Naissance et euthanasie d'une chimère singe méduse

Les scientifiques démiurges ont encore frappé. Dans un laboratoire de Shanghaï, des chercheurs chinois ont réussi à mettre au monde un singe contenant des cellules modifiées avec un gène de méduse qui a rendu certains de ses organes fluorescents.  L’être hybride a été formé à partir d’un embryon et de cellules souches génétiquement modifiées. Ce type d’être hybride est appelé une « chimère » dans le jargon scientifique.

Des photos du bébé macaque ont été publiées dans la revue scientifique Cell. La chimère animale présente une très étrange teinte verdâtre sous son pelage, particulièrement visible au bout de ses doigts et au fond de ses yeux.

Comme toujours, ce type d’expérience folle est présentée sous l’apparence d’un bien, avec la promesse d’être une avancée importante qui pourrait aider la recherche de traitements contre des maladies graves. Mais comme toujours, les scientifiques démiurges cachent d’autres objectifs. Certains rêvent de se substituer à Dieu. D’autres mènent ce type d’expériences au profit de plans militaires dignes de romans de science-fiction pour donner naissance à des êtres dotés de caractéristiques animales exceptionnelles.

En 2018, l’annonce par He Jiankui, un chercheur de Shenzhen, de deux bébés génétiquement modifiés, avait fait scandale. Mais cette fois, la mise au monde d’une chimère singe méduse a été acceptée par une revue scientifique considérée comme de très haut niveau.

Déjà en 2014, la revue Cell annonçait la naissance de Lingling et Mingming, deux premiers primates dont le génome avait été modifié par Cripsr-Cas9, nouvelle technique d’édition de l’ADN. Puis en 2018, deux primates, Zhong Zhong et Hua Hua, avaient été clonés, vingt-deux ans après la brebis Dolly à Edimbourg. Ensuite, en 2019, cinq autres macaques chinois clonés, copies d’un spécimen génétiquement modifié pour présenter des troubles du rythme circadien, ont été présentés, suivis d’autres singes dont le cerveau aurait été partiellement humanisé selon les équipes scientifiques en charge de l’expérience.

Le macaque crabier « numéro 10 » serait en fait né il y a deux ans et demi à Shanghaï mais n’a été présenté que le 9 novembre 2023 dans la revue Cell. L’expérience a été menée par une équipe dirigée de l’Institut de neuroscience de l’Académie des sciences chinoise de Shanghaï.

L’être chimérique n’aura cependant survécu que dix jours avant que sa santé ne se détériore au point de devoir subir une euthanasie. « Souffrant d’hypothermie et de problèmes respiratoires, il a dû être euthanasié au bout de 10 jours seulement ».

Contenant « une forte proportion de cellules dérivées d’une lignée de cellules souches de singe », l’animal était issu de cellules provenant de deux embryons génétiquement distincts de la même espèce : le macaque cynomolgus.

71 embryons, 12 gestations, 6 naissances, 1 chimère

Pour arriver à leurs fins, les chercheurs ont développé neuf lignées de cellules souches à partir de cellules prélevées sur des embryons au stade de blastocyste, âgés de sept jours. Ils ont ensuite placé les lignées cellulaires en culture pour leur donner une plus grande capacité à se différencier en différents types de cellules.  Après avoir vérifié la pluripotence des cellules, les scientifiques les ont marquées avec une protéine fluorescente verte afin de pouvoir déterminer quels tissus s’étaient développés à partir des cellules souches chez les animaux qui avaient survécu.

Ils ont enfin sélectionné des cellules souches à injecter dans des embryons de singe au stade de la morula, c’est-à-dire âgés de de quatre à cinq jours. Après avoir « travaillé » sur 71 embryons, 40 ont été implantés dans des macaques femelles, ce qui a donné lieu à 12 grossesses et 6 naissances vivantes.

L’analyse a confirmé qu’un singe né vivant, et un fœtus mort au cours de son développement, étaient « en grande partie chimériques ». En effet, ils présentaient des cellules développées à partir des cellules souches dans l’ensemble de leur corps. Les deux étaient de sexe masculin.

Les chercheurs ont utilisé la protéine fluorescente verte pour déterminer quels tissus contenaient des cellules dérivées des cellules souches injectées. Ils ont également utilisé le séquençage génétique et d’autres tests pour confirmer la présence de tissus dérivés de cellules souches dans différents organes. Les scientifiques ont pu retrouver des cellules dérivées de cellules souches dans le cerveau, le cœur, les reins, le foie et le tractus gastro-intestinal des animaux. Chez le singe vivant, la contribution des cellules souches dans les différents types de tissus allait de 21 % à 92 %, avec une moyenne de 67 % pour les 26 types de tissus testés. Les chiffres étaient plus faibles chez le fœtus de singe.

En outre, chez les deux animaux, ils ont confirmé la présence de cellules dérivées de cellules souches dans les testicules et dans les cellules qui se transforment en spermatozoïdes.

Pierre-Alain Depauw

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