Décidément le pape fait fort en ce moment. Le 20 décembre il s’est adressé à un groupe de collégiens du secondaire venu du lycée classique Pilo Abertelli de Rome. Il est facile de retrouver le texte officiel en italien sur internet (Dialogo del santo padre francesco con gli studenti). Il leur a expliqué tel quel qu’il ne fallait pas se servir de la parole pour essayer de convaincre des non-croyants, ignorant délibérément le « Allez, enseignez toutes les nations » (Matt. 28/16-20). Puis pour illustrer cette idée il attribua à Charlemagne des conversions forcées en prenant comme référence La Chanson de Roland dans laquelle pourtant il n’est nullement mentionné la moindre affirmation de cette nature. Cette légende se réfère à deux batailles l’une avec les Gascons puis avec les Sarrazins. Ce n’était guère le temps de la parole mais de l’action. La seule conversion forcée fut celle de la femme du traître Ganelon responsable de la mort de Roland.

Puis, à ce propos des conversions forcées, le pape François s’en prend à Alcuin, conseiller de Charlemagne et le créateur de notre écriture actuelle dite caroline. Les écrits divers et les lettres à Charlemagne sur la conversion des païens ont été rassemblés sous le titre Le Glaive et la Parole. L’ensemble a été écrit à partir de l’an 794. Mais précisément Alcuin réfute la vengeance notamment par la force en référence à la parole de Jésus lors de son arrestation au Jardin des oliviers où l’un de ceux qui se tenait là, tirant le glaive frappa l’esclave du Grand Prêtre. Jésus lui dit : « Remets ton glaive au fourreau ». Mais le mot de glaive a un tout autre sens notamment quand cet érudit écrit : « celui qui suit le glaive de la parole de Dieu » (gladio verbi Dei sectator) devient un « guerrier du Christ » (Christi miles).  Pour lui, le glaive, c’est le Verbum Dei la parole de Dieu, qui doit être l’idéal pastoral et aussi la prédication de Charlemagne qui l’interrogeait précisément sur cette question. Un bon chef d’État doit être un Rex Praedicator, un roi prêcheur.

Manifestement, le pape François n’est pas allé au-delà de la simple lecture du titre du recueil rédigé par Alcuin concernant les conversions et en plus s’est trompé sur son sens. Il eut été bien inspiré de se taire, mettant en pratique les conseils donnés aux collégiens. Simple question : si on ne convertit pas par la parole comme Jésus l’a demandé à ses disciples, quel moyen peut-on utiliser ? Peut-être le pape a-t-il pensé que ce devait être le cornet à piston ?

Jean-Pierre Dickès

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