Philippe Herlin, est chercheur en finance et docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris. Il apporte son regard sur la crise actuelle, celle de la zone euro, des dettes publiques, du système bancaire. Auteur d’un livre de référence sur l’or (L’or un placement d’avenir, Eyrolles), il souhaite lui voir jouer un rôle croissant dans nos économies, jusqu’à sa remonétisation pleine et entière.

Nous croyons utile de relayer l’article qu’il vient de publier sur le site de GoldBroker.

Au mois de novembre, la presse, et GoldBroker, ont annoncé la création d’un marché de l’or à Paris, qui associe la Banque de France et la banque américaine JP Morgan. La nouvelle n’a pas fait beaucoup de bruit ni l’objet de commentaires, mais il est temps d’y revenir en y apportant un nouvel éclairage, et des révélations.

Commençons par préciser qu’il ne s’agit pas d’un marché de l’or au sens classique, c’est-à-dire qui coterait le Napoléon et le lingot, les deux supports privilégiés du métal précieux en France. Ce type de marché a existé, de 1948 à 2004, mais son volume d’échange trop faible, à cause d’une fiscalité plus lourde que dans les autres pays européens, l’a amené à disparaître.

Comme l’explique un article bien informé de la Revue Banque, le stock d’or de la Banque de France va être “mobilisé” pour garantir des “swaps or contre devise” (contrats d’échanges or contre devises) et du “leasing d’or” (location d’or). Pour l’instant, seules les autres banques centrales de la planète pourront faire usage de ces produits financiers avec la Banque de France, mais comme celle-ci a pris pour partenaire la JP Morgan (pourquoi pas une banque française ?), cela ouvre la possibilité qu’à l’avenir des banques commerciales internationales puissent également y avoir accès.

De facto, l’or de la Banque de France n’est plus sanctuarisé : une mauvaise opération, un krach financier soudain, des calculs erronés, et une partie de cet or – qui sert de garantie – devra quitter la Souterraine, le gigantesque coffre-fort du sous-sol de l’hôtel de Toulouse à Paris. Avec 2435 tonnes, la France demeure le 4e plus gros détenteur d’or au monde, derrière les Etats-Unis (8133 tonnes), l’Allemagne (3373 tonnes) et quasiment à égalité avec l’Italie (2451 tonnes). La Chine publie un chiffre sous-estimé et doit certainement figurer dans le trio de tête. Mais cet or est celui de la France et des Français, il sert de garantie ultime (au cas où l’euro exploserait par exemple, mais cela n’arrivera pas tellement il est solide, bien sûr). En faire un actif mobilisable pour des opérations financières est une faute, une trahison même.

Pourquoi maintenant ? Un indice : l’annonce n’a pas été faite par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, mais par Sylvie Goulard, éphémère ministre des armées (du 17 mai au 19 juin 2017) et parachutée le 17 janvier 2018 second sous-gouverneur de la Banque de France, sans aucune compétence dans ce domaine. Sa carrière ministérielle s’était arrêtée lorsqu’avait été rendu public que, parallèlement à sa fonction de députée européenne (2009-2017), elle a déclaré avoir travaillé en tant que conseiller spécial pendant environ deux ans (d’octobre 2013 à janvier 2016) au sein de l’Institut Berggruen, un think tank américain situé en Californie, pour des revenus supérieurs à 10.000 euros mensuels brut… Sylvie Goulard défend-elle des intérêts américains ? On n’ose le penser.

Bref. Nous nous permettons d’inciter les responsables politiques et – ils ont l’air plus efficaces – les Gilets Jaunes, à se saisir de ce grave problème de souveraineté monétaire : l’or de la Banque de France ne doit pas servir de garantie à des opérations financières, il importe de revenir au plus vite sur cette décision scandaleuse.

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