Non seulement les Russes savent jouer aux échecs mais ils ont aussi de l’humour, qui s’avère noir pour certains. Les Russes ne feront pas la charité, leur situation ne le leur permet pas, a dit en substance le Kremlin  :

« Nous n’allons pas fournir de gaz gratuitement, c’est très clair, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, pendant une conférence téléphonique, lundi dernier. Dans notre situation, il n’est ni possible, ni approprié de faire de la charité (avec les clients européens). »

Le téléphone de Poutine a sonné plusieurs fois ces derniers jours : l’Union Européenne, le chancelier allemand Scholz, Draghi, le banquier italien qui dirige en technocrate le Bel Paese, le président français Macron, après avoir fait les gros bras, ont essayé de négocier, temporiser, avec le maître du Kremlin.

Sans succès semble-t-il puisque l’ultimatum de Poutine arrive aux pays occidentaux, dont la France, l’Italie et l’Allemagne : soit vous payez le gaz en roubles à partir de demain 1er avril, soit les contrats d’approvisionnement seront résiliés. Une décision qui ne laisse aucune place aux doutes ou aux interprétations. Le message est très clair et explicite. De ce point de vue, Poutine a déjà signé un décret sur le paiement en roubles des livraisons de gaz aux « pays hostiles ».

« Nous proposons à nos homologues de ces pays (hostiles) un schéma clair et transparent : acheter du gaz naturel russe », annonce le président russe Vladimir Poutine. Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans les banques russes « à partir de demain », prévenant également qu’il ne plaisante pas. « Si de tels paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de la part des acheteurs, avec toutes les conséquences qui en découlent. Personne ne nous vend quoi que ce soit gratuitement, et nous n’allons pas non plus faire de charité – c’est-à-dire que les contrats existants seront annulés », a averti Vladimir Poutine.

Concrètement, les sociétés importatrices de gaz devront ouvrir un compte en roubles dans une banque russe pour se soumettre à cette nouvelle condition. « C’est à partir de ces comptes que seront effectués les paiements pour le gaz livré à partir de demain », a déclaré le président russe dans une allocution retransmise à la télévision, présentant cette mesure comme un moyen de renforcer la « souveraineté » de la Russie face aux sanctions occidentales, dont le gel d’une partie des avoirs de sa banque centrale.

La décision de passer à une facturation en roubles permet à la Russie de soutenir sa monnaie nationale. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l’offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux enregistrés avant l’assaut.

Plus tôt ce jeudi 31 mars, Dmitri Peskov a d’ailleurs minimisé la portée de cette mesure obligeant les Européens à payer leurs factures de gaz en roubles. « De facto, pour celui qui reçoit le gaz russe, qui paye les livraisons, il n’y a dans les faits aucun changement. Ils acquièrent juste des roubles pour le montant en devise qui est prévu dans le contrat » d’approvisionnement en gaz, a-t-il souligné.

Le conseiller du Kremlin, Maksim Oreshkin, a expliqué en détail, et exclusivement en termes techniques, à l’Allemagne les modalités de paiement du gaz en roubles, après que le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le président russe, Vladimir Poutine, se fussent déjà entretenus au téléphone hier. C’est ce qu’a révélé le porte- parole, Dmitry Peskov, cité par l’agence Tass, expliquant que les mêmes modes de paiement s’appliquent à tous les pays hostiles. Poutine avait auparavant informé Scholz personnellement, et de manière « très détaillée » des modalités de paiement en roubles, « mais pour réitérer cette explication au niveau des experts, le président a chargé son conseiller Oreshkin d’appeler Jorg Kukies, assistant à l’économie du chancelier » :

« L’appel téléphonique entre les deux a eu lieu tard hier soir. La conversation sur le fonctionnement de ce système était substantielle, technique, pas politique ».

« En fait, a expliqué Peskov, il n’y aura aucun changement pour les clients gaziers russes. Ils achèteront des roubles en utilisant les mêmes devises mentionnées dans les contrats. »

« Nous ne nous laisserons pas faire chanter par Poutine, a assuré de son côté le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, qui a vu son collègue français Bruno Le Maire à Berlin. Il est important pour nous de donner le signal ». S’adressant plus tard à la presse, Habeck a souligné l’importance d’une étroite coordination avec les partenaires. Et il a annoncé qu’un échange quotidien a été convenu avec la France. « Nous avons également discuté des sanctions supplémentaires qui pourraient empêcher Poutine de poursuivre sa guerre barbare », a-t-il déclaré.

Quant à la demande de paiement des fournitures d’énergie en roubles, Habeck a été péremptoire, « Les contrats doivent être respectés, toutes les rumeurs que j’ai entendues sont concordantes », oubliant bien facilement que cette décision de la Russie est une réponse au gel de quelque 300 milliards de dollars des réserves en devises dont la Russie disposait à l’étranger, une sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l’offensive russe en Ukraine. Une réplique de bonne guerre en somme…

En tout cas, au-delà de la grosse rumeur proférée par Habeck qui ne semble pas intimider Poutine, la France et l’Allemagne « se préparent » à ce que la Russie interrompe l’approvisionnement en gaz.

C’est ce qu’ont annoncé les ministres français et allemand de l’économie, Bruno Le Maire et Robert Habeck, lors d’une conférence de presse conjointe. « L’Allemagne ne cédera pas au chantage » de Moscou, a encore répété Habeck, déclarant qu’il n’avait pas encore vu de projet de loi signé par le président russe Vladimir Poutine pour le paiement du gaz en roubles.

Suite demain 1er avril, et cela ne paraît pas être du tout un poisson d’avril de la part de Poutine… Et d’ailleurs Macron peut-il se permettre que la France manque de gaz à quelques jours de la présidentielle ? 

Francesca de Villasmundo

  

  

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