Nouvelle charge pour le ralliement de la FSSPX à la Rome conciliaire de la part de Mgr Athanasius Schneider, faite dans l’interview donnée au blog Adelante la Fe’s le 4 janvier 2017. Au milieu de tout un florilège de déclarations à la réelle fermeté doctrinale, Mgr Schneider y affirme au sujet de la FSSPX les choses suivantes :

«Je suis convaincu que dans les circonstances présentes, Mgr Lefebvre accepterait sans hésiter la proposition canonique d’une prélature personnelle.»

Etonnant de la part de quelqu’un qui n’a jamais épousé le combat de la Foi mené par Mgr Lefebvre de vouloir maintenant le faire parler…Pourtant si Mgr Schneider étudiait un tant soit peu la pensée de Mgr Lefebvre, il verrait certainement qu’elle a évolué vers plus de fermeté au fur et à mesure que les autorités romaines s’enfonçaient dans leurs erreurs. C’est ainsi qu’à la veille des sacres Mgr Lefebvre affirmait :

« Même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité, comme nous le faisons maintenant, nous ne pourrons pas collaborer, c’est impossible, impossible, parce que nous travaillons dans des directions diamétralement opposées. Vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine et de l’Église, et nous, nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s’entendre ! Rome a perdu la foi, mes chers amis. Rome est dans l’apostasie. Ce ne sont pas des paroles, ce ne sont pas des mots en l’air que je vous dis. C’est la vérité. Rome est dans l’apostasie. On ne peut plus avoir confiance dans ce monde-là, Il a quitté l’Église, Ils ont quitté l’Église, Ils quittent l’Église. C’est sûr, sûr, sûr.» (Mgr Lefebvre, le 4 octobre 1987).

Mgr Schneider continue :

«Mgr Lefebvre est un homme qui avait un sens profond de l’Eglise.»

«Les ordinations épiscopales ont été faites en 1988 parce qu’il pensait, en toute conscience, devoir les faire, comme un acte extrême, et dans le même temps il disait que la situation de devait pas perdurer.»

Certes, « la situation de devait pas perdurer » parce que la situation d’exception ayant généré les sacres étant si exceptionnelle qu’il était raisonnable que penser que l’Eglise ne resterait pas trop longtemps dans cette état d’éclipse qu’elle connait. Mais le mystère d’iniquité étant à l’œuvre, il faut bien hélas constater que non seulement la crise perdure, mais qu’elle ne cesse de s’aggraver.

«Si vous restez canoniquement autonome pendant trop longtemps, vous courez le risque de perdre l’une des caractéristiques de l’Eglise Catholique, c’est-à-dire d’être soumis au pape.»

La Fraternité Saint Pie X n’est pas autonome canoniquement, elle a un statut conforme au droit de l’Eglise, et même en admettant qu’elle le soit, cet état de fait a été rendu nécessaire pour ne pas subir l’altération de la Foi que voulait lui imposer les autorités romaines.

«On ne peut pas faire dépendre sa soumission au Vicaire du Christ en fonction de la personne du pape ; ce ne serait pas ça, la foi. Vous ne pouvez pas dire ‘Je ne crois pas à ce pape, je ne me soumets pas, je vais attendre jusqu’à qu’en vienne un qui me plaise’. Ce n’est pas catholique, ni surnaturel, c’est humain. C’est un manque de supernaturalité et de confiance dans la Providence Divine, dans le fait que c’est Dieu qui guide l’Eglise. Tel est le danger pour la FSSPX.»

Cela n’a jamais été la position d’aucune des congrégations fidèle à la Tradition. Le problème n’est pas celui de la personne du pape, il est celui de son enseignement : est-ce que les papes depuis le concile Vatican II œuvre au règne du Christ ou bien œuvrent-ils contre ? La réponse si elle pouvait souffrir chez certains d’une certaine hésitation jusqu’à Benoit XVI ne fait plus de doute avec le pape François.

La vraie problématique que ce garde bien d’aborder à chaque fois Mgr Schneider est en réalité celle du concile Vatican II. C’est ce que démontrait le courrier sì sì no no dans son édition du 31 janvier 2013 :

«L’homme seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même (propter seipsam)». Alors que  saint Pie X voulait « instaurare omnia in Christo »,  tout restaurer dans le Christ, Gaudium et spes veut  « instaurare omnia in homine », tout restaurer dans l’homme. Elle est tout entière tournée en direction  de l’homme et va jusqu’à abaisser le Christ au  niveau purement naturel, le renversant du trône de  sa divinité. Quelle rupture plus radicale que celle-là ?

La doctrine traditionnelle catholique réaffirmée  dans le ‘‘Catéchisme de Saint Pie X’’ enseigne que  «Dieu nous a créés pour le connaître, l’aimer et le  servir dans cette vie, et jouir de lui dans l’autre au  Paradis». La doctrine du Concile Vatican II, au  contraire, substitue l’adoration de la créature à celle  du Créateur et est tournée vers l’exaltation de la  dignité presque infinie de la personne humaine,  démentant, comme l’observe Romano Amerio, «le passage solennel des Proverbes 16, 4 : ‘‘Universa propter semetipsum operatus est Dominus’’, « le Seigneur  a fait toute chose pour Lui-même » (Iota Unum,  chap. XXX).

On se demande à juste titre comment on peut  soutenir, sans rupture avec l’Ecriture sainte, avec la  Tradition apostolique et avec la droite raison,  l’affirmation que l’homme ‘‘est sur terre la seule  créature que Dieu a créée pour elle-même’’.

Mgr Brunero Gherardini (Concilio Vaticano II.  Il discorso mancato, Turin, Lindau, 2011, p. 36,  note 3) commente : «C’est un texte absurde et un  blasphème. […] Le ‘‘pour elle-même’’ renverse les  valeurs, plaçant le Créateur sous la créature.» Et  Romano Amerio : «L’idée de l’homme centre et  fin est donc conforme à l’esprit de l’homme  contemporain, mais n’a aucun fondement dans la  religion, qui ordonne tout à Dieu et non à  l’homme» (ibid.). En somme Dieu devient tributaire de l’homme, son subordonné, et l’homme la  valeur principale. Comme on le voit, l’anthropocentrisme rend le Concile et Gaudium et spes  totalement inacceptables. »

Mgr Schneider conclue ainsi :

«J’ai demandé à Mgr Fellay de ne pas tarder plus longtemps à donner son accord, et j’ai confiance en la providence, encore qu’il ne soit pas possible d’être sûr à 100%.»

«Mon grand désir est que la FSSPX puisse être reconnue et établie au sein de la structure régulière de l’Eglise, aussi vite que possible, et cela se fera au bénéfice de tous : d’eux comme de nous-mêmes. En fait, ce sera une nouvelle force, dans la grande bataille pour la pureté de la Foi.»

«J’ai dit à Mgr Fellay : ‘Monseigneur, nous avons besoin de votre présence, pour vous joindre aux forces positives dans l’Eglise, et faire cette union.»

Mgr Schneider demande donc à Mgr Fellay de donner son accord pour un ralliement : mais Mgr Schneider a-t-il demandé au pape, à Mgr Pozzo et à Mgr Muller de renoncer au concile Vatican II qui cause tant de ravages ? De quelle pureté de la Foi parle Mgr Schneider si le poison conciliaire continue de répandre son relativisme et son anthropocentrisme pour à terme en infecter la FSSPX ? De quelle force et pour quelle bataille Mgr Schneider appelle-t-il la FSSPX lorsque celle-ci se retrouve muselée par la recherche de cet accord ? Se joindre aux forces positives, faire une union ?

L’union canonique n’a de sens que si elle concrétise ou matérialise l’union dans la Foi : sans cela elle est une union adultère et, de facto,  une trahison de ce qui fonde la FSSPX : omnia instaurare in Christo.

Christian LASSALE

 

A lire également : Mgr Athanasius Schneider : « rendre justice, bien tardivement, à l’injuste suppression de la FSSPX en 1975 de la part du Saint-Siège »

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