Le discours du  ministre des Affaires Etrangères Dominique de Villepin à la tribune de l’ONU le 14 février 2003 est incontestablement rentré dans les annales de l’histoire de France, un discours du reste chaudement applaudi. La France a osé dire non aux USA alors que le gouvernement de Bush faisait tout pour précipiter le monde dans une guerre contre l’Irak. Depuis la France ne s’est plus jamais démarquée de la position américaine.

Quelques mois après son élection, Nicolas Sarkozy annonce en novembre 2007 la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Cette réintégration devient effective en 2009. Une des premières conséquences sera que la France va augmenter ses effectifs dans la guerre en Afghanistan pour atteindre environ 4000 soldats. Elle prend part de manière plus active aux opérations et cela se constate tout de suite aux pertes que subit l’armée française et qui deviennent beaucoup plus importantes dès 2009 avec 26 tués en 2011. La suite, c’est la guerre en Lybie où Sarkozy implique la France avec le soutien des Américains. Sur le dossier syrien, la France a préféré une fois de plus suivre les Américains dans leur position par rapport au gouvernement d’Assad et a soutenu l’opposition en la déclarant légitime. On a évité de justesse une guerre. Dans les événements d’Ukraine, la France encore une fois calque sa position sur la diplomatie américaine préférant adopter une attitude d’affrontement avec la Russie. Pourtant elle aurait pu avoir une chance de choisir une autre orientation et de prendre de l’indépendance vis-à-vis  de l’Amérique.

Ce serait aller loin que de dire que Poutine essaye de tendre la main aux Européens, main qu’ils ont toujours refusée. Pourtant en janvier 2013, lors du sommet UE-Russie, le président russe avait proposé de créer une zone de libre-échange entre l’Union européenne et l’Union économique eurasienne. Cela aurait évité un affrontement russo-européen sur l’Ukraine et l’Europe aurait pu étendre son commerce vers l’Est. Aucun état européen et encore moins la France n’en a repris l’idée. Au lieu de ça, elle se tourne vers le marché transatlantique, devenant un peu plus dépendant de l’économie américaine. Par là même, elle dit non à la Russie. Avec un peu d’effort, la France aurait pu entraîner la diplomatie européenne vers une autre voie que celle des sanctions économiques qui ne réussissent qu’à raidir la position de Poutine d’autant plus qu’elle aurait pu trouver un soutien du côté de l’Allemagne qui a des relations privilégiées. Mis à part qu’Hollande a mis à mal le couple franco-allemand, l’Allemagne est désormais sur la voie des sanctions malgré l’impact négatif que cela pourrait avoir sur son économie. Et d’ailleurs l’Allemagne n’était pas la seule puisque la Grande-Bretagne était accusée de double langage par rapport à l’Ukraine et la Russie.

Alors que les Américains placent déjà leur pion dans un éventuel affrontement militaire avec notamment l’envoi de douze F-16  en Pologne, la France s’entoure d’un Bernard Henri Lévy dont on connait le sinistre rôle dans la guerre en Lybie et elle calque son discours sur celui des Américains, qui à quelques mots près ne sont pas bien différents. On la voit faire une totale confiance aux nouveaux dirigeants ukrainiens tout en refusant d’écouter les voix qui appellent à la prudence. Dans un communiqué du 8 mars, François Hollande montre totalement qu’il suit bien gentiment la position américaine, pointant du doigt la Russie mais évitant d’évoquer la décision de supprimer le russe comme langue officielle en Ukraine. Or c’est bien cette dernière mesure qui a mis le feu aux poudres. Sur ce plan, le gouvernement ukrainien a manqué de tact et de discernement mais qu’importe ce sont les « gentils ». Les seules voix discordantes en France viennent du Front National et du Front de Gauche, tandis que les autres partis préfèrent pointer du doigt le manque de vigueur de François Hollande.

« Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. Et qui pourtant n’a cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes… », voici une partie de la fin du discours de Dominique de Villepin. Il semblerait que désormais la France a choisi de se coucher face aux Américains, qui quoiqu’ils fassent ou disent sont assurés de son soutien. C’est pour cela qu’elle n’a cesse de vouloir contrecarrer les plans de Poutine, réveillant par là-même les relents de guerre froide. On ne lui demande pas de se mettre dans le camp russe mais d’adopter une attitude plus conciliante et diplomate. La France ne perdrait rien à jouer les diplomates entre la Russie et le nouveau gouvernement ukrainien et à prendre ses distances avec les Américains.

Ci-dessous, l’interview de Dominique de Villepin à Europe 1  du 20 février sur la situation ukrainienne:

Intégrale – Dominique de Villepin au micro de… par Europe1fr

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