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A quoi a servi François ?
A quoi a servi François ?

La première partie de l’étude de Jerichus intitulé A quoi a servi François ? portait sur le bilan et le pontificat révélateur de François : il a été démontré que le Papa Argentin pour soutenir l’agenda mondialiste a eu, tout au long de son pontificat, un rôle éminemment destructeur tout en pulvérisant « la benoîte rêverie des milieux conservateurs » qui adhèrent à cette dichotomie trompeuse qui veut opposer le Concile, intouchable, à un prétendu « esprit du Concile » qui s’en démarquerait. Avec François, la rupture entre Tradition et Concile « semble enfin définitivement consommée ».

La IIe partie de cette étude se penche sur la notion d’« herméneutique de la continuité » en démontrant que cette dernière, bien comprise, n’est que « la continuité de la Révolution » : « Jorge Mario Bergoglio n’est pas et n’a jamais été un hapax ni l’agent déclencheur d’une Révolution dont 2013 serait l’année 0. Il n’est ni plus ni moins que le continuateur fidèle d’un processus de dissolution enclenché bien avant lui, qu’il a su poursuivre avec zèle. »

IIe partie

Une herméneutique bien comprise ou la continuité dans la Révolution

A juger des choses en elles-mêmes, Jorge Mario Bergoglio n’est pas et n’a jamais été un hapax ni l’agent déclencheur d’une Révolution dont 2013 serait l’année 0. Il n’est ni plus ni moins que le continuateur fidèle d’un processus de dissolution enclenché bien avant lui, qu’il a su poursuivre avec zèle.

Certes, contrairement à ses prédécesseurs qui concentrèrent principalement leurs efforts sur les fondements de la Foi, François nous a, quant à lui, emmenés sur des terres encore inexplorées, vers des contrées inconnues, érodant des pans entiers de la morale chrétienne. C’est la note distinctive de la touche bergoglienne qui la rend si effrayante et qui permit à l’hydre conciliaire de faire un bond qualitatif en avant. Mais dans le fond, le contraste avec un Paul VI ou un Jean-Paul II, qui peut parfois être saisissant dans les apparences, ne reste pas moins qu’une différence de degré et non de nature. À quoi d’autre s’attaquer, sinon au royaume de la nature, lorsque quasiment tout a déjà été mené contre celui de la grâce ? Après les leges orandi (le culte) et credendi (la foi), puis la lex humana (droit canon positif), suivent logiquement comme un chariot sur son rail les leges moralis (loi morale) et naturalis (loi naturelle). C’est là l’herméneutique de la continuité telle qu’il faut l’avoir à l’esprit : non pas, assurément, entre la Tradition bimillénaire de l’Église et l’étrangeté conciliaire, mais entre les différentes étapes d’une seule et même Révolution bien comprise.

Le contraste entre François avec un Paul VI ou un Jean-Paul II, parfois saisissant dans les apparences, ne reste pas moins qu’une différence de degré et non de nature

Or, il est intéressant de noter que les tenants les plus farouches de ladite « herméneutique », théorisée par le pape Ratzinger, sont toujours prompts à voir la continuité là où de toute évidence elle n’a jamais été, bien que les aveux mêmes de celui qui n’était alors que cardinal ne laissaient guère de place à l’illusion :

« Il existe des décisions du Magistère qui ne peuvent être et ne sont pas destinées à être le dernier mot sur la matière en tant que telle, mais qui constituent une fixation substantielle du problème et sont avant tout une expression de prudence pastorale, une sorte de disposition provisoire. Leur noyau reste valable, mais les détails individuels, influencés par les circonstances de l’époque, peuvent nécessiter des rectifications ultérieures. À cet égard, on peut penser aux déclarations des papes du siècle dernier sur la liberté religieuse, ainsi qu’aux décisions antimodernistes du début de ce siècle, en particulier aux décisions de la Commission biblique de l’époque. En tant que cri d’alarme contre des adaptations hâtives et superficielles, elles restent pleinement justifiées ; mais les détails de la détermination de leur contenu ont été ensuite dépassés, après avoir rempli leur devoir pastoral à un moment précis10. »

Du pur historicisme dans le texte typique des modernistes condamnés par Saint Pie X qui relativise en profondeur les grandes encycliques illibérales des XIXe et XXe siècles, ne leur concédant avec dédain qu’une utilité pastorale aujourd’hui dépassée. Comprenez : Pie IX ou Saint Pie X ont certes été de bons papes à leur époque, mais ils ont fait leur temps.

Faudrait-il d’autres évidences qui témoignent de cette rupture avouée ?

« Si l’on cherche une formule globale pour caractériser ce texte [Gaudium et Spes], on pourrait dire qu’il s’agit (en conjonction avec les textes sur la liberté religieuse et les religions du monde) d’une révision du Syllabus de Pie IX, une sorte de contre-Syllabus. […] Le texte sert de contre-Syllabus dans la mesure où il représente une tentative de réconciliation officielle de l’Église avec le monde tel qu’il était devenu après 178911. »

Pourtant, ce sont les mêmes qui se refusent à appliquer cette herméneutique de la continuité là où elle devrait l’être, c’est-à-dire entre Benoît et François, entre les tendances progressiste et conservatrice qui composent le gros de l’église conciliaire12. Ils se figurent que l’un s’oppose diamétralement à l’autre et qu’une contradiction indépassable les sépare. Tandis qu’ils parviennent à concilier, non sans de tortueuses circonvolutions, Quanta Cura de Pie IX ou encore Mirari vos de Grégoire XVI avec le « magistère » conciliaire, à l’inverse, ils n’envisagent pas un instant que Ratzinger et Bergoglio se complètent plus qu’ils ne s’opposent.

Ratzinger et Bergoglio se complètent plus qu’ils ne s’opposent

Encore une fois, c’est mal saisir d’emblée le caractère essentiel de la Révolution qui transcendent les personnes, se joue de ces fausses rivalités, que le théâtre médiatique se plaît à exacerber, pour ne cesser d’avancer encore et toujours. Car la praxis de Jorge Bergoglio n’est pas tant venue jeter le discrédit sur la martingale bavaroise qu’elle n’a mis en lumière sa pleine cohérence avec elle, actualisant par-là la matrice hégélienne qui constitue le moteur de la Révolution et dont la synthèse concrète fut la coexistence des deux Papes au Vatican. Dit plus clairement, considérant le mouvement révolutionnaire dans son ensemble, Traditionis Custodes n’a jamais été le reniement de Summorum Pontificum mais en fut, au contraire, « l’achèvement-dépassement » complet.

Quoiqu’il en soit des bienfaits réels qu’a apportés le Motu Proprio du pape allemand, on ne peut correctement saisir et l’un et l’autre qu’en ne les appréhendant qu’ensemble, comme les deux faces d’une même pièce. Par ailleurs, voici les propos que tint en 2023 Mgr Georg Gänsweinn, l’ancien secrétaire particulier du pape Benoit XVI, au sujet de son motu proprio, témoignant des véritables intentions que ce dernier avait en libérant la messe de toujours :

« aider ceux qui avaient simplement trouvé un foyer dans l’ancienne messe à trouver la paix intérieure, à trouver la paix liturgique, afin de les éloigner de Lefebvre ».

Fin de la IIe partie.

Francesca de Villasmundo

[10] Cardinal Ratzinger donnant un commentaire sur l’instruction Donum Veritatis dans L’Osservatore Romano du 2 juillet 1990.

[11] Tiré de l’ouvrage Principes de la théologie catholique du cardinal Joseph Ratzinger.

[12] https://www.medias-presse.info/il-ny-a-pas-de-tendance-dans-leglise/204340/

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