moisson_bleDans les premières minutes du film Le Sucre, le banquier véreux Grézillo organise la rumeur médiatique d’une pénurie de sucre pour faire flamber les cours. Même trame dans le film américain Un Fauteuil pour deux où deux jeunes courtiers s’unissent pour spéculer sur le jus d’orange congelé afin de ruiner deux escrocs en faisant croire à une pénurie prochaine suite à un hiver rude en Californie.

Il se passe actuellement des choses curieuses au sujet du blé qui n’est pas sans rappeler ces deux films. Après une production record l’an dernier, la France connaît un effondrement de sa production de blé pour cette année, due à un climat catastrophique entrainant une baisse de rendement (la France a un rendement à l’hectare triple de celui de la Russie et 2,5 fous celui des Etats-Unis). Le fait est acté et incontesté, l’ampleur du désastre variant selon les sources entre 29 et 40 % de récolte en moins, dans un contexte où les cours étaient au plus bas suite aux récoltes records de 2014. Ce qui est plus curieux, c’est la contradiction quand aux données mondiales.  

Dans un premier temps, il fut annoncé une pénurie de blé et de maïs, avec une disparition des excédents mondiaux suite à de mauvaises récoltes estimées en Inde, en Chine et en Argentine. Pourtant, quelque mois plus tard, il était question d’une production record de blé, notamment avec des récoltes exceptionnelles en Russie et au Kazakhstan, les Etats-Unis perdant leur 3e place mondiale au profit de la Russie. On allait même jusqu’à annoncer que la Russie redevenait exportatrice de blé pour la première fois depuis 1914. Alors, pénurie ou abondance ? Si on croise ce débat avec celui sur les blés durs, dont on annonce des carences périodiques alors que, comme par hasard, il est présenté comme le seul blé jugé indispensable, on est en droit de se demander si certains individus ne s’amusent pas à jouer pour de vrai à Richesses du Monde. Le Canada exporte 60 % de la production mondiale de blé dur, les autres gros vendeurs étant généralement… la Turquie (tiens, tiens…) et la Syrie (re tiens tiens), 18 % à elles deux…

On parle du blé, mais on peut également aborder le sujet du cacao. On nous parle de pénurie (traduction : payez votre chocolat plus cher) en raison des difficultés du premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire. Néanmoins, il y a une discrétion de violette sur l’évolution de la production de la Guinée Equatoriale, 3e producteur mondial à l’époque où elle s’appelait encore Guinée espagnole, ruinée par le régime marxiste de N’Guema Macias et qui compte bien reprendre son rang. Même chose pour le café, où les mauvaises récoltes en Colombie finiront bien par inverser la tendance, et si l’Ethiopie a retrouvé son rang d’avant l’ère communiste (5e mondial), l’Angola finira bien par retrouver le sien. Il y a néanmoins une chose curieuse : le café, le blé, le cacao montent, montent l’expresso, le croissant et le chocolat. Descendent le café, le blé et le cacao… ne rêvez pas, pas de descente de l’expresso, du croissant et du chocolat.

Pour conclure, un aparté à Alain Soral dont l’équipe d’E&R cite souvent MPI. Le Sénégal, qu’il évoquait dans une de ses vidéos sur BHL, n’a aucune ressource naturelle digne d’intérêt, à part l’arachide. Comme le contrôle du marché de la cacahuète ne déchaîne pas les passions, il y a une autre explication de présences étrangères intempestives, prophétisée dès 1992 par un de mes condisciples originaire de ce pays et qui s’était vu répondre par un éminent professeur que « les puissances mondiales se contrefichent de votre insignifiant petit pays ! ». Ce n’est plus l’avis des Chinois… Le Sénégal, c’est Dakar. Dakar, c’est « juste » une plateforme d’accès au fer mauritanien, à l’or malien et burkinabé et dont les projets ferroviaires en cours le relierait au pétrole et au gaz algérien, au cacao ivoirien et ghanéen, au bauxite guinéen, aux diamants sierra-léonais et toutes les richesses de l’ancienne AOF et du Maghreb… Bref, un hub en jargon technocrate (en bon français : une plate-forme aérienne et portuaire).

Hristo XIEP

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