonnent-ils à contester François en se référant à Benoît XVI ?
Or dans l’étrange théologie de Benoît XVI , Mgr Tissier de Mallerais démontre que celui-ci a été un pape purement moderniste. L’incompatibilité entre la doctrine traditionnelle et le modernisme a été solennellement condamnée par Pie X dans son encyclique « Pascendi« : « le modernisme est l’égout collecteur de toutes les hérésies », a notamment martelé le saint pape.
Comment dans ce cas se référer à la Tradition et à Benoît XVI en même temps ? Il faudra sans doute encore du temps pour comprendre si cette fronde n’est qu’un feu de paille allumé par les partisans du pape démissionnaire, Benoît XVI, contre les extravagances du pape régnant, François ? Ou bien s’il s’agit d’un mouvement de fond qui entend traquer l’erreur jusqu’à remonter à sa racine pour l’extirper ? Les évêques du XXIème siècle seront-ils plus clairvoyants que ceux du XXème lorsqu’aux lendemains de Vatican II Mgr Lefebvre s’est retrouvé seul contre tous ?
Emilie Defresne
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l’assassinat de la mémoire a commencé sous la III éme république avec le bourrage de crâne républicain.
C’est la révolution culturelle. Destruction de la mémoire du passé, annihilation de toute trace de civilisation avec l’application de la terreur (pornographie violente gratuite sur internet pour en démultiplier les effets par rapport à la révolution française). La Sainte Vierge a annoncé que nous vivions le combat de la fin, entre nous et le démon. Il écorchera le talon mais il ne gagnera pas.
En Ukraine, ils enlèvent les statues mais une est prise à Manchester : http://www.atlasobscura.com/articles/friedrich-engels-statue-communism-manchester-ukraine
C’est très symbolique. Les gens à l’Ouest ont une mentalité communiste (allocs, grèves) et il suffit de regarder les noms d’une ville pour savoir dans quel guêpier on se trouve.
Il est assez symbolique également que ‘antifascistes’ étaient le nom donné aux communistes contre leurs opposants pendant la construction du mur de Berlin. On assiste à la construction d’un nouveau mur dont personne ne pourra s’échapper comme nous a prévenu Sarkozy.
il s’ agit de détruire la mémoire des nations chrétiennes pour commencer; ensuite de détruire ces nations elles mêmes;
des nations qui ont choisi de se suicider, en reniant leurs valeurs.
c’est la Révolution nietzschéo-nihiliste de la « mort de Dieu ».
le remède : imiter Israël qui défend bec et ongles sa Mémoire à nulle autre pareille ,ses valeurs juives, sa race élue, sa Terre Promise, pour affirmer son identité, sa volonté de puissance et de domination.
c’est le prolongement de la démarche d’acculturation menée par les États et la gauche depuis plus de 50 ans. L’aboutissement ultime, bien vu par Orwell dès 1948, c’est un monde d’individus isolés au sein d’une dictature où l’histoire sera réécrite en fonction des besoins de cette dictature et où les individus fonctionneront à l’affect et sous la contrainte.
Il me semble qu’il serait plus honnête de garder l’ensemble. Pétain, Matin Luther King, Franco et d’autres ce sont tous des personnages historiques. Un de mes professeurs me disait un scientifique n’est ni de droite ni de gauche. Il est dans l’axe. J’aimerai qu’il en soit de même pour les historiens.
L’histoire est malheureusement une science sociale dont le but est d’éclairer l’action des vivants donc elle est nécessairement orientée, même si ça nous choque et même si personne ne l’admet. Elle ne devient scientifique que lorsqu’elle n’a plus d’influence sur le présent.
Par exemple nous somme persuadés que l’Allemagne nous a déclaré la guerre trois fois alors que c’est le contraire dans deux cas sur trois 70 et en 39.