Jadis, tout royaume avait son prince et tout prince avait ses ambassadeurs. Aux ordres du prince, ceux-ci le reconnaissaient détenteur et gardien des clefs du royaume, celles qu’un Clovis, par son baptême puis son sacre, s’était vu remettre afin d’en promouvoir le fonctionnement. Ainsi se perpétua, treize siècles durant, le baptême puis l’onction royale. Ainsi se transmit la garde des clefs, l’empreinte du sceau royal. Le royaume devenait un depositum fidei, sa géographie en portait l’éclat et les hommes qui le peuplaient devenaient ces sujets de droits que le prince, lieutenant ou tenant-lieu de Dieu en son territoire, leur conférait par leur appartenance ou leur adhésion au royaume. Ce n’est pas la loi qui conférait alors ses droits au peuple mais le prince. Le prince seul, gardien et dépositaire du royaume. Ainsi se posait le principe hiérarchique et monarchique d’une société ordonné à son gardien que la mort même de ce dernier ne pouvait interrompre. La remise des clefs au chef suprême, Dieu, faisait revenir celles-ci à son successeur désigné selon la très célèbre exclamation : « le roi est mort, vive le roi » ! La continuité du depositum était assurée.

La Révolution française renversa cet ordre du haut vers le bas pour lui substituer un désordre du bas vers le haut. Plus de baptême et plus de sacre. Plus de gardien et plus de transmission. Plus de depositum. Le pouvoir s’horizontalisa au gré de la supposée « volonté générale ». Le contrat s’installa qui conféra désormais les droits. La loi ne fut plus incarnée par le prince mais devint elle-même principe. Les clefs du royaume furent jetées au feu, fondues, et remplacées par la forge de l’équerre et du compas. L’idée remplaça la personne du prince, l’idéalisme se substitua au réalisme.

Il en fut de même pour l’Eglise et cela est bien plus grave ; car le spirituel s’octroya alors les vices d’un temporel dévoyé au lieu de le perfectionner.

St Pierre, Prince des Apôtres, fut désigné par NSJC pour lui tenir lieu de représentant sur Terre. Le Christ est le Chef de l’Eglise, le pape son Vicaire, qui, par dévolution divine, devient le gardien des clefs du royaume. Mieux même que dans l’ordre temporel, la succession à la papauté s’assure sous le regard et selon l’Esprit du Divin Maître. Le Vicaire, à sa mort, Lui remet les clefs du royaume, le Maître réunit alors en conclave les plénipotentiaires chargés de Lui désigner un successeur. La forme n’est pas symbolique car la charge est colossale, elle est apostolique. Elle est le reflet de Dieu sur Terre ; elle est lourde du depositum fidei. Le conclave est donc cette réunion des ambassadeurs du Maître qui, dans le retrait du monde et dans le secret, tiennent leurs assises dans la prière et sous l’invocation pressante du Saint Esprit. Tel est le principe voulu par Dieu et qui appelle le respect des hommes.

Or, il y a six ans, le 11 février 2013, le Vicaire Benoit XVI n’a pas attendu sa mort pour remettre entre les mains de Dieu les clefs du royaume. Il les a laissées sur son bureau, au Vatican, s’affranchissant par là de la charge apostolique qui lui fut confiée sept ans et demi plus tôt et produisant alors le geste le plus révolutionnaire que l’Eglise ait jamais connue. Ce geste de la démission ou de la renonciation volontaire à la charge apostolique de Benoit XVI, qui coule encore une douce retraite au Vatican dans les habits blancs du Vicaire, marque la rupture la plus radicale avec la continuité successorale. Car les clefs du royaume abandonnées sur le bureau furent exposées à la rapine de quelques voleurs et, de fait, ne tardèrent point à être volées par des brigands : les brigands de la clique de St Gall. On connait la suite… François est devenu le vicaire désigné par ladite clique et l’artisan de l’ineffable en matière de doctrine. Les conséquences désastreuses de la renonciation de Benoit XVI ne cessent de déployer leurs contours amers, et le prochain synode dit « de l’Amazonie » brulera – mais l’Amazonie brule déjà – la charpente de l’Eglise comme la sottise humaine réduisit en cendres celle de Notre Dame, à Paris, il y a quelques mois.

On sait, en lisant l’Evangile de St Luc au 9dimanche après la Pentecôte (Luc 19,45-48) ou en lisant St Matthieu 21,12-17 ou St Marc 11,15-19 ou encore St Jean 2,13-25, qu’avant de chasser les marchands du temple, NSJC pleura sur Jérusalem. Il pleure aujourd’hui sur son Eglise et, en son temps qui n’est pas le nôtre, viendra chasser ces occupants qui transforment la maison de Son Père en caverne de voleurs. Dieu nous préserve d’assister à cette terrible correction car les oreilles de tous ceux qui trafiquent dans l’enceinte de l’Eglise siffleront jusqu’à étourdir les nôtres devenues trop tièdes.

Gilles Colroy

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