Le pape François a un ami. Un grand ami, athée, gauchiste patenté. A qui il aime téléphoner pour se confier, lui faire part de ses projets, de sa vision de l’homme, du monde, de Dieu. Cet ami, qui se dit « privilégié par l’amitié de François », c’est Eugenio Scalfari, le fondateur d’un des grands journaux de la gauche italienne, La Republica.

Leur duo marche à merveille depuis le début de ce pontificat : l’un téléphone, lance ses petites bombes révolutionnaires, l’autre écrit, retranscrit pour le monde, choque ainsi le sensus fideï du petit reste catholique…le buzz se fait sur Internet et la pensée du pape se répand sur «la maison commune» ! Il faut bien parfois que le service de presse du Vatican, à travers le Père Lombardi, rectifie le tir face à des propos par trop révolutionnaires, en rassurant le pauvre troupeau et rejetant la faute sur le seul Scalfari qui réinterpréterait à sa manière ces conversations répétées avec Bergoglio. Mais toujours le pape le reprend comme confident téléphonique…

Après le fameux et scandaleux « Et moi, je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n’existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. Et je crois en Jésus Christ, son incarnation. Jésus est mon maître et mon pasteur, mais Dieu, le Père, Abbà, est la lumière et le Créateur. Tel est mon Être. » de François à Scalfari le 1er octobre 2013, voici que le journaliste publie trois articles, étonnants, détonants, au sujet du pape François : le 11 octobre, le 25 octobre et le 1er novembre 2015.  Revient sous la plume de Scalfari, et c’est le nœud, le point fondamental, la trame, ce qu’il entrevoit être la vision de Dieu selon François : « La déclaration – le nœud de la prédication pontificale – que Dieu est unique dans le monde entier même s’il vient décrit et décliner par les différentes confessions à travers les saintes écritures diverses entre elles, est un point fondamental aux conséquences politiques extrêmement importantes. » C’est « la religion de l’Unique Dieu. » écrit-il le 11 octobre.

Une semaine après, le 25, toujours dans La Republica : « La vraie colonne qui soutient toute la politique du pape François est le Dieu unique, une unique Divinité, soutenue par la raison et la foi. Dieu qui gouverne tout et a tout créé et continue à créer incessamment (…) Il n’existe pas et ne peut exister un Dieu propre à chaque religion (…) Donc un Dieu créateur que ses créatures sentent au-dedans d’elles-mêmes parce qu’une étincelle divine existe en chacun de nous et cela n’a pas d’importance qu’on le sache ou pas.(…) Le Dieu unique du pape François est la version la plus haute…C’est un parcours très accidenté, celui de convaincre toutes les religions, la catholique comprise, à la foi en un Dieu unique. Il n’y a pas de baguette magique qui puisse le résoudre. François le sait et il procède pas à pas. Le premier point est une sorte de confédération des diverses confessions chrétiennes qui dans un second temps devront arriver à une unité religieuse retrouvée. Entre-temps amitié avec les autres religions monothéistes et rapprochement avec celles non monothéistes. C’est le scénario. C’est exclu que le pape François puisse le porter à son terme…La bataille interne est sur diverses questions mais la vraie cause est celle-ci : le Dieu unique, les religions unies, même si chacune avec sa propre histoire, sa propre tradition, propres canons et propres écritures. »

Et c’est après ces deux articles à la saveur gnostique, que François «très intéressé par l’article à lui dédié que j’avais écrit deux dimanches précédents», – intéressé ni choqué ni scandalisé ! –  prend à nouveau son ami Scalfari comme confident et lui octroie une longue conversation téléphonique, le 28 octobre suivant ! Qui peut ainsi conclure sur ce même thème du Dieu unique, le 1er novembre, jour de la Toussaint ! : «Dieu veut que tous les hommes se sauvent.» lui aurait dit François. Et Scalfari de préciser : «C’est la réaffirmation du Dieu unique qu’aucune religion ne possède en entier et auquel chacune arrive à travers les différentes voies, les différentes liturgies et les différentes écritures qui parsèment l’histoire de chacune d’elles. Même dans les différentes confessions chrétiennes et jusqu’à l’intérieur de l’Église catholique.»

Rusé – «sono un po furbo» dixit François -, homme politique avisé et révolutionnaire nous dit son ami dans La Republica : faut-il alors être naïf pour ne pas voir que le pape régnant joue une partition savamment orchestrée avec la complicité de ce journaliste de gauche pour initier les hommes à son projet d’une « Église ouverte » et à sa vision d’un Dieu unique de toutes les religions ! Shimon Peres, l’ancien premier ministre israélien, ne s’est pas trompé en le voyant comme  «le leader le plus respecté» «en tant que tel par les religions les plus diverses» et en lui proposant d’être à la tête d’une ONU des religions !  Et est-ce alors si étonnant que le pape François, dans ce désir d’union de toutes les traditions, s’intéresse de près, même de très près, à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X…

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