Dévoilé le 17 juin 2019, l’Instrumentum laboris (le document de travail) en trois parties et 147 paragraphes guidera les travaux des Pères synodaux réunis au Vatican du 7 au 28 octobre pour le synode sur l’Amazonie : « Amazonie : nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale » est son titre.

Décliné en trois parties, cet instrument de travail s’inspire des « trois conversions auxquelles nous invite le pape François : la conversion pastorale à laquelle il nous appelle à travers l’exhortation Evangelii gaudium (voir-écouter) , la conversion écologique à travers l’encyclique Laudato Si qui oriente le chemin (juger-agir), et la conversion à la synodalité ecclésiale à travers la constitution apostolique Episcopalis Communio qui structure le cheminement ensemble (juger-agir) ».

Ce langage hermétique est l’expression d’une pensée révolutionnaire et naturaliste qui se traduit en pratique par trois thèmes principaux, futurs axes de réflexion des évêques réunis en synode : « la voix de l’Amazonie », « le cri de la terre et des pauvres » et « l’Église prophétique en Amazonie: défis et espérances ».

Avec ce synode, le Vatican bergoglien veut promouvoir une « Église ‘en sortie’ qui laisse derrière elle une tradition coloniale monoculturelle, cléricale et fiscale » pour s’ouvrir à l’inculturation à travers des suggestions concrètes indiquées par le document : l’utilisation de rites, symboles et styles célébrés dans la culture indigène « dans le rituel liturgique et sacramentel », la promotion de « vocation autochtones », la nécessité de « dépasser la rigidité d’une discipline » sacramentelle « qui exclut et éloigne », l’opportunité de changer « les critères de sélection et de préparation des ministres autorisés » à célébrer l’Eucharistie, « la possibilité d’ordinations sacerdotale d’anciens, de préférence indigènes » (les viri probati) ainsi que l’appréciation du « type de ministère officiel qui peut être conféré aux femmes ». A partir des pauvres et du soin du créé, « s’ouvrent de nouveaux chemins pour l’Église locale qui s’élargissent à l’Église universelle ».

En clair, les prélats palabreront de l’engagement de l’Église conciliaire auprès des populations indigènes à travers la défense de leurs droits humains et l’inculturation, dont le document de travail en rappelle la source doctrinale, le concile Vatican II. LInstrumentum laboris ponctue son propos de l’inévitable culpabilisation de l’Église du passé qui «  a été parfois complice des colonisateurs et qui a donc suffoqué la voix prophétique de l’Évangile », condamnation mise en opposition à un « pape François qui a demandé ‘humblement pardon non seulement pour les offenses de sa propre Église mais pour les crimes contre les populations indigènes durant la soi-disant conquête de l’Amérique‘ ». Accusation déloyale s’il en est, les papes ayant constamment rappelé aux catholiques les règles de la charité envers les indigènes, il suffit pour s’en convaincre de relire la lettre Immensa pastorum, du Benoît XIV du 22 décembre 1741 ou la lettre Lacrimabili statu de saint Pie X, elles témoignent toutes deux de l’œuvre civilisatrice de l’Église catholique en ces régions d’Amériques du Sud et de sa mansuétude envers les peuples indigènes.

Le deuxième thème du document de travail est tout aussi naturaliste et anthropocentriste que le premier. Pour les rédacteurs, la mission de l’Église contemporaine en Amazonie doit se concentrer en tout premier sur « l’écologie intégrale » et les problèmes humains, socio-politiques, écologiques et naturels certes réels de l’Amazonie, ce poumon de la terre source de convoitises multiples. Et pour bien mener « cette conversion écologique intégrale urgente », lInstrumentum laboris « préconise une église comme institution de service non auto-référentiel, coresponsable dans la sauvegarde de la maison commune et dans la défense des droits des peuples ».

Le troisième axe du Synode sera consacré aux implications pour l’Église dédiées aux « défis et espérances » pour une « Église au visage amazonien et missionnaire » parce que, peut-on lire, « le visage amazonien de l’Église trouve son expression dans la pluralité de ses peuples, cultures et éco-systèmes » et dans l’abandon « de la tradition coloniale, cléricale et fiscale ». « Parfois il y a une tendance, est-il écrit dans le document, à imposer une culture étrangère à l’Amazonie qui nous empêche de comprendre ses peuples et d’apprécier leurs cosmovisions. » A partir le là, l’Instrumentum laboris décline une « liturgie inculturée » et un dépassement « de la rigidité » de la discipline sacramentelle. Le document, en citant Ecclesia de Eucharistia de Jean-Paul II, affirme « qu’au lieu de laisser la communauté sans l’Eucharistie, il faut changer les critères de sélections et de préparation des ministres autorisés à la célébrer ». Ainsi ce document, sous couvert de venir en aide aux communautés autochtones privées de prêtres et en s’appuyant sur les écrits d’un pape conciliaire, ouvre la porte à l’ordination sacerdotale des hommes mariés.

« En affirmant que le célibat est un don pour l’Église, on demande que pour les zones les plus reculées de la région, soit étudiée la possibilité d’ordonner prêtres des anciens, de préférence indigènes, respectés et acceptés par leur communauté, même s’ils peuvent avoir déjà une famille constituée et établie, et cela afin d’assurer les sacrements qui accompagnent et soutiennent la vie chrétienne. Il faut aussi apprécier quel type de ministère officiel peut être conférer aux femmes, en tenant compte du rôle central qu’elles ont aujourd’hui dans l’Église amazonienne. »

Le document propose aussi « de garantir aux femmes leur leadership ainsi que des espaces toujours plus amples et reliés au domaine de la formation : théologie, catéchèse, liturgie, et écoles de foi et de politique ».

L’Instrumentum laboris se conclut sur une allusion aux « martyrs amazoniens » : “L’Eglise ne peut rester indifférente à tout ceci : au contraire, elle doit soutenir la protection des défenseurs des droits humains et rappeler ses martyrs, dont des femmes leaders comme sœur Dorothy Stang » assassinée pour avoir combattu la déforestation amazonienne et les droits des indigènes ! A la nouvelle religion issue du concile Vatican II, il faut bien, après avoir institué de nouveaux sacrements, une nouvelle liturgie, un nouveau droit canon, un nouveau catéchisme, de nouveaux « martyrs », les martyrs de la cause des droits de l’homme…

Qu’on se le dise : se croyant catholique, ce prochain synode sur l’Amazonie ne sera qu’une énième conférence humanitariste à la mode onusienne et droits-de-l’hommiste, sous-tendu, inspiré, par une idéologie proprement occidentale tant féministe qu’égalitariste, un comble pour un synode qui se veut défenseur de la culture indigène amazonienne !

Ce sera surtout un pas supplémentaire de la révolution bergoglienne, elle-même fille de la révolution conciliaire et de son évolutionnisme tant dogmatique que disciplinaire.

Francesca de Villasmundo

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