Dans un article paru hier 4 novembre, veille de l’audience devant statuer sur les référés contre l’interdiction de la messe, le quotidien d’extrême gauche fait le point sur les différents recours et relève que c’est à nouveau Civitas qui est à la pointe du combat.

Il est évident que cette “mise en abyme” de Civitas n’est pas innocente et vise évidemment à opposer, voire à diviser, les catholiques qui défendent leur droit à la messe. Il est aussi évident que personne ne tombera dans ce piège grossier.

A bon entendeur, salut !

L’article de Libération

« Les évêques en croisade pour la messe

Sous pression de son aile tradi, l’épiscopat français a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour demander la reprise des célébrations religieuses. Il sera examiné jeudi.

La guerre de la messe, saison 2. Le Conseil d’Etat examine, jeudi 5 novembre en fin de matinée, les recours déposés par plusieurs évêques, intellectuels et associations catholiques qui réclament la reprise des célébrations religieuses dans les églises. A cause du reconfinement, celles-ci sont interdites depuis le lundi 2 novembre, même si les lieux de culte restent ouverts. « Ce recours n’est pas une déclaration de guerre », assure à Libération Vincent Neymon, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF).

Malgré les précautions de langage, les faits sont là : il y a bel et bien un conflit – et grave – entre l’Eglise catholique et l’Etat. En cause : l’interdiction de célébrer la messe jusqu’au 1er décembre. Cela constituerait, selon les évêques qui ont entrepris cette démarche judiciaire (a priori une première), une atteinte au libre exercice du culte, garanti par la loi de 1905.

Mobilisation du « Tradiland »

Supprimer la messe est « hors de proportion », affirme, dans un communiqué, le président de la CEF, Eric de Moulins-Beaufort. « La vie spirituelle est aussi importante que le reste », soutient, lui, Vincent Neymon. Une bataille avait déjà eu lieu, en mai, lors du déconfinement, divisant le petit monde catholique français. A l’époque, le gouvernement avait souhaité que les cultes retardent, de quelques semaines, la reprise de leurs activités, surtout pour éviter d’éventuels clusters dans les mosquées à cause de la fin du Ramadan et la fête de l’Aïd-el-Fitr.

Le « Tradiland » hexagonal s’était immédiatement mobilisé, réclamant à cor et à cri le rétablissement illico presto de la messe. Dirigée par Alain Escada, l’association Civitas, proche des cathos intégristes de l’église parisienne Saint-Nicolas-du-Chardonnet, avait pris la tête de cette croisade du culte, en introduisant un recours devant le Conseil d’Etat.

La pression de Civitas

Poursuivant leur négociation avec le gouvernement, les évêques étaient quant à eux restés un tantinet en retrait en ne se joignant pas à cette démarche judiciaire. Mais ils avaient récolté les fruits de la victoire devant le Conseil d’Etat qui avait, le 18 mai, demandé au gouvernement de lever l’interdiction des célébrations religieuses. Un joli coup pour les cathos tradis. « Je suis l’épine dans le pied des évêques », n’hésite pas à dire à Libération Alain Escada, riant sous cape des difficultés qu’il crée à un épiscopat souvent jugé trop mou et trop complaisant avec le pouvoir politique par les milieux traditionalistes.

Fort de son succès du printemps, le patron de Civitas a à nouveau enfourché son cheval de bataille dès la parution du décret du 29 octobre interdisant les cérémonies religieuses. Et relancé la guerre de la messe devant le Conseil d’Etat, aussitôt suivi par l’aile tradi du catholicisme français. Celle-ci tiendrait-elle désormais en otage l’épiscopat ? La suite des événements pourrait le laisser croire.

Coup de pression ?

Le 29 octobre, la France est bouleversée par l’attentat de Nice. Mgr de Moulins-Beaufort accompagne ce jour-là le président Macron sur les lieux du drame. Dans la soirée, il rencontre aussi, en compagnie de l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, le Premier ministre, Jean Castex. C’est l’occasion de faire passer quelques messages de mécontentement.

Le lendemain, Moulins-Beaufort écrit au chef du gouvernement pour, selon son entourage, « s’insurger de l’interdiction de célébrer dans les églises ». Et prévient que toutes les possibilités juridiques seront étudiées au cas où le gouvernement ne reviendrait pas sur ses positions. Ambiance, ambiance… Le même jour, une poignée de francs-tireurs de l’épiscopat, les têtes brûlées de l’aile réactionnaire, échangent au téléphone. Les évêques Bernard Ginoux de Montauban, Marc Aillet de Bayonne, Dominique Rey de Toulon, sont bien décidés à en découdre avec le gouvernement et à faire eux aussi un recours devant le Conseil d’Etat. « Ce sont les plus combatifs », complimente Alain Escada. Sans concertation avec les autres évêques, ils lancent leur offensive. Une pression pour obliger leurs collègues à les suivre ?

Le cavalier seul de l’épiscopat

Quoi qu’il en soit, lundi 2 novembre en fin d’après-midi, l’ensemble de l’épiscopat français, une centaine d’évêques, se retrouvent en visioconférence pour l’ouverture de leur traditionnelle assemblée plénière d’automne. Pendant cette réunion, le niet de Matignon tombe : pas de reprise des messes. « Beaucoup d’évêques ont été choqués par cette censure », raconte Bernard Ginoux. Dans la foulée, Moulins-Beaufort annonce que la CEF fera un recours devant le Conseil d’Etat. « Il y a eu un large consensus », assure Vincent Neymon, son porte-parole.

Malgré des paroles d’apaisement, l’épiscopat catholique met sérieusement en difficulté le gouvernement, qui peine à imposer ce nouveau confinement. La stratégie de la tension risque aussi de mécontenter un nombre significatif de fidèles. Depuis le déconfinement, ils sont nombreux à traîner les pieds pour retourner dans les églises. Le diocèse de Paris a ainsi perdu plus de 30 % de ses ouailles, créant une certaine panique dans le clergé parisien.

Avec ce nouveau confinement, les évêques redoutent-ils de perdre encore des troupes ? Ce bras de fer révèle, en tout cas, une profonde crise d’identité. Dans cette affaire, l’épiscopat catholique a fait cavalier seul, sans être soutenu par les autres cultes. « Les évêques attendent des pouvoirs publics d’être traités différemment des autres religions, explique la sociologue Céline Béraud, à cause de la place que le catholicisme a occupée dans l’histoire de la France. Les évêques s’arc-boutent sur une conception qui ne correspond plus à la réalité de notre pays. »

Bernadette SauvagetLibération du 4 novembre 2020 »

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