Le 25 février dernier, la presse du monde entier titrait sur la condamnation, en première instance, du cardinal Pell, secrétaire pour l’économie du Saint-Siège, soit le numéro trois du Vatican.

Jugement médiatique ? Jugement anti-catholique ? Ce sont les questions que se posent de nombreux journalistes de quotidiens catholiques au lendemain du jugement rendu contre le cardinal Pell reconnu coupable par un tribunal australien d’avoir commis des « abus sexuels » sur des enfants de chœur.

Ces journalistes, à contre-courant des conclusions de culpabilité pré-déterminées publiées par les médias mainstream depuis des années, ont pointé du doigt, à travers des études fouillées des procès auxquels a été soumis le cardinal australien, les dysfonctionnements de la justice australienne et les carences de preuves tangibles du côté de l’accusation.

Le site Infovaticana, sous la plume de Carlos Esteban, a édité le 26 février dernier, un article qui résume globalement les objections tant des soutiens du cardinal que des journalistes indépendants face à ce procès qualifié « de lynchage médiatique » :

« Le verdict de culpabilité contre le cardinal Pell en Australie, qui fera l’objet d’un appel, soulève de sérieuses questions quant à la pression médiatique dans les procès pour pédophilie cléricale.

Dans le procès qu’il a subi en Australie, le cardinal George Pell a été reconnu coupable de sévices infligés aux enfants plusieurs décennies auparavant. Il est le prélat de rang le plus élevé dans cette situation. Cependant Pell, qui a toujours clamé son innocence, interjettera appel, et les témoins de l’affaire, comme le journaliste Ed Condon de l’Agence de Presse Catholique (CNA), suggèrent qu’il s’agit un lynchage judiciaire.

‘Le cardinal George Pell a toujours maintenu son innocence et continue de le faire’, a déclaré l’avocat de M. Pell dans un communiqué de presse, dans lequel il a souligné le fait important que toutes les accusations portées – cinq en tout – sauf celle pour laquelle il a finalement été reconnu coupable ont été abandonnées ou rejetées, et a annoncé qu’un appel a déjà été demandé.

Il a été difficile de rendre compte des vicissitudes de ce procès, les autorités judiciaires australiennes ayant appliqué un bâillon empêchant toute communication à ce sujet. Mais le canoniste et journaliste Ed Condon, de l’Agence de presse catholique (CNA), a réussi à contourner l’interdiction en ne diffusant pas ses informations sur le territoire australien, et sa chronique raconte une histoire étrange.

Le National Catholic Register a également appris de sources proches du tribunal que ‘tout le monde dans le procès a vu à quel point les preuves présentées étaient faibles’. Selon la même source, le procès n’était rien de plus qu’‘un acte de malveillance scandaleux perpétré par un jury plein de préjugés. Il a été condamné il y a longtemps par la presse devant le tribunal de l’opinion publique, et il n’a pas bénéficié d’un procès équitable.’

Mais si la faiblesse de la preuve a joué en faveur du cardinal, son refus de siéger sur le banc pour être interrogé a probablement fait mauvaise impression. Pell, pour sa part, n’a cessé de déclarer son innocence, affirmant que la maltraitance des enfants est un crime particulièrement odieux et que les accusations portées contre lui sont de pure invention. Il s’est également plaint d’avoir été victime d’un procès parallèle impitoyable dans les médias de son pays…

Beaucoup d’amis du Cardinal croient que ce procès a commencé par un verdict de culpabilité à « tarif » réduit, et espèrent que l’issue de l’appel sera l’inverse et que le prélat australien sera innocenté. Le biographe du pape George Weigel, l’ami personnel de Pell, a fait une critique implacable du procès auprès du Register, dans lequel il a assuré qu’un verdict de culpabilité avait été rendu ‘malgré des preuves accablantes de la défense que ce qui était allégué ne pouvait avoir eu lieu, étant donné la disposition des bâtiments, les circonstances du temps, etc.’ Weigel croit que la décision du jury soulève donc ‘de sérieuses questions sur la question de savoir si un ecclésiastique catholique accusé d’abus sexuel peut bénéficier d’un procès équitable aujourd’hui, quelque part. Et, bien sûr, en Australie‘ un pays qui a souffert d’une vague d’anticléricalisme médiatique. »

Parmi les dysfonctionnement du procès, le quotidien italien La Nuova Bussola Quotidiana rappelle, dans un article du 27 février, qu’un premier jury n’avait pu obtenir un verdict unanime contre Pell en octobre 2018 et que ce fut donc le magistrat qui demanda un nouveau jugement avec un nouveau jury :

« Diverses sources assurent que le premier procès s’était conclu avec un jury 10-2 en faveur de Pell. Il a fallu 3 jours au second jury pour trouver Pell coupable d’avoir abusé de deux choristes dans la sacristie de la cathédrale de Melbourne à une date non spécifiée de la seconde moitié de 1996. »

« La condamnation, souligne encore le journaliste, s’est basée sur un unique témoignage, très controversé. (…) L’accusation a dit que Pell a eu l’opportunité de commettre les crimes. La défense a démontré qu’il était impossible que ces crimes aient pu passer inobservés dans la cathédrale bondée de monde peu de minutes après la messe. (…) La défense a précisé que la sacristie était ‘une ruche bourdonnante’ après la messe, et un enfant de chœur a témoigné qu’il ne se passait pas 30 secondes sans qu’un prêtre, un enfant de chœur ou un fonctionnaire de l’église ne rentre dans la pièce pour remettre en place les calices et le missel d’autel ou aider l’archevêque à enlever ses parements sacrés ou se changer eux-mêmes. »

LNBQ énumère les nombreuses autres preuves apportées par la défense du cardinal Pell prouvant que les accusations étaient « simplement absurdes » et « en définitif, basées sur une pure fantaisie, ou une fiction ou une invention ». Notamment LNBQ signale le problème « de la crédibilité de l’accusateur : âgé de 34 ans, il n’a trouvé aucun témoin pour corroborer ses dires. Et l’autre victime présumée avait dit à ses parents, avant de mourir d’overdose en 2014 qu’il n’avait jamais été violenté quand il était enfant de chœur ».

L’abandon du second procès intenté contre le cardinal Pell dans une affaire similaire, relative à des faits qui seraient advenus dans les années 1970 dans une piscine de Ballarat, la ville du sud de l’Australie dont Mgr Pell est originaire, tout autant bancal quant aux accusations et aux preuves, justifie les soupçons que dans une Australie foncièrement anti-catholique et anti-religieuse, et où les actes pédophiles et « abus sexuels » dans l’éducation nationale, les familles et les salles de sports sont légion, on cherche à tout prix, même contre le sens commun, un coupable catholique de haut rang !

Francesca de Villasmundo

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