Le cardinal français Jean-Louis Tauran est décédé jeudi 5 juillet dans la soirée. Atteint depuis longtemps de la maladie de Parkinson, il se trouvait depuis quelques jours dans une communauté de religieuses franciscaines du Connecticut aux États-Unis pour se soigner.
Âgé de 75 ans, il était un des grands manitous vaticanesques du dialogue interreligieux, mis à la mode par le concile Vatican II. Il était depuis 2007 à la tête du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, nommé à ce poste par le pape Benoît XVI.
Vatican News en fait la nécrologie suivante :
« Ce bordelais licencié en philosophie et en théologie né en 1943 est un des rares cardinaux à avoir étroitement côtoyé et travaillé près des trois derniers papes. C’est sous Jean-Paul II qu’il fait ses premières armes. Entré en 1975 au service de la diplomatie du Saint-Siège, il est conseiller de la nonciature apostolique au Liban, avant d’etre consacré évêque par le Pape polonais au sortir de la guerre froide, en janvier 1991. Mgr Jean-Louis Tauran est alors de suite nommé Secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États. Un poste clé qui permet au polyglotte de 47 ans d’appréhender finement les arcanes diplomatiques mondiales. Il y reste treize ans.
En 2003, Saint Jean Paul II le nomme cette fois à la tête de la prestigieuse bibliothèque apostolique, ainsi qu’à celle des Archives secrètes du Vatican. Il est alors crée cardinal. Quatre années se passent, le Souverain pontife change, et c’est Benoît XVI qui le rappelle aux affaires du monde.
Le Pape allemand lui confie la présidence du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Cette mission délicate au centre de l’échiquier géopolitique prend effet le 1er septembre 2007. »
Ecclésiastique bien ancré dans la pensée conciliaire, il a fait du rapprochement entre religions sa mission primordiale. Il a notamment œuvré à l’entente religieuse avec le monde musulman :
« Pakistan, Iran, Jordanie, Azerbaidjan, les voyages s’ensuivent. Reconnu depuis comme un artisan aguerri du dialogue interreligieux, le cardinal Tauran a ainsi organisé le premier sommet catholique-musulman en septembre 2008 dans la Ville éternelle. Il a aussi œuvré pour le rapprochement entre le Vatican et l’université Al-Azar, prestigieuse institution du monde musulman sunnite. Enfin, tout récemment, au mois d’avril 2018, il avait effectué une visite historique en Arabie Saoudite. Un voyage au cours duquel le Vatican et le royaume saoudien avaient signé un accord de coopération. »
Il a participé et organisé bien des rencontres avec les autres religions dans le but de bâtir une paix mondiale fondée sur une autre pierre que la pierre d’angle qu’est le Christ. Il fut malheureusement de ces « bâtisseurs » interreligieux qui ont « rejeté la pierre d’angle ». L’Évangile rapporte cette phrase du Christ :
« Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : ‘La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !’ Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu’il parlait d’eux. Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète. » (Saint Matthieu 21, 42-46)
Paix à son âme.
Francesca de Villasmundo
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Paix à l’âme de ce combattant de la Foi.
Paix à son âme et courage à ses collègues encore ici-bas, aux cardinaux Burke et Brandmüller.
Il y a d’ailleurs un certain standard grammatique pour les épitaphes :
« Quand le cardinal Caffarra mis à la porte un chœur homosexuel » ; sc. ‹ mit ›.
« Komos du se trouver un autre local » ; sc. ‹ dut ›.
« un accueil d’urgence de personnes à peine arriver » ; sc. ‹ arrivées ›.
« Il ne se privait pas non plus de moucher les bien-pesants de sa ville. » Hélas, c’est le fardeau des bien-pesants.
À part cela :
‹ Ayant archivé le cas d’un spectacle blasphématoire sur la Sainte Vierge avec l’excuse que « l’offense à la Sainte Vierge n’est pas un blasphème parce que la Vierge n’est pas une divinité » le cardinal lui rétorqua ironiquement : que le parquet « fasse son métier et ne s’érige pas en professeur de doctrine ». ›
Cette réplique est magistrale, car le feu cardinal, théologue habile, évite habilement de dire que la Vierge est une divinité, une hérésie prévalente parmi les catholiques traditionnels, y compris sur ce forum. Elle ne reçoit ni la latrie due à Dieu ni la doulie due aux saints, mais l’hyperdoulie (et non pas l’*hypolatrie qui n’a pas d’existence théologique — ou autre). Sanctionner des offenses au sentiment religieux des citoyens est par contre bien un des offices du procureur-en-chef d’une ville.
Merci des corrections grammaticales : que MPI en tienne compte rapidement, car c’est insupportable !
En revanche, je ne vois pas où MPI idolâtre la très sainte Vierge. L’hyperdulie (ou hyperdoulie, comme vous voulez) est une notion très claire dans les milieux catholiques traditionnels, même chez les enfants qui savent très bien faire la différence entre Dieu et Marie.
Selon la formule de saint Bernard, « de Maria numquam satis ». Ce qui dérange quelquefois, mais pourtant ce que Dieu attend de nous envers sa Mère.
Avec mon « parmi les catholiques traditionnels, y compris sur ce forum » je ne voulais pas dire MPI mais seulement certains de ceux qui comme nous deux commentent les articles. (J’ajoute que je parle comme quelqu’un qui a passé six ans dans un internat des Frères Maristes.) En ce qui concerne les enfants, j’ai bien peur qu’ils assimilent Marie à Maman et Dieu à Papa. En ce qui concerne la formule de St Bernard, je ne suis pas d’accord avec lui et je ne vois pas comment un quelconque catholique orthodoxe peut l’être. En ce qui concerne les degrés de vénération, j’avoue que ma translitération de δουλεία (composée ou non) n’est pas orthodoxe, ce que je regrette ; j’accepte bien la translitération latine, mais si je rencontre celle-ci dans un contexte français je suis involontairement tenté de la regarder comme une translitération de *δυλεία. Je vous rappelle que St Bernard ne jouit pas de l’infaillibilité, et voudrais bien apprendre d’où vous dérivez votre confiance magistrale de savoir « ce que Dieu attend de nous envers sa Mère ». Ce qui me dérange (pas « quelquefois »,3 mais toujours), c’est la mariolatrie, matière de peché grave. Quant à la subjectivité (savoir, consentement), c’est à Dieu seul d’en juger ; qu’on se remette donc directement à Lui.
P. S. ‹y› est sans exception grec ; c‘est une lettre grecque employé par les Romains uniquement pour représenter dans leurs emprunts au grec le son [y] (wie frz. ‹u›) qui existe en grec mais pas en latin. Fr. ‹y grec› se rapporte à l’époque post-classique :
Dans le grec tardif (et actuel) se prononcent [i] :
majuscule : Ι, ΕΙ, Η, ΟΙ, Υ (transcription latine I , I, E, Œ et emprunt Y)
minuscule : ι, ει, η, οι, υ (transcription latine i, i, e, œ et emprunt y)
Il faudrait donc plutôt écrire « i grec ».
Il est douloureux de perdre un homme de cette qualité, particulèrement dans un moment où nous avons tant besoin d’hommes comme lui. Qu’il reçoive l’accueil qu’il mérite!
Paix à son âme. N’oublions pas de prier pour nos ennemis comme pour nos amis.
La chorale …était venu frappée sc : la chorale… était venue frapper
La Cardinal avec trois de ses collègues avait demandé au pape d’éclaircir sa fameuse exhortation Laetitia Amoris. Or le pape ne l’a jamais fait alors que c’était son devoir de pape. Cette situation est absolument inédite. Un pape incapable ou ne voulant pas expliquer ses propres texte. C’est proprement maléfique au sens étymologique male faciens, faisant le mal. Ce faisant, il serait bien inspiré de s’en aller.
Un site américain affirme que les deniers mots du cardinal avant de mourir était de supplier le pape d’éclaircir ce fameux texte.
Merci, docteur, je n’avais pas remarqué celle-là.