L’ancienne star du football africain, George Weah, ou plus exactement à l’état-civil George Tawlon Manneh Oppong Ousman Weah, présentement sénateur de Monrovia, vient d’être élu 35e Président du Libéria et succèdera donc à Ellen Johnson Sirleaf, qui partage avec lui une récompense mondiale : si la Présidente du Libéria fut Prix Nobel de la Paix 2008, Georges Weah fut lui élu meilleur footballeur du monde (Ballon d’or 1995). Originaire de la tribu krou (répartie sur l’est du Libéria et le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, tout comme l’autre star africaine de ces dernières années, l’Ivoirien Didier Drogba, l’ancien Président Gbagbo mais aussi le chanteur Michaël Jackson), c’est un Africain autochtone (c’est-à-dire ne faisant pas partie des noirs américains remigrés en Afrique). Dirigé depuis l’indépendance en 1847 par des descendants d’Afro-américains, il faudra attendre le coup d’état miliaire de l’adjudant Samuel Doe en 1980 pour qu’un autochtone accède au pouvoir.

Le Libéria a eu une histoire mouvementée depuis les années 1980. Si le pays est devenu une dictature à parti unique depuis 1878 et la présidence d’Anthony Gardiner, s’il a connu lors des élections présidentielles du 3 mai 1927 la pire fraude électorale de l’histoire (le Président sortant Charles Dunbar Burgess King étant réélu avec 1560 % des voix, 234.000 suffrages obtenus sur 15.000 électeurs…), si 3 ans plus tard le même Président dut démissionner car accusé à raison de vendre des indigènes comme esclaves en Guinée Espagnole (ce qui n’a pas empêché sa petite-fille Olubanke de devenir ministre du Commerce et de l’Industrie de 2006 à 2007 et des Affaires étrangères de 2007 à 2010), c’est vraiment suite au coup d’état de Doe que le pays sombra dans la guerre.

Doe d’abord, qui finit dépecé vivant par Prince Yormie Johnson (qui fut très déçu de n’avoir pu couper que les oreilles et les doigts de Doe avant qu’il ne meure), l’un des deux chefs rebelles de l’époque et actuellement sénateur de la province de Nimba. L’autre chef fit encore plus parler de lui, le seigneur de guerre Charles McArthur Ghankay Taylor, d’ethnie Gola par sa mère et probablement américain par son père. Ce dernier purge une peine de 50 ans de prison pour son implication dans des crimes contre l’humanité au Sierra Leone. Sa seconde épouse, Jewel Cianeh Howard Taylor, sénatrice de Bong County, n’est autre que la vice-Présidente de Weah… Doe avait renversé le True Wing Party (le fameux parti unique qui par ailleurs ne faisait qu’un avec la franc-maçonnerie) pour le compte du National Democratic Party. Taylor, et son successeur Blah renversèrent le NDP pour le compte du National Patriotic Party (NPP), laissant le pouvoir vacant pendant 3 ans sous l’intérim de Charles Gyude Bryant – de la même ethnie que Weah – du Liberian Action Party, avant que l’ancienne présidente Sirleaf, une quarteronne, ne soit élue sous l’étiquette de l’United Party (centriste) en 2006. George Weah est élu sous l’étiquette du Congress for Democratic Change (droite nationale) après sa victoire au second tour contre le vice-président sortant, Joseph Nyumah Boakai. Ayant remporté 40 % des voix au premier tour et 11 provinces sur 15, il reçoit le soutien de 4 autres candidats en sus de celui du sénateur Johnson (le fameux amateur de puzzles humains évoqué plus haut), ce qui lui permet de remporter aisément le second tour avec 61,8 %. C’est la deuxième fois qu’il humilie la présidente sortante, puisqu’il avait déjà battu son propre fils aux sénatoriales de 2014 en remportant 78 % des voix.

Sur le plan spirituel, Weah est redevenu protestant après un passage par l’islam et est, comme il se doit dans ce pays, franc-maçon. Sur le plan sportif, il a évolué de 1988 à 1992 à l’AS Monaco en tant qu’avant-centre pour 149 matchs joués et 66 buts marqués ; puis de 1992 à 1995 au Paris Saint-Germain pour 138 matchs joués et 55 buts marqués ; son départ au Milan AC lui valut une banderole cinglante du Kop Boulogne, il joua néanmoins dans le club italien de 1995 à 2000, disputant 147 matchs pour 58 buts marqués. Il termina ensuite sa carrière en changeant 3 fois de club lors de la saison 2000-2001 : Chelsea (15 matchs, 5 buts) ; Manchester City (11 matchs, 3 buts) et Marseille (20 matchs, 5 buts) ; soit, en comptant sa carrière professionnelle aux Etats-Unis et au Cameroun avant 1992 et aux Emirats Arabes Unis après 2001, un total très honorable de 567 matchs et 266 buts dans sa carrière professionnelle, plus 60 sélections et 22 buts avec l’équipe nationale libérienne.

A noter que deux de ses trois fils jouent au football, le premier – George Jr –  fit une carrière très médiocre au poste de milieu ; le second (en fait le plus jeune), Timothy, âgé de 17 ans, a signé professionnel au Paris Saint-Germain et joue au même poste que son père. Il compte déjà 14 sélections et 6 buts avec la sélection junior (U-17) des Etats-Unis.

Sur le plan économique, les guerres ont fait beaucoup de mal à une économie tirée des matières premières. En 1965, le Libéria est 7e producteur de caoutchouc et 10e de fer. En 1975, elle monte à la 6e place en caoutchouc et tombe à la 11e de fer avant de disparaître des écrans.  En 2014, le Libéria est le 4e producteur africain de fer derrière l’Afrique du Sud, la Mauritanie et le Sierra Leone et le 19e producteur mondial avec 0,14 % de la production. En 2016, le Libéria est 15e producteur mondial de caoutchouc et 3e africain derrière la Côte d’Ivoire et le Nigéria, avec un total de 0,56 %.

Hristo XIEP

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