Jean-Michel OLIVEREAU

Professeur honoraire à l’Institut de Psychologie, Université Paris-Descartes

Texte donné dans le n°78 (septembre 2018) de la revue Liberté politique, très légèrement augmenté de considérations développées par l’auteur lors des Assises de la lutte contre la pornographie” tenues à Paris le 6/10/2018, sous la présidence de François Billot de Lochner

I : Libération/Révolution sexuelle et politique

  1. Une stratégie et une manœuvre apparue sous les Lumières…

Tout le monde connait la fameuse citation de Soljenitsyne sur les capacités de la pornographie à asservir des populations entières ; il juge, à juste titre, cet agent comme plus efficace que la politique des camps, avec leurs miradors, car la contrainte s’exerce depuis l’intérieur même de l’individu. Cette idée n’est pas nouvelle et le philosophe desdites Lumières, Helvétius dont les excès sexuels allèrent jusqu’à donner lieu à des rapports de police – et qui considérait les humains comme des marionnettes dont il importait de connaître les fils qui les meuvent – reprenait à son compte ce projet d’une gouvernance ferme et hédoniste : « Le législateur habile joindra un gouvernement utile avec l’amour des plaisirs. Oui, la règle la plus sûre pour rendre un peuple soumis, c’est qu’en suivant sa nature, à ses sens tout soit permis. »1 Cette collusion entre sexualité débridée et contraintes exercées par les gouvernements reste vrai, et Aldous Huxley dans le Meilleur des mondes décrivant la dictature parfaite, conseillait de mettre « la sexualité au premier rang » pour que l’augmentation de la liberté sexuelle compense la perte des libertés individuelle, politique, économique, etc. Pour revenir à Helvétius, précisons qu’il ne faisait là qu’accompagner le développement de la pornographie à la veille de la Révolution, le vocable même de pornographie apparaissant vers 1770. Cette prolifération des écrits licencieux, dans la France du XVIIIe siècle, avait deux sources : 1°) l’hédonisme fils naturel de l’augmentation du confort de vie corrélatif d’une amélioration tangible des conditions matérielles, « Le bonheur est une idée neuve en Europe » affirmait Saint Just – par ailleurs pornographe et qui reconnaîtra que la Révolution fut faite « avec des vices » – et 2°) une critique virulente de l’ancien régime et de l’Église. Les gravures pornographiques à visée politique se multipliaient essentiellement pour salir et briser l’image du Roi et surtout de la Reine. Les viles accusations d’inceste qui poursuivirent Marie-Antoinette jusqu’en son procès, n’étaient que le prolongement de ces abjectes et mensongères carricatures. Vu le pouvoir de déshumanisation de la pornographie, ces illustrations délétères se révélèrent donc politiquement efficaces ; simultanément, elles donnaient au peuple le goût de ces images, sans qu’il en éprouve la moindre culpabilité, puisque c’était pour la Liberté.

C’est en 1939, lors de l’invasion de la Pologne par les troupes national-socialistes que, pour la première fois dans l’histoire des conflits, la pornographie fut utilisée comme arme; cependant les Polonais, fortement catholicisés, restèrent indifférent à ces brochures licencieuses de la Propagandastaffel. Certains doutèrent même de la réalité historique de ce fait, sous prétexte que Hitler avait interdit la pornographie en Allemagne, la considérant comme un vice propre aux Unter Menschen – encore que l’homosexualité y fût florissante. C’était oublier deux choses : qu’affliger l’adversaire d’un vice relève d’une basse, mais usuelle politique, et aussi que l’Allemagne nazie, précurseur en ce domaine, pour des raisons essentiellement démographiques, avait institué une forme de libération sexuelle visant essentiellement les adolescentes. Une propagande très directe imposait ainsi, à des fillettes, des dictées de ce genre : « Nous pouvons toutes, aujourd’hui ou demain, nous abandonner à l’expérience riche en émotion spirituelle qui consiste à procréer en compagnie d’un homme jeune et sain, sans nous soucier des entraves dont s’encombre la désuète institution du mariage. » La mise en pratique se faisait, lors des grands rassemblements du Führer dienst. Ainsi en 1936, la réunion de milliers de jeunes gens des deux sexes aboutit à près d’un millier de grossesses chez des adolescentes ayant parfois tout juste 14 ans ! La sexualité était devenue une activité sportive, demandant, comme les autres, un certain entraînement et celle-ci était désormais indépendante de quelque considération éthique que ce soit. Dès cette époque les médecins chargés des examens prénuptiaux notaient que, dans une ville comme Munich, les rapports sexuels préconjugaux concernaient 90% des candidats au mariage.4 Il s’avère ainsi que tous les systèmes politiques inhumains, en viennent toujours à déshumaniser la sexualité. Ce paganisme de la libre sexualité national-socialiste, explique sans doute les scènes de débauche inédites dans les grandes villes allemandes – dont Berlin – à l’agonie, en avril 1945. Nombre d’observateurs notèrent des accouplements sauvages“, entre inconnus, parmi les ruines, comme si le futur n’existait plus, et encore moins l’éternité. Certes, la défaite était acquise et les femmes connaissaient les consignes de viol données aux soldats soviétiques par Ilya Ehrenbourg, mais rien n’oblige à conjurer le risque de souillure, en usant de ses dernières libertés, pour la décupler en en prenant l’initiative.

Si l’on regarde maintenant du côté de l’URSS, on trouve une véritable utilisation politique de la licence sexuelle et ce, dès le début de la révolution bolchevique, celle-ci s’efforçant d’emblée de prendre le contre-pied de la morale dite bourgeoise. En décembre 1917 Lénine dépénalisait l’homosexualité et G. Batkis, sexologue officiel de la jeune Russie communiste écrivait : « La législation soviétique […] respecte l’homosexualité, la sodomie et les autres formes de plaisir sexuel, qui dans la législation européenne sont qualifiées d’offenses à la moralité. La législation soviétique ne fait aucune différence entre l’homosexualité et les rapports sexuel dits “naturels”. »5 Comme à la même époque Trotski s’évertuait à démolir la famille pour installer « une famille d’un type nouveau », nous voyons que les nouvelles normes occidentales de l’éthologie humaine (on ne peut parler d’éthique) ont été inaugurées il y a un siècle par les bolcheviks. On comprend alors qu’un dissident tel que Boukovsky ait pu prophétiser que l’on comprendrait un jour que le mur de Berlin était certes tombé, mais du mauvais côté !

Dans cette Russie bolchevique, dès 1918 on crée des institutions scolaires où sont enseignées les variantes du communisme sexuel. Cependant le prétexte n’en est pas ici la procréation, mais une volonté d’affronter ladite morale bourgeoise en promouvant le communisme des corps, éventuellement par le biais de communautés échangistes. Les liens de paternité en étaient évidemment affectés et il était courant de voir deux komsomols de sexe masculin venir déclarer simultanément la naissance de leur enfant. Quand aux jeunes mères elles étaient préparées à cette ambiguïté par des slogans du type : « Je suis enceinte, mais je ne sais pas quel est le père de mon enfant. Cela m’est indifférent. » C’était aussi l’époque où l’écrivain soviétique Boris Pilniak pouvait écrire, fidèle à son adulation des pulsions animales « Je sens que toute la révolution à une odeur d’organes sexuels ! »6

  1. … qui n’a cessé de s’amplifier, sous prétexte de libération sociétale…

Staline avait parfaitement compris l’utilité de la propagation du dévergondage sexuel hors de l’URSS, à l’encontre de ses adversaires. Il affirmait : « Il faut rendre ridicule toute maîtrise sexuelle. Par le gaspillage des forces de production nous devons affaiblir et épuiser l’homme de l’Occident ». On ne doit donc pas s’étonner que nombre d’intellectuels et d’artistes communistes européens aient accumulés maintes provocations à l’encontre de la morale sexuelle établie, de Aragon : « La pédérastie me plait comme toutes les autres activités sexuelles » à Luis Buñuel : « J’introduirai la prostitution jusque dans les familles » en passant par André Breton qui voulait : « miner les assises de la civilisation [par] l’arme à longue portée du cynisme sexuel ». Si ces dires avaient été prononcés par les gens réputés de droite ils eussent pu être été critiqué, mais provenant de progressistes engagés on ne pouvait qu’admirer leur audace ! Peu à peu ces propos, ces livres, ces films, formataient l’opinion de ceux qui se considéraient comme l’élite éclairée.

En ce qui concerne l’instrumentalisation de la dépravation sexuelle à des fins politiques en France et dans le monde occidental, on peut signaler maints jalons qui remontent aux débuts du socialo-communisme et qui montrent combien sa philosophie politique est intrinsèquement liée à la licence sexuelle. On doit ici évoquer un ouvrage capital car il tente de saper, en leurs fondements, le mariage, la famille et finalement la France ; l’auteur en est Léon Blum emblème du Front populaire. Ce livre étriqué7 par l’indigence de son hédonisme eut malheureusement un impact certain puisqu’à l’apogée du Front populaire on en était déjà à la 84ème édition ! On y trouve des insanités banales : « Je ne vois point d’embarras dans le mariage dont l’adultère n’eût la solution », et d’autres ayant même quelques relents de pédophilie : « … la plupart des filles sont parfaitement aptes, dès cet âge [15 ans] à goûter l’amour […] leur capacité d’éprouver l’amour devance même ce que l’on appelle, au sens précis du mot, leur formation. […] Nous savons que rien ne pique plus vivement le désir des hommes – des hommes qui ne sont plus tout à fait jeunes – que cette vivacité soudaine, ce gonflement hésitant des formes, cet éveil de la jeune fille dans la fillette. Mais l’adolescente qui l’inspire n’est pas indifférente à ce désir ; elle le comprend ; elle en jouit avant de le partager… ». Le partager avec qui ? Rien dans cette phrase n’exclut les “plus tout à fait jeunes“, ceux qui auraient l’âge de l’auteur. Léon Blum est un visionnaire du futur. A une amie qui refuse ses avances il explique : « Il vous aurait fallu naître au siècle prochain, et qu’on encourageât, dès votre première nubilité, les curiosités natives, les hardiesses inconscientes de votre instinct. » Ce siècle nous y somme et l’incitation à la débauche sexuelle infantile commence même bien avant la puberté. Il poursuit : « Vous m’objectez, comme le moraliste : Et les enfants ? Il faut bien que je réplique : Des enfants, on n’en aura pas. » Il signe là un flagrant projet de dépopulation. Enfin Léon Blum annonce son but véritable : une révolution, qu’il ne souhaite pas sanglante « mais l’essentiel pour moi, est qu’elle s’installe de gré ou de force sur les ruines d’un passé aboli d’où les idées de famille, de religion et de patrie ne pourront plus jamais ressurgir » ! Voilà qui est très clair, et pourtant les Français, dans leur légèreté, n’ont guère retenu du Front populaire qu’une bonne nouvelle : les congés payés. Bien peu ont saisi qu’en fait de congé, l’essentiel du programme politique de Léon Blum visait à congédier la terre des Pères, la Patrie, tout ce qui constitue la France : ses familles, ses valeurs, sa religion. Que voyons-nous d’autre aujourd’hui ?

Avec Henry Miller, dès le début des années 30, on passe à une vitesse supérieure ; il publie des ouvrages qui seront interdits aux Etats-Unis pendant plus d’un quart de siècles, mais diffusés ailleurs. Si sa pornographie peut paraître soft au regard des critères actuels, l’intention politique, subversive, n’en est pas moins délibérée. Son traducteur et thuriféraire G. Robitaille est à cet égard explicite8 : « Il ne se dresse pas seulement contre les mœurs sexuelles [“hypocrites et bourgeoises”], mais contre la civilisation occidentale tout entière avec sa culture, ses traditions et ses coutumes, son histoire, ses arts [… etc.] » ; « … en s’attaquant avec une telle férocité aux mœurs sexuelles, Miller s’en prenait en toute connaissance de cause au fondement même de l’édifice social […] ». De fait, il est maintenant considéré comme le principal inspirateur de la révolution sexuelle de Mai 68.

Cependant, tous ces brûlots, des Blum, Buñuel, Miller, etc. n’étaient encore que des ballons d’essais ; la véritable attaque frontale, l’estocade n’était pas envisageable, parce que les populations restaient encore majoritairement marquées par la morale chrétienne, un rempart qui se désagrégera vers le milieu des années 60.

  1. … et dont les applications nous ont définitivement investi.

Rappelons tout d’abord que la libéralisation de la pornographie débuta, en France, bien avant l’arrivée au pouvoir des socialistes. Le 1er août 1974, alors que la loi condamne toujours tous les médias pornographiques, survient une circulaire qui dépénalise les diverses formes et la diffusion de la pornographie; le débat parlementaire corrélatif a été escamoté, bref, tout cela est si peu régulier que cette circulaire n’apparaîtra pas au Journal officiel ! Néanmoins elle sera appliquée, la pornographie courante ne sera plus poursuivie et cette période verra un déferlement de films pornographiques. Or cette circulaire fût promue à l’instigation de Simone Veil ! Rien à voir avec la loi sur l’avortement qui suivra quelques mois plus tard, si ce n’est une même pensée qui se présente comme libérale, se prétend libératrice, mais qui, sur le plan de l’éthique, se montre libertaire.

Le grand bouleversement est évidemment la révolution de Mai 68, laquelle, fut préparée bien avant qu’elle n’éclate. Les évènements de Mai 68 débutèrent par une revendication de type sexuel exprimée par Cohn-Bendit, à savoir la libre circulation des étudiants des deux sexes dans leurs quartiers respectifs des cités universitaire ; il en profitait pour ironiser sur « ce sanctuaire de la pureté et de la chasteté des jeunes filles de France » ; mais ce n’était là qu’une occasion d’appliquer une nouvelle technique subversive ayant comme moteur le déchainement de la sexualité.

Le principal théoricien en était Wilhelm Reich ; ce psychanalyste de tendance trotskiste avait fondé, avec le parti communiste allemand l’organisation Sexpol destinée à détruire l’État bourgeois, l’ordre patriarcal et la famille par la sexualisation précoce des enfants. C’est lui aussi qui inventa le concept de révolution sexuelle et promu la quasi sacralisation de l’orgasme-performance. Dans l’un de ses nombreux ouvrages, il précise sa stratégie : « De la jeunesse, il faut transformer la rébellion sexuelle, secrète ou ouverte, en une lutte révolutionnaire contre l’ordre social capitaliste. » De fait, des militants diffusèrent, à partir de 1966 et à leurs frais, l’un de ses ouvrages10 sur le campus de Nanterre qui fut le cœur de la résistance gauchiste en 1968. Le 2e théoricien majeur était Raoul Vaneigem idéologue marxiste libertaire dissident de l’Internationale situationniste ; ses motivations étaient tout autant antichrétiennes qu’anticapitalistes ou nihilistes. Il venait alors de produire un ouvrage11 où il ordonne : « Agis comme s’il ne devait jamais exister de futur », explique : « Le déchaînement du plaisir sans restriction est la voie la plus sûre vers la révolution de la vie quotidienne… » et prophétise, malheureusement avec justesse : « Cette société marchande qui s’est accommodée de tous les terrorismes et de toutes les révolutions intellectuelles, je soutiens qu’elle ne résistera pas aux guerriers du plaisir à outrance. » Le 3e théoricien, initialement le moins diffusé, et pourtant le plus explicite est Herbert Marcuse. Ce sociologue de l’Ecole de Francfort a parfaitement compris que la civilisation est impossible sans une certaine répression sexuelle. Pour détruire la civilisation occidentale, il faut donc promouvoir les perversions ; Il l’affirme explicitement12 : « La libre satisfaction des besoins instinctuels de l’homme est incompatible avec la société civilisée » ; « Contre une société qui instrumentalise la sexualité [en la réprimant] comme moyen pour réaliser une fin socialement utile, les perversions maintiennent la sexualité comme fin en soi. » ; « La révolution sexuelle-morale qui se tourne contre la morale dominante doit, en tant que facteur désintégrateur, être prise au sérieux. » ; après avoir rejeté « l’ordre oppressif de la sexualité reproductive,… la transformation de l’étendue des relations libidineuses conduirait à la désintégration des institutions, et particulièrement de la famille monogamique patriarcale. » (p.176 de l’édition française) En deux lignes tout est annoncé de l’effacement de la famille et des pères à celle de la société en passant par la voie essentielle des perversions sexuelles. Ce programme est en marche depuis plus d’un demi-siècle, et nombre d’entre nous en sont des collaborateurs naïfs ou lâches. Notons encore sa violence latente et son allergie à une valeur chrétienne essentielle et : « II n’y a pas de doute qu’un mouvement révolutionnaire donne naissance à une haine sans laquelle la révolution n’est tout simplement pas possible, sans laquelle aucune libération n’est possible. Rien n’est plus révoltant que le commandement d’amour : Ne hais pas ton ennemi[…] Au cours du mouvement révolutionnaire, cette haine peut naturellement se muer en cruauté, en brutalité, en terreur. »13. Toute cette agit-prop se révéla efficace, et depuis cette époque, on voit se réaliser la praxis fixée par W. Reich : « Les sens de l’animal homme, s’éveillent d’un sommeil millénaire » et cette terrible prédiction : « Ce mouvement ne peut plus être arrêté ! »

  1. La libération/révolution sexuelle, une arme à double tranchant

Très vite, Lénine compris que si la révolution/libération sexuelle était à promouvoir chez les adversaires pour détruire les valeurs de leurs sociétés et affaiblir leurs économies, elle ne devait pas s’installer dans la jeune Russie soviétique où toutes les forces devaient se concentrer sur la mise en œuvre de ses principes révolutionnaires. Il admoneste ainsi Alexandra Kollontaï (féministe, Commissaire du peuple à la Santé) qui assimilait l’acte sexuel au simple fait de boire un verre d’eau pour se désaltérer : « Bien sûr la soif demande à être étanchée. Mais un individu normal, dans des circonstances normales, s’allongera-t-il dans un caniveau pour y boire une flaque d’eau ? Boira-t-il seulement à un verre sale ? […] On m’a dit que les problèmes sexuels sont aussi l’objet favori des études de vos organisations de jeunes. Cela est particulièrement scandaleux […] Non, cela ne va pas avec la révolution. Les excès dans la vie sexuelle sont un signe de dégénérescence bourgeoise. Le prolétariat […] n’a pas besoin qu’on l’enivre ou l’assourdisse ni qu’on l’excite. »14. Dans les universités, on recommandait aux étudiants de sacrifier plaisirs et pulsion à leurs études, et tel ministre terminait son discours de rentrée par une injonction aujourd’hui informulable : « Abstinence !»  Alors même que le mouvement de Mai 68 avait déjà déferlé sur l’Occident, le bloc soviétique tentait encore de défendre les valeurs morales, jadis réputées bourgeoises, par la voix du psychologue officiel de l’URSS : « L’amour aboutit aussi naturellement au mariage que les relations sexuelles normales aboutissent à la naissance d’enfants dont l’éducation ne saurait être assurée qu’au sein d’une famille saine et stable. Certaines tentatives ont été faites pour accepter l’idée de l’amour libre, aucune n’a résisté à cette logique objective de l’amour… ».15 En lisant ces lignes, et en les comparants aux politiques éducatives et familiales des gouvernements européens actuels – tous marqués par le marxisme-léninisme – on croit rêver !

Il est cependant plus facile d’instaurer le vice que de le contrôler lorsqu’il déborde. Les dirigeants communistes ne furent pas les seuls à découvrir que les lendemains de la libération sexuelle ne chantent pas mais, comme toute libéralisation de drogues, sont des temps de désenchantement et de dépendance. Ainsi, Raoul Vaneigem, que nous avons vu être l’un des idéologues enthousiastes de la révolution sexuelle de Mai 68, exprime sa déception une douzaine d’années plus tard : « Le plaisir obligatoire remplace le plaisir prohibé. La jouissance s’affronte à la façon d’un examen, avec échec ou réussite à la clé. Pour le brevet de radicalité, indiquez ici la moyenne horaire de vos orgasmes ! […] On se jetait jadis sur les plaisirs […]. Maintenant ce sont les plaisirs qui se jettent sur nous ».16 On pourrait aligner une page entière de citations similaires démontrant qu’ouvrir les vannes de ladite libération sexuelle revient à créer un tsunami mortifère. Nous nous contenterons de donner encore, ces deux citations d’André Malraux. On a d’abord l’expression d’un jeune aventurier séducteur, provocateur qui exprime crûment : « Ce n’est pas par la conscience de ce qu’il a de particulier que l’individu s’atteint, c’est par la conscience la plus forte de ce qu’il a de commun avec d’autres et qui n’est plus son âme ni son Dieu, mais son sexe. »17 Une vingtaine d’années plus tard, donnant un discours en tant que Ministre de la culture, et après la déferlante de Mai 68, il tient un tout autre propos : « L’érotisme était le diable, il devient l’homme. Nous allons le voir dépasser l’homme, devenir sa raison d’être. L’érotisme cesse d’être l’expression de l’individu. C’est l’individu maintenant qui n’est plus qu’un moyen. » Notons bien qu’il emploie ici, non pas le terme de pornographie, mais simplement celui d’érotisme, nous y reviendrons.

II : la pornographie outil de déconstruction

La pornographie est protéiforme et ne cesse de bourgeonner des immondices nouvelles, elle envahit ainsi de multiples secteurs et joue de cette pluri-location. Si la pornographie n’était, suivant son étymologie, que la description des mœurs des prostituées ce ne serait que peu de choses, car la prostitution est (ou était) un monde à part facilement identifiable et majoritairement réprouvé, mais – prolifération des médias aidant – cette drogue est devenue l’omniprésente éducatrice de nos contemporains, elle est devenue domestique et modèle la sexualité des couples ordinaires. Ce phénomène est inédit dans l’histoire de l’humanité, on peut donc en attendre des conséquences sans précédent. La pornographie incessamment invente de nouvelles pratiques, plus déshumanisantes les unes que les autres. L’obsession initialement centrée sur la sphère génitale, diffuse généralement jusqu’aux organes voisins, aux orifices, etc. La signification sexuelle peut même, dans des cas reconnus pathologiques diffuser sur n’importe quels organe ou excrétion de l’organisme, lesquels sont alors capables de déclencher l’orgasme. Citons quelques paraphilies (où l’on aime à côté et surtout de travers) les plus étranges et les moins capables de troubler le lecteur ; sont alors reconnus comme érogènes : les vomissures dans le cas de la vomérophilia, les flatulences en cas de l’eproctophilia, quant à la zoonécrophilia elle parle d’elle-même. La sexologie a répertorié ainsi plus d’un demi-millier de ces distorsions de la sexualité humaine. On comprend mieux alors l’exclamation de Chesterton : « L’humanité est déséquilibrée au niveau du sexe ! » Ces paraphilies ont servi d’inspiration au livre Fifty Shades of Grey qui a battu tous les records mondiaux de vente, réussissant à dépasser Harry Potter le sorcier, et le film qui en fut tiré à rapporté plus de 570 millions de $. Lorsque l’on sait que statistiquement les jeunes femmes ayant lu ce type d’ouvrage, sont aussi celles qui sont les plus menacées par l’alcoolisme et la sexualité de grouppe18 on ne peut qu’être consterné. Vu le nombre de paraphilies encore exploitables, à quand les Five Hundred Shades of Grey ? Mais, attention, à force d’accumuler ces grisailles, ce sont les ténèbres que l’on promeut et la lumière de l’amour véritable est de plus en plus éclipsée. Jamais la “liberté” sexuelle n’a été aussi grande, jamais les frustrations d’origine institutionnelles n’ont été si faibles et pourtant jamais l’humanité n’a été à ce point “déséquilibrée au niveau du sexe”, ce qui démontre la fausseté de cette accusation rousseauiste de Nietzsche : « L’Église a versé du poison à Eros. Il a dégénéré en vice. ». Ainsi donc, en succès d’édition “littéraire”, la pornographie sadomasochiste arrive première et la sorcellerie seconde… à dire vrai, la chappe qui est en train de recouvrir, l’intelligence, la dignité et la spiritualité de l’Occident, n’est pas grise, elle est noire, et le noir ne saurait avoir de nuances !

  1. Une capacité de déconstruction tous azimuts, de l’individu au couple…

C’est tout d’abord celui ou celle qui se livre à la pornographie qui en est la première victime. Le retour à la sensualité animale vanté précédemment par Reich serait déjà une flagrante régression, mais la pornographie veut plus, elle veut la dépravation pour elle-même, la stéréotypie de la robotisation, du machinisme anonyme pour mieux humilier et nier la dignité de la personne humaine. La femme, l’homme y sont chosifiés, réduits à n’être plus que des « machines désirantes » suivant l’expression du philosophe Deleuze, qui précise « …ce sont des machines, pas du tout métaphoriquement : des machines de machines avec leurs couplages, leurs connexions » ; mais machines désirantes de quoi ? Si ce n’est d’engrenages vicieux et de démontages irréversibles, de violences et d’humiliation. Une pornographe pratiquante résumait ainsi ses sentiments ; «  je ne suis plus qu’une petite mécanique agitée par le plaisir », démontrant ainsi qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le transhumanisme pour voir, parmi nous, la réalisation d’humains robotisés et jouissant de l’être. Un philosophe, dans un livre explicitement intitulé « Sexe mécanique » exprime ainsi : « Réduits à leur corps-de-baise, qui est déjà machine sexuelle, les individus deviennent les pièces et les rouages de machines plus grandes. La machine, c’est le couple, le trio, la quatuor échangiste, et ainsi de suite jusqu’à ces grosses machines collectives formées par les partouzes. »19 Il s’agit là d’un processus d’abaissement délibéré que cet auteur résume ainsi : « … le dispositif est entièrement inversé. Tout ce qui s’offrait en montée, on aspire à le vivre en descente. […], c’est toujours en-dessous que se cache la jouissance. » Parfaite image de la descente aux enfers dans l’allégresse de l’enivrante parodie de l’aséité inversée, celle de l’autodestruction.

Bien évidemment dans ce contexte, l’autre n’existe pas, l’on n’y « rencontre jamais quelqu’un, mais seulement des choses sexuelles. » 19 Oui, une pluralité de choses, car l’autre, surtout la femme y est, en son corps, démontée, réduite à une collection d’objets partiels appelant les mille pratiques de la réification fétichiste, mais ne renvoyant ici à aucune personne. Et pourtant, dans tout échange sexuel à caractère pornographique, une sorte de pseudo dialogue implicite, morbide et muet peut s’instaurer, tel un contrat par déshumanisation réciproque. Le dominant, plus souvent masculin, y affirme ainsi son sadisme : plus l’autre se livre plus il en fait une marionnette anonyme, mais à cela répond la riposte du partenaire dominé qui sait bien que plus il s’abaisse au rang d’objet, d’instrument masturbatoire, plus il réduit le dominant actif au statut de robot esclave de ses pulsions. Courir ensemble vers l’abîme peut, hélas, apparaître aux humains comme particulièrement excitant. Ce type de partenariat, par contrainte et avilissement réciproque et excitation partagée, peut lier certains couples, un certain temps, mais c’est un lien qui entrave et ne produit aucun attachement véritable, car chacun des protagonistes y est interchangeable. La pornographie effaçant les visages, annihile les personnes. L’estime de soi s’effondre et, en définitive, ce qui est particulièrement atteint, chez les personnes foncièrement adonnées à la pornographie, c’est l’intériorité – ce lieu d’intimité où notre être s’éprouve, comme, délibération, attachement à nos valeurs, et certitude de sens, ce lieu de permanence qui seul peut faire que notre vie soit une trajectoire et non une errance en quête de sensations incohérentes et éphémères. Sans cette intériorité nous ne pouvons aimer, c’est-à-dire communier à l’intériorité de l’autre. C’est, tout autant que par ses praxis déshumanisantes, par cette désertification intérieure que la pornographie tue l’amour. On peut conclure avec la philosophe Michela Marzano que la pornographie conduit à confondre « le moi et l’autre, le masculin et le féminin, la liberté et a contrainte » et au final à « mourir à la vie, au désir, mourir à la pensée. » 20

  1. … et de la famille à la société

La famille dans son équilibre, et dans son existence même, est aussi l’une des principales victimes de la pornographie, ce qui nous rappelle que certains des promoteurs de la seconde étaient des ennemis déclarés de la première. Les chefs de famille porno-dépendants sont parfaitement conscients que leur addiction brise leur couple et donc leur famille par l’une ou plusieurs de ces raisons : ils exigent de leur épouse des relations dégradantes, leur vie conjugale s’étiole et meurt, ils ne sont plus eux-mêmes, leur divorce est fréquent. On doit aussi rappeler que, à l’époque où les principaux supports de la pornographie étaient des casettes puis des CD, trop d’adolescents ont découverts ces insanités, en l’absence des parents, en visionnant les distractions X de papa, mais que celui-ci s’imaginait bien cachées ; il va alors de soi que l’image du père et de la paternité, ainsi que la majorité des valeurs qu’il a cru transmettre, sont profondément dégradées. Dans plus de la moitié des cas de divorce, la femme se plaint de la dépendance de son mari à l’égard de la pornographie.

Au niveau sociétal les conséquences de la pornographie et même de toute libération sexuelle majeure sont aussi notables. Nous avons vu les réticences des autorités soviétiques devant la libre sexualité bolchevique, ce en quoi ils ne faisaient que suivre les consignes de Marx qui proclamait : « Bridez la sexualité et vous hâterez l’émancipation du prolétariat ! » [On ne peut s’empêcher de remarquer ici que si St Pie X avait à la même époque, conseillé : Bridez la sexualité (… débridée) et vous hâterez la venue du Royaume de Dieu “, cette citation serait dans tous les manuels d’éducation sexuelle comme preuve des inadmissibles ingérences cléricales dans la libre vie privée des citoyens !] La pornographie actuelle a aussi des incidences économiques. On sait que plus de 20% des hommes regardent du porno au travail. Ce phénomène est assez conséquent puisque, depuis 2011, une nouvelle jurisprudence conduit au licenciement des salariés coupables de cette infraction. Sur le lieu de travail, les pratiques pornographiques se répandent aussi, chez les hommes, du fait de certaines conversations à caractère sexuel tendant à instaurer, entre collègues, une autre “hiérarchie” que celle des responsabilités et salaires. Du fait d’une forme de lamentable émulation par le mimétisme et le défi, centrée sur des records transgressifs vus comme des performances, ce type d’encouragement serait très courant : « Comment, vous ne l’avez pas encore essayé, moi je l’ai imposé à ma copine et maintenant elle aime ça ! » Et ils seraient nombreux à céder à cette forme de bizutage, tant le paraître l’emporte maintenant sur les profondeurs de l’Être….

Les conséquences médicales sont bien connues quoique minorées ou cachées par les médias et pouvoirs publics. Evoquons brièvement que, bien au-delà de l’épidémie de sida qui frappe la communauté homosexuelle, il y a celle qui frappe les hétérosexuels parce que l’on a négligé les avertissements de certains médecins rappelant la perméabilité de la muqueuse rectale. D’autre part, on observe une précocité croissante des rapports bucco-génitaux. Corrélativement, l’on vaccine maintenant des gamines de 11 ans contre le papillome de la bouche. De fait, il y a 10 ans déjà, les nouveaux cas de ce cancer buccal étaient, pour 50%, décelés chez les jeunes de 15-24 ans.21

Il faudrait aussi parler de l’action de la pornographie sur le cerveau. La structure de celui-ci se remodèle, l’on y retrouve les changements propres aux addictions qui, par habituation, entraînent la recherche de transgression toujours plus extrêmes. On note aussi une diminution de la régulation cérébrale top-down, c’est-à-dire du contrôle exercé par les régions supérieures sur des régions plus basales.22

  1. Une capacité de déconstruction fascinante, croissante…

Nul ne peut traiter la pornographie par le dédain en prétendant y être insensible, d’autant que les mécanismes cérébraux qui la décodent comme gratifiante existent déjà dans notre cerveau ; même une vie spirituelle approfondie n’en protège pas car, bien au-delà des chairs saccagées, ce qui fascine alors, c’est la volonté délibérée des âmes de se souiller, de s’anéantir. Les stimuli fournis par la pornographie sont dits, en langage éthologique supra-maximaux, car statistiquement plus intenses que ceux d’ampleur maximale auxquels nos ancêtres ont pu être confrontés depuis des millénaires. Observer en gros plans, par pur voyeurisme, l’accouplement d’autrui n’est devenu possible qu’avec l’intrusion du cinéma pornographique. Nos capacités de régulation du stress ne sont donc pas habituées à gérer ce type de spectacle ; lorsque nos mécanismes cérébraux de contrôle sont confrontés à ces images démesurément transgressives, qui nous affectent profondément, ils se comportent comme une banale digue de protection, assaillie par un tsunami.

Le spectacle d’une destruction quasi instantanée d’une structure noble et complexe est fascinant. Souvenons-nous de l’effondrement des imposantes Twin Towers. En quelques secondes, elles vont être réduites à un lamentable et modeste amoncellement de poutrelles tordue et de poussière. Or, ce brusque effondrement – presque aussi spectaculaire que le serait l’impossible surgissement soudain d’une imposante construction à partir de gravats – est aussi fascinant qu’une scène pornographique. Dans les contes de fées on peut, par exemple, voir une affreuse bête soudain transformée par l’amour en un merveilleux prince charmant, ou encore un maladroit pantin plus ou moins bancal se muer en un gentil garçonnet ; la pornographie, elle, est comme un conte de fées à l’envers, c’est maintenant le prince charmant qui, devient subitement une sadique bête de sexe, tandis qu’aux mains des pédophiles, le gentil garçonnet est vite réduit à l’état de pantin désarticulé. Le conte est à l’envers, mais notre affectivité l’est aussi, car le sens de ces transmutations humaines ne change pas l’ampleur du bouleversement affectif qu’elles induisent. La Bible, en Genèse 2 raconte allégoriquement la Création miraculeuse de l’homme à partir d’un peu de glaise malléable animée du souffle de Dieu ; à l’inverse, dans le scénario pornographique l’on voit soudain une personne porteuse de la dignité humaine se réduire à une bête, à une machine, à un peu de boue” informe ; ainsi à la limite, la pornographie est plus qu’une déconstruction, elle se veut parfois une dé-création” à portée métaphysique. Est-ce si étonnant puisque Jean-Jacques Pauvert le spécialiste obstiné de l’édition pornographique, précisait ainsi son objectif : « En narguant les bonnes mœurs, il s’agit de narguer Dieu – et aussi de le nier – au nom des hommes. »  Que la pornographie aille croissant dans le temps tout comme les transgressions auxquelles elle conduit ceux qui s’y adonnent, est une fatalité. Cette inflation des stimuli recherchés pour maintenir ladite jouissance – en fait surtout l’excitation – est un piège qui se referme inexorablement sur le consommateur habituel de pornographie. Ce dernier voit souvent se développer en lui des tendances masochistes et surtout sadiques. La pornographie est alors d’autant plus excitante que ses victimes sont innocentes ; celles-ci, parfois non consentantes, en viennent à être séquestrées et traitées en esclave, torturées, parfois tuées. Sade, déjà, exprimait froidement : « La Nature n’a créé les hommes que pour qu’ils s’amusent de tout sur la Terre, tant pis s’il y a des victimes, il en faut. » La pornographie est donc aussi un cheminement criminel où la volonté d’humilier, de punir, de réifier, de détruire l’autre, mène parfois jusqu’au meurtre rituel. Ici encore la dimension métaphysique est palpable.

  1. … dont on constate actuellement les incidences politiques

Il est bien connu que l’excitation diminue la vigilance utile et que la jouissance, par sa capacité de saturations du vécu, tend à nous focaliser sur le présent. C’est aussi la raison pour laquelle la jouissance ne peut soutenir notre vie, car celle-ci se développe dans le continuum de la durée, laquelle ne peut être réduite à une multiplicité d’instants intemporels. Dès lors, comment des peuples entiers soumis depuis deux générations à une érotisation croissante, se muant de plus en plus en une pornographie omniprésente, pourraient-ils être capables d’envisager intelligemment leur futur et de surveiller avec vigilance les réformes qui le conditionnent ? J.- Cl. Guillebaud constate ainsi : « Croyant obéir aux promesses dionysiaques de la liberté […], nous nous sommes exposés à un prodigieux carambolage de la signification… », et d’autre part : « Le futur nous échappe […] c’est sans délai qu’il faut acheter, consommer, triompher, jouir ! […] Nous ne sommes plus portés par une représentation du futur mais emportés par une impatience obligatoire. »23 La sexualité débridée, telle une drogue, est un redoutable hypnotique qui peut conduire des peuples entiers à être dans l’impossibilité de percevoir les menaces pesant sur leur avenir. Nous retrouvons ici Soljenitsyne stigmatisant la pornographie comme facilitant l’asservissement des nations.

L’Occident, jadis chrétien, va, depuis un demi-siècle de reculades en reculades, il n’a cessé de s’auto-mutiler dans sa population, dans ses mœurs, dans sa culture, dans ses valeurs et leur transmission, dans ses croyances et finalement dans l’estime de lui-même et dans ses institutions. Sa déchéance, orchestrée par les médias, est d’une ampleur et d’une rapidité dépassant de loin celle de l’empire romain. Or, ces dérives toujours plus suicidaires n’ont provoqué que des réactions modestes et aussitôt vilipendées. Qu’est-ce qui a pu entraîner, et entraîne encore, ce phénomène accéléré sans précédent dans l’histoire de l’humanité ? Comment expliquer un tel aveuglement, une telle passivité chez ceux dont on hypothèque de manière de plus en plus flagrante l’avenir ainsi que celui de leurs enfants ? La réponse implique de multiples facteurs : la société de consommation et les loisirs, l’incessante surstimulation due aux dissonances, de ce monde – des prétendues “musiques” aux prétendues “informations”– l’étiolement de l’intériorité, le mimétisme grégaire singeant l’appartenance et aussi sous prétexte de lucidité, la dérision chronique et la perte de la ferveur, ce vecteur de communion, remplacée par l’effervescence qui disperse.

Mais aucune de ces “dys-tractions” (comme l’écrivait une philosophe dont le nom m’échappe) n’est suffisante. Pour obtenir un tel aveuglement devant l’essentiel ; les stimuli parasites ne suffisent pas, il faut obturer les yeux de l’âme et endormir la conscience. Or, la seule drogue hypnotique capable d’obtenir un résultat de cette ampleur, par effet de sidération et par les pensées et comportements obsessifs qu’elle induit, est la sexualité débridée. Oui, les Miller, Reich, Vaneigem, Marcuse, tout comme leurs continuateurs, sont de fins politiques et d’habiles stratèges.

Posons ici une hypothèse. Est-il si certain que la décision de libérer la diffusion de la pornographie, initiée six mois avant la légalisation de l’avortement par la même Simone Weil était totalement fortuite ? Ou bien, avant d’appliquer le douloureux cautère de l’avortement sur la France, lui parût-il utile de donner préalablement, à celle-ci, un peu plus de cet efficace l’hypnotique/anesthésique qu’est la pornographie ?

La dégradation des mœurs par la révolution sexuelle suppose aussi une mutation de la culpabilité, on est passé en ce domaine, de l’amoralité à la recherche délibérée de l’immoralité et à l’évacuation totale de la culpabilité. Au demeurant la culpabilité est l’un des fondements de la conscience et de la valorisation de l’image de soi. La culpabilité est un invariant constitutif de la nature humaine, on ne peut guère l’annihiler (sauf par lésions cérébrales) mais on peut assez facilement la déplacer en en changeant l’objet. Observons bien ceux qui récusent toute culpabilité par rapport à la morale chrétienne (tout spécialement sexuelle et familiale) et, en parallèle, considérons toutes les culpabilités politiques, qu’ils inventent, exacerbent, voire, imposent, décrétant ainsi de nouveau péchés mortels, parfois psychiatrisés sous le vocable de phobies, et souvent sanctionnés par la loi. Ainsi s’explique que tuer la fouine qui ravage un grenier est maintenant considéré comme bien plus grave que de déchiqueter un tout petit humain. Cette tactique de l’instauration de nouvelles culpabilités explique que certains pays occidentaux, multiplient – relativement à des passés lointains – des repentances, souvent très exagérées à l’égard de ceux qui eux n’en feront jamais, cette remise en cause étant étrangère à leur culture.

III : les voies ordinaires d’accès à la pornographie

  1. L’érotisme moteur de la sexualité : ses fruits, ses racines et ses embarras

L’érotisme ne devrait être qu’au service de l’amour et donc du mariage. Il est du seul domaine des époux de se réserver des moments de séduction. Contrairement à ce l’on prétend généralement, c’est bien plus l’amour qui peut sauver l’érotisme que le contraire, surtout chez la femme24, parce qu’il va de soi, que seul l’amour, s’il est promesse ancrée dans la durée peut donner sens aux instants hédoniques. Même le transgresseur que fut Georges Bataille le reconnait : « L’érotisme n’est lié, que dans le mariage, au souci d’une solution heureuse. »25 Au demeurant, l’arbre de l’érotisme doit être régulièrement élagué, car il est de lui-même luxuriant, et pourrait devenir luxurieux ; ses fruits doivent être consommés jeunes, car ils sont sujets à l’inflation et si l’on n’y prend garde, les fruits de l’érotisme risquent trop souvent de devenir indiscernables de ceux de la pornographie. Mais il est vrai que, dans le couple, l’importance de l’érotisme et de la sexualité en acte décroît normalement en fonction du temps, tout comme la fréquence des rapports sexuels. Ce n’est pas une infirmité, c’est une maturation. Notons à ce propos que même pour les jeunes couples, le bien-être n’augmente pas au-delà d’une fréquence hebdomadaire.26 Wilhem Reich qui conseillait des milliers d’orgasmes, ici aussi, avait tort.

L’érotisme conjugal est donc naturel mais demande à être piloté avec discernement et vigilance. Finalement, la seule chose qui puisse séparer l’érotisme conjugal d’une dérive vers la pornographie, c’est la notion de limite a priori. En effet, il arrive alors trop souvent que l’on exhibe, sous le vocable d’amour, des pratiques vulgaires imitées du porno. L’amour véritable ne se jauge pas à l’aune de sincérités successives motivées par la jouissance, mais à des exigences objectives, intangibles comme les valeurs qui nous dépassent. Dans le domaine de la sexualité, tout ce qui dérive finit par s’échouer sur des rivages imprévus souvent dangereux pour la dignité humaine et pour le couple. Il est sage de n’avoir – comme le dit si bien le philosophe et théologien Frédéric Marlière – « … que la sexualité de son amour, comme on ne doit avoir que le langage de sa pensée… », et encore : « ce n’est pas l’exercice de la sexualité, comme telle, qui peut réaliser l’intégration affective, mais l’expérience généreuse d’un amour nuptial, au prix d’une réelle maîtrise de la sexualité. Parler pour le seul plaisir de parler n’a jamais permis d’apprendre à penser ni à réfléchir ; ainsi de l’exercice de la sexualité qui n’a jamais permis d’apprendre à aimer. »27 Les exigences de l’amour dépassent infiniment le registre de ce qui nous plait. Lorsqu’un couple s’aime vraiment, il ne fait pas tout ce qui plait à l’un, ou à l’autre, ou même aux deux, parce que la convergence des aspirations subjectives, rebaptisées “authenticité” ne suffit pas à faire une vérité. Evidemment lorsque St Augustin écrit : « Aime et fais ce que tu veux » il affirme préalablement la totale adhésion à l’agapè divine – qui a ses exigences – a fortement élagué notre registre du vouloir hédonique ; mais en pratique, surtout en notre époque de décomposition morale, ce conseil, sorti de son contexte, est risqué. Notre entendement a, en effet, rarement la capacité d’embrasser simultanément – surtout dans une situation saturée d’affects – l’éventail des exigences spirituelles avec celui des praxis pulsionnelles. Au demeurant, l’érotisme, du moins s’il s’inscrit dans une promesse qui le légitime et des valeurs qui le dépassent, n’a pas à être vécu comme humiliation, ainsi que le prétend explicitement, par ailleurs, Malraux. Cependant objectivement considéré comme l’artifice qu’il est toujours, mais dont notre libido a besoin, il ne peut qu’être source d’humilité.

Il est en effet utile de pouvoir considérer d’un regard éthologique, nos motivations érotiques. Considérons un oiseau entrain de couver ; si l’on retire l’un de ses œufs, pour le placer devant lui –tout en y adjoignant un œuf en plâtre parfaitement imité, mais plus gros – on constate que c’est toujours ce dernier qu’il rapatrie en premier sous son ventre. Dans le cadre de son comportement reproductif, la taille de l’œuf est un stimulus très primitif mais imparable. Or, on retrouve largement cette dictature du quantitatif dans la sensibilité masculine à l’esthétique d’une “belle” poitrine, au point que certaines femmes en viennent à abuser des prothèses en silicones – au mépris même de l’esthétique – pour augmenter leur pouvoir séducteur par cet artifice quantitatif. Il est vrai que les hommes ont l’excuse d’être congénitalement dotés d’un système visuel qui spontanément, alors qu’il perçoit la silhouette masculine comme un tout, non moins spontanément, détaille l’image d’une femme par “morceaux”28. Notons que la femme est dispensée de cette infirmité innée, laquelle est d’ailleurs amplifiée par la pornographie. Une autre infirmité de nos désirs érotiques tient au fait qu’ils sont dynamisés par les transgressions. Même les auteurs classiques en convenaient sous la plume de Boileau : « On se lasse bien vite quand une chose est due, l’on s’empresse bien plus pour une défendue, et quand le nom d’amant se change en nom d’époux, l’amour perd aussitôt ce qu’il a de plus doux. » L’érotisme est aussi alimenté par les fantasmes. Ils reflètent des désirs transgressifs plus ou moins conscients. Les fantasmes des hommes sont généralement plus régressifs que ceux des femmes, mais ici encore ladite parité” progresse. Il y a une trentaine d’années le principal fantasme féminin était d’être violée, scénario certes déshumanisant, mais vécu passivement. Tout récemment, dans une étude américaine29 – soutenant malheureusement la légitimation de toutes les paraphilies – on apprend que le phantasme premier (étonnamment, maintenant pour les femmes comme pour les hommes) est la sexualité de groupe, c’est dire la négation totale de la sexualité dans sa possible participation au fondement du couple et de la famille. Le moi n’y communie plus alors à un “Toi”, mais s’y dissout dans la promiscuité du “on”, dans l’indifférenciation des chairs, la plus sordide, et cette fois, activement !

Peut-être en réaction contre la pression médiatico-sociale, mais également à cause de la menace croissante des dérives sexuelles délétères, et également par goût personnel, certains, couples, – souvent hors de toute préoccupation morale ou religieuse – en viennent à s’abstenir de quasiment tout rapport sexuel. Apparu au début des années 2000, ce mouvement ne s’étend pas, mais ne disparaît pas. Un commentateur précise : « Le couple comprend intuitivement que c’est de sa tranquillité, de son asexualité qu’il tire sa force de cohésion et qu’il aurait tort de faire entrer le loup dans la bergerie et de mettre tout l’édifice en danger. »30 Notons que ceci n’est pas sans évoquer les résultats d’une enquête des années 80 où 72% des femmes estimaient qu’elles seraient sexuellement satisfaites au cas où “leur homme” se contenterait de les enlacer tendrement sans aller jusqu’à l’acte sexuel. En 2001 le sexologue Sylvain Mimoun pouvait encore écrire : « Il y a de nombreux couples pour qui le contexte de la sexualité conjugale est presque une histoire de compromis entre ce qu’elle attend de la vie et ce qu’il attend du sexe. » Mais depuis, la sexualité humaine a été tellement, vantée, adulée, idolâtrée, que ce veau d’or est devenu intouchable, et que l’on a oublié les profondes considérations de certains psychiatre/psychanalystes tels que celles du professeur Paul Verhaeghe : « Pour la femme, l’orgasme n’est pas un must, [mais fréquemment vécu, au contraire] comme une gêne à cette autre jouissance : la symbiose », et encore : « La poursuite du maximum de satisfaction sexuelle comme signe de bien être psychologique et de bonne santé est, sans nul doute, l’un des plus grands mythes de l’ère contemporaine […] Personne ne jouit moins que celui ou celle qui a tout vu et tout vécu. »31 Mais les modes, boostées par les médias, l’éducation, la “culture”, l’ont emporté sur les réalités humaines, sur la vérité.

Rappelons enfin, que l’abstinence ne signifie pas névrose, surtout si elle est librement choisie, et que la sublimation de la sexualité, pour des raisons supérieures, n’est pas moins gratifiante que sa consommation comme le souligne Freud. Celui-ci, pour sa part, arrêta toute activité sexuelle, passé 40 ans précisant n’avoir plus besoin de ce type de stimulation ; parachever son œuvre lui suffisait. Le célèbre analyste, Jacques Lacan rappelait, pour sa part, que « La sublimation n’en est pas moins la satisfaction de la pulsion, et cela sans refoulement ». Et c’est justement cette distillation de la pulsion sexuelle, cette sublimation, qui peut faciliter, voire permettre, aussi bien une œuvre magistrale, qu’une vie spirituelle ineffable, ou tout simplement l’élévation de l’amour conjugal ; le psychiatre spécialiste de l’addiction, Claude Olievenstein, s’étonnait à ce propos : « Tout le monde devrait savoir que tout amour passe par la sublimation de la sexualité qui n’est que ce qu’elle est, l’espace d’un instant ».

  1. De l’érotisme sans frontières…

La pornographie est un bouc émissaire parfois trop commode. On la vilipende à juste titre, mais c’est parfois pour mieux dédouaner l’érotisme de toute suspicion. Cependant, où fixer la frontière, comment la définir ? Alain Robbe-Grillet, chef de file du “nouveau roman”, reprenait à son compte cette boutade d’André Breton : « La pornographie, c’est l’érotisme des autres ! » Robert Escarpit en bon marxiste remarquait, lui, que « L’érotisme est une pornographie de classe » et que lorsque « la pornographie se vend en édition de luxe, elle s’appelle érotisme. » Ainsi, il est vrai que Régine Deforges, éditeur et auteur pornographique – que ne rebutait pas plus la zoophilie que l’inceste – fut condamnée comme telle, peu après 1968, à la perte de ses droits civiques. Pourtant, elle se retrouvait au début du XXIe siècle promue écrivain érotique distingué. S’y ajoutait une approbation publique et gouvernementale, étant dès lors : présidente de la Société des gens de lettres, officier de la Légion d’honneur, membre du Conseil économique et social, etc. On doit donc constater avec Gilles Lapouge que « L’érotisme est souvent la pornographie de la veille. » Il ajoute même cette subtile pierre de touche : « Dis-moi ce que tu tiens pour pornographique et je te dirai qui tu es. »32 Les limites érotismes-pornographie sont donc subjectives et fluctuantes. Reste cependant une chose certaine, la dérive se passe toujours dans le même sens, autrement dit l’érotisme jugé culturel, esthétique, poétique, convenable ne cesse d’incorporer ce qui était hier considéré comme dégradant. Que signifie cette progression qui va si bien avec le progressisme, et jusqu’où ira-t-elle ?

Considérons l’évolution de la pudeur. Dans l’opéra de Puccini, La Bohème (1896) on trouve cette phrase étonnante : « Relevant sa robe, et montrant sa cheville elle a l’air de provoquer les passants ». Claude Bernard s’était ainsi mis en colère contre une étudiante du premier rang qui, lors de ses cours, opérait de même. Heureux hommes de cette époque qui mis en émoi par des stimuli aussi anodins avaient tout loisir d’assouvir, progressivement, leur libido dans un contexte naturel avant d’arriver à l’acte sexuel. La pudeur éloigne le risque de pornographie ; on l’a récusée comme étant un obstacle à la jouissance, mais en fait elle augmente et grandit le désir masculin, car il est autrement fascinant d’être à l’orée d’un domaine réservé plutôt que face à un étal. A notre époque ou l’impudeur et l’exhibitionnisme ont dévalué les signifiants sexuels naturels, il est fatal que les transgressions déshumanisantes soient omniprésentes et en inflation ; la frontière du tolérable en matière d’éthique sexuelle, ne cesse d’incorporer de nouveaux marécages… où s’enlise la responsabilité et la dignité humaine, au niveau individuel, comme au niveau collectif.

Cette régression par des transgressions croissantes, outre la volonté de renouveler la jouissance est aussi favorisée par l’envie immature de tout essayer. Comme le remarque P.- A. Taguief : « Dans ce monde sans pourquoi, sans fondements ni finalités, règne le “pourquoi-pas ?”, dont le parfum relativiste enivre les esprits… » Il faut aussi compter avec le mimétisme, fruit direct de la raréfaction des individus dotés d’une personnalité affirmée corrélative d’une intériorité consistante.

Cette dérive n’est pas seulement comportementale, elle emporte avec elle des pans entiers de la morale. En effet, cela est bien connu en psychologie depuis les travaux déjà anciens de Léon Festinger. Ceux-ci confirment tout simplement que les valeurs finissent toujours par s’aligner sur les comportements. Cela avait été parfaitement exprimé par St Thomas d’Aquin et c’est ce que résume le dicton Yiddish « Commets dix fois une même transgression et tu la croiras licite », à cela près que Festinger constate que souvent, une seule fois suffit ! Cette vérité fut reconnue et instrumentalisée aussi bien par Sade : « Prenons l’habitude et le remord s’évanouira », que par Marx : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur manière d’être, mais c’est leur manière d’être qui détermine leur conscience », d’où l’importance de la praxis révolutionnaire, et de l’engagement en général. La boussole éthique de la conscience étant faussée, la perception de la culpabilité devient alors quasiment impossible. Ceci rejoint, dans le domaine religieux, cette problématique soulignée par Kierkegaard : « Il est de la nature du péché d’avoir une très faible conscience de lui-même. »

On comprend au vu de ce continuum érotisme-pornographie que ce soit le premier qui soit ciblé par ce philosophe de l’insaisissable que fut Jankélévitch. Bien que soutenant les gauchistes en 1968, et né dans la psychanalyse(son père était le traducteur officiel des œuvres de Freud) il sut dénoncer d’emblée ladite libération sexuelle : « L’érotisme accablant, suffocant où nous sommes plongés et qui sert […] à abêtir le genre humain, n’est ni une cause, ni une conséquence de la sécheresse contemporaine, il est cette sécheresse elle-même », et encore : « Si tout est permis, rien n’est possible. » Citons encore un autre gauchiste repenti, Régis Debray : « La “pacification des mœurs” repose en définitive sur le renoncement à nos satisfactions infantiles, sur le sacrifice toujours laborieux de nos ardeurs, notamment sexuelles. » Par contre, quelle désolation d’entendre Mgr. Gaillot affirmer : « Les appels à la morale, dans la vie sexuelle sont en dehors de notre temps. »

  1. … à l’invasion de la pornographie.

Le propre d’une invasion étant d’être protéiforme et difficilement cernable, nous nous contenterons de présenter brièvement dix constatations scientifiques récentes (surtout d’origine américaine) qui en jalonnent l’ampleur et l’altération des comportements de la jeunesse :

Les femmes et la pornographie : Les hommes sont certes, depuis toujours beaucoup plus portés sur la pornographie que les femmes, mais l’écart se rétrécit, celles-ci (peut être partiellement par désir mimétique du sexe jadis réputé fort) représentent maintenant, en France, le tiers des consommateurs de pornographie, mais aux USA on trouve plus de 40% de consommatrices. La parité est en marche. Quelles mères auront les rares enfants de demain ?

Les femmes et la pédophilie : 43% des jeunes collégiens et étudiants rapportent avoir été agressés sexuellement (propos, attouchements) par des femmes adultes connues et de leur entourage, ces agressions allant dans la moitié des cas jusqu’au rapport sexuel.

La banalisation des rapports bucco-génitaux chez les plus jeunes : Observés au Canada dans l’équivalent du CM2, pratiqués par plus de 3/4 des adolescents, ils sont souvent considérés en Amérique du Nord, comme des rapports anodins, non-sexuel. Quoi d’étonnant, puisque des petites filles dès 7 ans s’imposent d’elles-mêmes des “régimes” de peur de ne pouvoir atteindre le profil mannequin, et que le psychiatre B. Cyrulnik se désole du fait que trop d’entre-elles soient habillées, ou plutôt déguisées, en “friandises sexuelles“. Plus d’une adolescente sur quatre à une MST.

La banalisation des rapports ano-génitaux : C’est une des conséquences de la parité affirmée entre rapports hétéro et homosexuels. Elle touche aussi les jeunes. Ce sont les garçons qui y poussent les filles, motivés d’abord par le fait de vouloir par cet exploit (sic) en imposer aux copains, estimant que les filles doivent en supporter et la douleur et la mauvaise réputation (ce qui prouve que cela est raconté, exhibé). Les filles sont normalement réticentes mais les garçons sont persuadés de pouvoir les convaincre. Ce machisme se traduit aussi par le fait qu’ils s’en vantent, tandis que la fille qui l’a finalement accepté est traitée en déchet. Beaucoup veulent copier ce qu’ils ont vu dans des séquences porno, bien que la grande majorité des hommes n’y trouvent pas la jouissance attendue et que les femmes ne l’acceptent que par désir de transgression/humiliation.

Le harcèlement sexuel par Internet : Ce moyen de communication permet d’envoyer des propos érotiques, obscènes, dominateurs, violents, insultants, ou des images privées dans le but de s’attacher et de manipuler un partenaire sexuel habituel ou occasionnel ou désiré (le plus souvent pour obtenir un type particulier de rapport sexuel.) Il commence souvent dès l’adolescence et a conduit certaines victimes au suicide. Il est, ou a été pratiqué, par plus de 80% des américains !

Le sexting : envois de photos très intimes par téléphone portables. C’est un fléau des collèges. Il participe d’une dynamique de groupe à laquelle peu arrivent à échapper, au prix d’une ostracisation onéreuse. Beaucoup de filles, dès 14, voire 12 ans, cèdent au harcèlement du copain du moment, où l’acceptent pour devenir populaires (mini star porno locale). 20% des ados ont envoyé ce type de photos et 25% les ont retransmises. Bien vite ces photos sont diffusées, et utilisées pour dégrader, anéantir la réputation des victimes féminines (cas de suicides répertoriés).

Les demandes de vulvoplastie chirurgicales augmentent rapidement (+80% de 2014 à 2015). Les demandes émanent parfois (avec l’aval de la mère) de très jeunes adolescentes (11 ans). Tout l’exhibable doit être conforme aux canons de l’esthétique (selon les normes pornographiques).

L’”évolution de la moralité : Aux parents et aux enseignants qui s’inquiètent de la disparition de la morale sexuelle, certains psys rétorquent : que de nouvelles valeurs morales sont apparues, telle : la tolérance“. Une étude met en évidence que les étudiantes “sérieuses” en jugent d’autres “infréquentables” à cause de la promiscuité de leur vie sexuelle… Mais comment est fixé le seuil de cette ostracisation ? Avoir eu à 20 ans une vingtaine de partenaires ! Il est vrai que le nombre moyen de partenaires sexuels, pour les deux sexes, est de 8 vers la quarantaine.

L’avancée de l’âge de la puberté : Il est bien connu chez l’animal que la proximité d’animaux en rut peut accélérer leur maturation sexuelle. L’érotisation permanente de la société opère de même chez les enfants. L’avancée de la puberté chez les garçons américains, en 5 ans a été de 6 mois à 2 ans suivant l’origine ethnique. Ceci diminue la phase de latence, pendant laquelle les fonctions cognitives progressent rapidement avant de subir les orages perturbateurs liés à la puberté. Ceci ne peut qu’affecter le quotient intellectuel (lequel a diminué de 4 points en France en 10 ans)

Des “maisons closes” pour zoophiles, s’ouvrent en Allemagne. Seules les ligues protectrices des animaux protestent. Il est vrai que l’on a découvert que l’excitation sexuelle diminue les réactions naturelles de dégoût, ce qui explique bien des choses dans le domaine de la pornographie.

Dans cette marche à l’abîme la France est bien dotée avec un nombre record de chaînes pornographique : 71 ; nous suivent : l’Allemagne : 60, la Grande-Bretagne : 36, l’Italie : 18.

Régine Deforges expliquait : « En 1968, lorsque j’ai écrit mon premier roman érotique, seulement 10% des personnes entrant dans une librairie s’intéressaient à la littérature érotique. » Depuis, elle fit fortune. Que de chemin parcouru, un chemin sur lequel il est humainement impossible de revenir. D’autant que de gros intérêts politiques et financiers, la pression sociale, et un conformisme débile verrouille présentement ce cataclysme programmé.

IV : Les réaction paradoxales de certains catholiques

  1. De l’irénisme…

Certains catholiques sincères vantent la sexualité comme tout particulièrement sanctifiable et sanctifiante. Pourquoi pas, on peut construire une cathédrale avec des matériaux divers, s’ils sont sanctifiés. C’eut sans doute été possible pour des émules de Paul et Virginie sur une ile déserte sans TV ni Internet, et encore envisageable pour de jeunes croyants vivants dans les dures conditions matérielles et psychologiques des pays sous joug communiste juste après la guerre – car leurs seules obsessions étaient d’échapper à la police politique, de trouver à manger, de défendre leurs valeurs, etc. Mais cela est devenu infiniment plus difficile dans nos sociétés occidentales actuelles,

chroniquement érotisées jusqu’à la nausée. Tout les jeunes, bon gré mal gré ont maintenant été confrontés à des images pornographiques qu’ils n’oublieront pas, même s’ils les récusent et n’en voient plus jamais, parce qu’elles furent, au moins initialement, un traumatisme. Or il est quasiment impossible de bâtir une cathédrale sur un terrain encombré par des ruines de lupanars quasi inamovibles, sans compter celles de l’agressivité (il est significatif que presque toutes les injures relèvent de la sexualité). Ces mêmes croyants affirment que l’instinct sexuel est un don de Dieu. En un sens c’est vrai, car sans la pulsion sexuelle et génésique, l’humanité n’aurait pu à ce point “croître et multiplier”, et Valéry Larbaud, il est vrai d’une époque plus civilisée que la nôtre, écrivait joliment : « Je n’ai jamais pu voir les épaules d’une jeune femme sans songer à fonder une famille. » Cependant, il faut bien voir que ce don destiné à suppléer à l’égoïsme intergénérationnel humain, conduit à d’autres formes d’égoïsme. Finalement cet instinct n’est qu’une sorte de prothèse comportementale qui a ses avantages reproductifs et relationnels, mais aussi ses défauts. Il relève en effet d’un mécanicisme qui montre toutes ses limites surtout s’il n’est pas contrôlé au nom des valeurs. Bien évidemment les couples chrétiens ont aussi droit au plaisir sexuel et normalement ils le recherchent, satisfaisant en cela à leur désir d’union et à l’instinct sexuel. Mais c’est le même instinct sexuel qui sous-tend les infidélités et le goût pour la pornographie ! L’exercice de la sexualité conjugale, elle-même, n’est pas toujours anodin et St Jean-Paul II rappelait les risques « d’adultère dans le mariage. » Cet instinct sexuel ne saurait donc être un référentiel magnifiant n’importe quoi. L’instinct sexuel est comme la pesanteur, on ne saurait l’exclure de la “dynamique des corps” mais tout ce qui s’élève, défie ses lois.

Les mêmes catholiques insistent aussi un peu lourdement sur la glorification du corps sexué – au point que l’on entendit, il y a peu, l’un de ses supporters, sur une radio très conservatrice, louanger les pollutions nocturnes comme signe de transmission de la vie ! Cependant, notre corps n’est pas encore “glorieux”, il est tributaire de l’infirmité des mécanismes qui le constituent. Ainsi, si l’on présente à un homme vertueux des images érotiques, même s’il les récuse bien sincèrement, il est très probable que son corps réagisse quasiment comme celui d’un homme ordinaire. C’est dans ce contexte que St Augustin disait avoir honte des « membres qui se meuvent d’eux-mêmes. » Lorsque certains tenants de cette conception érotico-irénique affirment que la personne humaine n’a pas un corps, mais qu’elle est un corps, on croirait presque entendre Simone de Beauvoir s’exclamer : « Le corps, après tout, on n’a que ça ! » A ces affirmations réductrices, répondent le distinguo posé par le philosophe Louis Lavelle : « J’ai une nature sans pouvoir dire que je la sois. » Cette “nature”, que notre liberté utilise pour mieux la dépasser, est effectivement codée dans des logiciels cérébraux, dans des équilibres hormonaux, etc. bel et bien corporels. D’ailleurs Benoît XVI nous rappelle que « le corps contient aussi un langage négatif : il nous parle de l’oppression de l’autre, du désir de posséder et d’exploiter. » 

Certains catholiques fervents de cette promotion de la sexualité – et que Henri Tincq félicite comme “décoincés”– poussent aussi la rationalisation théologique concomitante trop loin. Exprimer, comme l’un des promoteurs de cette vision, que l’homme ne devient image de Dieu qu’avec la possibilité de l’union charnelle – cela étant même prétendument plus important que le fait d’être une personne capable d’activité spirituelle – c’est minorer l’immense signification spirituelle de tous les consacrés, hommes et femmes, qui ont, pour se donner à Dieu et à leurs frères et sœurs, refusé cette possibilité ; c’est aussi méconnaitre ou rabaisser l’union mystique.

  1. … à la compromission

Il est consternant d’entendre certains propos d’ecclésiastiques, comme ceux de l’ancien président de l’Ecole-cathédrale, énonçant froidement, aux Bernardins en 2014 (lors d’une conférence n’ayant d’ailleurs rien à voir avec la sexualité, et où j’étais présent) : « La religion doit pouvoir évoluer, c’est plus beau avec la théorie du genre. » Quelle tristesse, surtout en songeant qu’aux USA – sous l’influence des enseignements officiels corrélatifs – dans l’équivalent des classes de cinquième, un tiers des fillettes de 12 ans se déclarent maintenant bisexuelles !

Je ne vais pas faire ici un panégyrique négatif des attitudes catholiques frelatées concernant l’involution de la morale sexuelle, mais on ne peut passer sous silence les paradoxes de la plus grande université catholique des USA. Notre-Dame University. Son Président le Révérend John I. Jenkins, non seulement tient beaucoup à son festival annuel du film “gay“, mais il a – malgré les protestations des anciens élèves et d’ Évêques – imposé la représentation annuelle de la pièce “Les monologues du vagin”, pour le jour de la St Valentin, au point que les étudiants ironisent sur le “V Day” qui ne signifie plus “Valentine’s Day” mais “Vagina’s Day“. Parmi ces monologues, une lesbienne y explique comment séduire une jeune fille… A proximité, se trouve une reconstitution de la grotte de Lourdes… Que de non-sens, et de lâchetés dus au désir de suivre la mode de l’adulation des sens. La somme des incohérences que la peur d’être méjugé par ce monde – qui lui ne croit pas au Jugement de Dieu – aura pu faire accomplir à bien des chrétiens, est considérable.

Il faut enfin évoquer un phénomène assez récent, l’engouement de maintes institutions catholiques françaises pour Thérèse Hargot, une jeune sexologue philosophe, usant de son allure moderne et séduisante, qui à l’immense mérite de s’opposer à la contraception et à l’avortement – encore que ce soit pour des raisons essentiellement écologiques – ainsi qu’à la pornographie mais surtout parce qu’elle interfère avec l’harmonie érotique du couple.

En fait, dans ses propos, rien n’est catholique si ce n’est par coïncidence. Elle réprouve même la morale sexuelle de l’Église au point d’enjoindre à celle-ci de se taire, tout particulièrement dans sa réprobation de la masturbation. S’adressant à des religieuses, elle pousse la provocation jusqu’à leur dire : « Heureusement que vous avez la masturbation ! c’est le seul moment où votre corps est touché, vos pulsions évacuées, votre sexe considéré ».  Remarquons tout d’abord que si l’on peut tenter d’évacuer la tension provoquée par les pulsions, celle-ci réapparaîtra bientôt car on ne saurait “évacuer” les pulsions elles-mêmes, car elles sont ancrées dans les profondeurs de notre être. On peut en revanche les combattre, les contrôler ; ainsi Sigmund Freud affirmait « La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions. » Il faut pour cela s’y entraîner très tôt : « Nous voulons que l’enfant contrôle ses pulsions sexuelles, car si elles passent constamment les barrières, son développement psychique risque d’être retardé ou interrompu. » surenchérissait sa fille Anna Freud, également analyste. Quant à la remarque de notre “philosophe”, faite aux religieuses, sur leur “sexe enfin considéré” – sans vouloir suspecter cette sexologue d’avoir voulu faire un jeu de mot argotique – quelle pauvre “sidération” !

La masturbation reste un acte désordonné consistant à rechercher dans l’excitation solitaire une forme d’auto-jouissance où le sujet se traite comme une machine pour obtenir de son corps une réaction machinique, cette double “machination” n’est qu’une drogue qui, surtout si elle devient machinale, habituelle, a aussi le pouvoir d’obséder, d’obscurcir l’esprit. L’excitation sexuelle n’a de sens que pour faire passer un courant dans un couple ; par contre, s’en servir pour réaliser des courts-circuits de concupiscence autistique“, isole un peu plus celui qui la pratique. Elle ne prépare en rien à la vie d’un couple, au contraire, elle augmente les risques de percevoir l’autre comme un instrument masturbatoire et de renfermer l’échange charnel amoureux dans la case scellée de l’autoérotisme. On retrouve ici l’une des grandes ambiguïtés de l’union sexuelle si bien résumée par la psychanalyste Baldine Saint-Giron : « La possession fera toujours problème à celui qui, s’efforçant vers l’amour, prend conscience du risque d’enlisement de sa jouissance dans un plaisir marqué d’autoérotisme. »  Plus la masturbation aura été tolérée, cultivée, plus ce risque d’abîmer le rapport sexuel dans sa dimension conjugale – en tant que communion – sera important.

ÉPILOGUE

Nous confierons la conclusion de cette brève étude, qui complète un ouvrage plus général33, à deux penseurs qu’unissait au moins une noble attitude : leurs lucidités respectives ne se refusaient pas à la ferveur, comme toutes celles qui atteignent à la dimension prophétique :

« On ne comprend rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. »

Georges BERNANOS (1946)

« Deux siècles à l’avance […] Sade a seulement cru qu’une société basée sur la liberté du crime devait aller avec la liberté des mœurs […] Notre temps s’est borné à fondre curieusement son rêve de république universelle et sa technique d’avilissement. »

Albert CAMUS (1951)

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Références principales

1 – Correspondance générale d’Helvétius, Vol. 2, p. 305, Univ. of Toronto Ed., 1984.

2 – Lynn Hunt : The Invention of Pornography Obscenity and the Origins of Modernity, 1993.

3 – Richard Poulin : La violence pornographique, p.27. Ed. Cabedita, 2000.

4 – L’effarante politique familiale des Nazis : http://www.histoire-en-questions.fr/ , 2012.

5 – Grigori Batkis : La Révolution sexuelle, 1923. Trad. anglaise depuis l’édition allemande de 1925. https://www.marxist.com/the-sexual-revolution-in-russia.htm

6 – Boris Pilniak : Ivan et Maria, Edition berlinoise, p. 71, 1922.

7 – Léon Blum : Du mariage, 1907, 84ème édition, Albin Michel, 1937.

8 – Gérald Robitaille : article : Henry Miller. Encyclopædia Universalis, 1990.

9 – Le Salon Beige, C’est arrivé un 1er août…, 01.08.2015 http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2015/08/cest-arriv%C3%A9-un-1er-ao%C3%BBt.html

10 – Wilhelm Reich : La lutte sexuelle des jeunes. Edition pirate, Paris, 1966.

11 – Raoul Vaneigem : Traité du savoir-vivre à l’usage des jeunes générations. Gallimard, 1967.

12 – Herbert Marcuse : Eros et civilisation, 1955, trad. Éditions de Minuit, Paris, 1963.

13 – ” ” : La fin de l’utopie, Seuil, 1968.

14 – Patrick Démerin : Communautés pour le socialisme, François Maspero, 1975.

15 – Edouard Kostiachkine in revue Impact, publié par l’UNESCO, décembre 1968.

16 – Raoul Vaneigem : Le livre des plaisirs, Labor, 1979.

17 – André Malraux : Préface à L’amant de Lady Chatterley, 1946.

18 – Amy Bnomi et al. : Fiction or Not ? Fifty Shades is Associated with Health Risks in Adolescent and Young Adult Females. J. of Women’s Health, DOI: 10.1089/jwh.2014.4782, 08.2014.

19 – Dominique Folscheid : Sexe mécanique, La Table ronde, 2002.

20 – Michela Marzano : La pornographie ou l’épuisement du désir, Buchet Chastel, 2005.

21 – Sexually Transmitted Infections in the United States, CDC, 2013. Stateshttps://www.cdc.gov/nchhstp/newsroom/images/2013/IncidenceSTI-2008.jpg

22 – S. Kühn & J. Gallinat : Brain structure and functional connectivity associated with pornography consumption : The brain on porn. JAMA Psychiatry, Vol.1;71(7) p. 827-34, 07.2014.

23 – Jean- Claude Guillebaud : La refondation du monde, Seuil, 1999.

24 – Penn State Univ.: Does love make sex better for most women? ScienceDaily, 19.08.2014.

25 – Georges Bataille : Le coupable, Gallimard, 1944.

26 – Amy Muise et al. : Sexual Frequency Predicts Greater Well-Being, But More is Not Always Better.

Soc. Psychological Personality Sc., Vol. 7,4, p. 295-302, 05.2016.

27 – Frédéric Marlière : Et ils virent qu’ils étaient nus. Anne Sigier, 1990.

28 – S.J. Gervais et al. : My Eyes Are Up Here : The Nature of the Objectifying Gaze Toward Women,

Sex Roles, Vol. 69, 11-12, p.557-570, Dec. 2013.

29 – Justin Lehmiller : Tell Me What You Want, The science of sexual desire, Da Capo Press, NY,2018.

30 – Jean-Philippe de Tonnac : La révolution asexuelle, Albin Michel, p.88, 2006.

31 – Paul Verhaeghe : L’amour au temps de la solitude, Denoël, 2000.

32 – Gilles Lapouge : Pornographie, Encycl. Universalis, 2018.

33J.-M. Olivereau (sous le pseudonyme d’André Bergevin) : Révolution permissive et sexualité. De la tolérance à la transgression, François Xavier de Guibert, 400p., 2003.

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