Quarante-neuf trois, Elisabeth Borne le petit porte-flingue de Macron
Quarante-neuf trois, Elisabeth Borne le petit porte-flingue de Macron

Emmanuel Macron a son porte flingue, une petite femme à la figure encore poupine, le cheveu brushé façon vaguelette qui déferle sur le rivage, et l’œil rond, bleu clair, que grossissent des lunettes aux fines entournures.

Elle aurait le visage sympathique si ce qui cache à l’intérieur n’était ce vieux gramophone que l’intellectualisme de gauche fait tourner sans répit depuis plus de 40 ans, à 78 tours, selon le progressisme encore vivant d’un Jean Jaurès ou d’un Léon Blum. L’intellectualisme de la petite dame, appelons-la ainsi, fait tourner le pick up socialiste-libéral à coups de 49.3 retentissants. C’est son colt à elle. 11 fois en moins de 11 mois ! Plus vite encore que son antique prédécesseur Michel Rocard qui le dégaina 28 fois en trois ans de gouvernement.

Rappelons que les socialistes, en particulier Mitterrand, n’ont jamais autant critiqué la Constitution de la Ve République à son avènement et qu’ils ne s’en sont jamais aussi bien servis par la suite. Si, par un ontologisme gaullien bien connu et aussi, reconnaissons-le, par souci de stabilité gouvernementale, De Gaulle a pensé la constitution et l’a ficelée juste avant son élection de décembre 1958, Mitterrand et ses successeurs ne s’en sont jamais départis y trouvant alors un bien aimable confort institutionnel. Tous les ressorts de cette constitution, en dehors de l’article 16, ont été utilisés par tous les gouvernements successifs pour garantir le vote de textes impopulaires : l’article 38 qui, par délégation parlementaire, instaure le régime des ordonnances ayant force de lois, et l’article 49 al 3 qui, sans motion de censure votée par les parlementaires, permet au gouvernement de forcer l’adoption d’un texte de loi. Le calibre du « 49.3 » braqué sur la tempe, les parlementaires de la majorité présidentielle, que l’on a tenus par la peur pendant deux ans avec le covid, acceptent n’importe quel texte pourvu que l’idéologie du progrès triomphe et que leur place dans l’hémicycle soit sauve. Le peuple de gauche, trompé sur la marchandise de l’intellectualisme de gauche dont il se réclame, peut toujours descendre dans la rue et menacer l’Elysée ou Matignon, le texte est adopté. Le progrès a parlé. Il devra travailler plus pour continuer sa lutte et plus longtemps pour que sa lutte soit plus longue. Le piège de l’intellectualisme de gauche se referme sur lui-même. Le peuple de gauche voudrait vivre sans travailler, il voudrait son droit à la paresse. Or aux paresseux, aux jeunes gens qui avant même de commencer à travailler songent à leur retraite, aux professionnels de la grève ou aux agitateurs professionnels qui veulent en découdre avec la police, la petite dame répond, le « 49.3 » à la main : « Pas question !  au boulot ! jusqu’à 64 ans (2030) et en cumulant 43 années de cotisation (2027). Il y va de la survie de la retraite par répartition que vos aînés, les compagnons de la Libération, ont instaurée par la loi du 26 avril 1946 ».

Ontologisme ! Tout cela est de l’ontologisme.

Revenons sur le mot. L’ontologisme est la pensée selon laquelle ce qui est conçu par l’esprit humain ne peut qu’exister car il suppose, par intuition déductive, l’existence d’un plus grand et d’un plus absolu que soi. L’argument puise sa source dans l’argument ontologique de St Anselme de Cantorbéry (1034-1109) qui expose que Dieu est un être tel que notre intelligence ne peut en concevoir de plus grand. On ne peut pas penser un être plus grand que Dieu. Or, si notre intelligence ne peut pas penser un être plus grand que Dieu, c’est que nécessairement elle ne peut le contenir et que donc Dieu existe en dehors et au-delà de celle-ci. On démontre par là son existence. L’argument dont la logique est séduisante est éminemment faux. Car l’on passe d’un jugement intérieur de l’homme sur Dieu à un jugement extérieur de l’homme sur l’existence de Dieu. C’est faire que ce que l’on pense existe ! Seul Dieu, être infiniment parfait et infiniment puissant, peut faire jaillir l’existence des choses de sa propre pensée. Lorsqu’il dit que la lumière soit, aussitôt la lumière est. L’homme, quant à lui, ne le peut point sauf à se prendre pour Dieu ou à se faire l’égal de Dieu. Il ne peut faire jaillir l’existence des choses de sa propre pensée.

Or l’homme politique moderne, depuis Descartes, ne cesse de se prendre pour Dieu. Il fait dès lors de l’ontologisme pratique. Il substitue le cogito du « Discours de la méthode » à l’ego sum qui sum  « d’Exode 3,14 », et veut démontrer le second par le premier. Il ne cesse de vouloir faire jaillir l’existence des choses de sa propre pensée sans mesurer les erreurs qui en découlent. De « l’Etat, c’est moi ! », de Louis XIV, aux « valeurs de la République » scandées de haute voix, le politique fait cela tous les jours : il pense une taxe, il créée la taxe ; il pense une règlementation nouvelle et produit cette règlementation nouvelle ; il pense le divorce et légalise le divorce ; il pense l’avortement et légalise l’avortement ; il pense le mariage pour les homosexuels et légalise le mariage pour les homosexuels ; il pense le réchauffement climatique d’origine anthropique et instrumente contre le réchauffement climatique d’origine anthropique ; il pense l’euthanasie, il pense la PMA, il pense le GPA, il pense que l’homme et la femme ne sont que des constructions mentales et il légalisera tout cela, par le 49.3 s’il le faut, etc… Avec toutes les erreurs qui accompagnent cet ontologisme.

Bref, le « je pense, je suis » de Macron ou de la petite dame fait la pluie et le beau temps sur ce malheureux peuple de France qui serait mieux inspiré de revendiquer le retour du crucifix dans les salles d’audience, les salles de classe, les salles de réunions, les salles d’attente, les salles d’opération, et même les salles de spectacle ou de meeting et les amphithéâtres. La pensée humaine serait ainsi ordonnée à ce tout d’ordre céleste qui ne l’égarerait point mais au contraire l’éclairerait et l’élèverait pour bâtir ce que le bien commun exige.

Gilles Colroy.

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