De la férie : messe du vendredi de la deuxième semaine de Carême

La Station est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Vital, Martyr, père des deux illustres martyrs milanais saint Gervais et saint Protais. La sainte Église reporte aujourd’hui notre attention sur la prévarication des Juifs, et sur ce qui en est résulté pour la vocation des Gentils ; dans cette instruction destinée aux Catéchumènes, puisons notre propre édification. Prenons d’abord dans une figure de l’Ancien Testament la notion du fait que nous allons voir accompli dans notre Évangile. Joseph est l’objet des complaisances de son père Jacob, qui voit en lui le fils de Rachel, son épouse préférée, et qui l’aime pour son innocence. Des songes prophétiques ont annoncé la future grandeur de cet enfant ; mais il a des frères ; et ces frères, poussés par une noire envie, ont résolu de le faire périr. Ce dessein impie n’est pas mis à exécution dans toute son étendue ; mais il s’accomplit dans une certaine mesure : Joseph ne reverra plus la terre qui l’a vu naître. Il est vendu à des marchands étrangers ; bientôt un noir cachot devient son séjour. Mais il en sort pour dicter des lois, non dans la terre de Chanaan qui l’a repoussé, mais au sein de l’Égypte païenne. Par lui, cette région de la gentilité, livrée à la plus affreuse famine, retrouve l’abondance et la paix ; et pour ne pas périr eux-mêmes dans le pays d’où ils l’ont exilé, les frères de Joseph sont réduits à descendre en Égypte et à venir implorer la clémence de celui qui fut leur victime. Qui ne reconnaît dans cette merveilleuse histoire le type de notre divin Rédempteur, Fils de Dieu et de Marie, en butte à la jalousie de sa propre nation, malgré les signes prophétiques qui se réalisent en lui jusqu’au dernier ? Sa mort est résolue comme celle de Joseph ; comme lui il est indignement vendu. Il traverse les ombres de la mort, pour reparaître ensuite plein de gloire et de puissance. Mais ce n’est plus à Israël qu’il prodigue les marques de sa prédilection ; il s’est tourné vers les Gentils, et il demeure avec eux désormais. C’est là que les restes d’Israël viendront le chercher, lorsque, voulant enfin rassasier la faim qui les presse, ils consentiront à reconnaître pour le véritable Messie ce Jésus de Nazareth, leur Roi, qu’ils ont crucifié.

Ce ne sont plus ici les ombres et les figures de l’antique alliance, qui ne nous montraient notre Rédempteur que dans le lointain et sous des traits empruntés ; nous sommes en face de la réalité même. Encore un peu de temps, et la victime trois fois sainte aura succombé sous les coups de ses envieux. Qu’elle est terrible et solennelle la parole de Jésus dans ces dernières heures ! Ses ennemis en sentent tout le poids ; mais, dans leur orgueil, ils veulent lutter jusqu’à la fin contre celui qui est la Sagesse du Père, s’obstinant à ne pas reconnaître en lui cette Pierre redoutable qui brise celui qui la heurte, et qui écrase celui sur lequel elle tombe. Cette Vigne, c’est la Vérité révélée, la règle de la foi et des mœurs, l’attente du Messie Rédempteur, l’ensemble des moyens du salut ; c’est aussi la famille des enfants de Dieu, son héritage, son Église. Dieu avait choisi la Synagogue pour être dépositaire d’un tel trésor ; il voulait que sa vigne fût gardée fidèlement, qu’elle fructifiât entre les mains des vignerons, qu’ils la reconnussent toujours pour son bien à lui, l’objet de ses complaisances. Mais dans son cœur sec et avare, la Synagogue a voulu s’approprier la Vigne du Seigneur. En vain a-t-il envoyé à diverses reprises ses Prophètes pour revendiquer ses droits : les vignerons infidèles les ont fait périr. Le Fils de Dieu, l’héritier, vient lui-même en personne. Le recevront-ils du moins avec honneur et déférence ? Rendront-ils hommage à son divin caractère ? Non ; ils ont formé l’affreux projet de le tuer, et, après l’avoir expulsé comme un étranger sacrilège, ils le mettront à mort. Accourez donc, ô Gentils ! Venez exercer la vengeance du Père ; ne laissez pas pierre sur pierre dans cette ville coupable qui a crié : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » Mais vous ne serez pas seulement les ministres de la justice céleste ; vous êtes devenus l’objet de la prédilection du Seigneur. La réprobation de ce peuple ingrat vous ouvre les portes du salut. Soyez désormais les gardiens de la vigne jusqu’à la fin des siècles ; nourrissez-vous de ses fruits ; ils sont à vous. De l’Orient à l’Occident, du Midi à l’Aquilon, venez à la grande Pâque qui se prépare ; il y a place pour vous tous Descendez dans la piscine du salut, peuple nouveau formé de tous les peuples qui sont sous le ciel. Soyez la joie de L’Église votre Mère, qui ne cesse d’enfanter, jusqu’à ce que le nombre des élus étant rempli, son Époux descende comme un juge formidable pour condamner « ceux qui n’auront pas connu le temps de sa visite».

Sanctoral 

Sainte Catherine de Bologne, Clarisse (+ 1463)

Catherine est née à Bologne en 1413, enfant de la famille patricienne des Vigri, proche des seigneurs de Ferrare. Son père ayant été chargé par Nicolas III de Ferrare d’un poste important à la cour, elle devint la compagne de Marguerite, princesse de Ferrare et partagea ses jeux et son éducation raffinée. Catherine fut ainsi capable de lire et d’écrire en latin, et apprit aussi la peinture et l’art de la miniature religieuse. Une grande partie du temps était aussi consacrée à l’étude de la religion et de la philosophie chrétienne. Catherine prenait part aux bals et aux plaisirs qu’appréciait cette jeunesse princière, on disait d’elle qu’elle était belle, et que les bons partis se pressaient auprès d’elle. Toutefois, elle avait des goûts plus simples, elle aimait la solitude, et refusait obstinément de se marier. Quand sa compagne Marguerite épousa Roberto Malatesta, prince de Rimini, elle ne voulut toutefois pas la suivre, malgré ses objurgations, et préféra consacrer sa vie à la prière et aux œuvres charitables. Malgré les réticences et la tristesse de ses parents, elle partit donc rejoindre une communauté de dames pieuses qui faisaient partie d’un Tiers-ordre d’inspiration augustinienne. Conseillées par des franciscains, elles transformèrent leur communauté en monastère de Clarisses. Catherine y prononça ses vœux en 1432. Elle y était chargée de la formation des novices. Rapidement, elle fut favorisée de visions, d’extases, mais aussi de tentations, de doutes. Elle bénéficia d’une vision de Notre-Dame la nuit de Noël 1445 qui lui présenta l’Enfant Jésus. Elle vit aussi saint François d’Assise lui montrant ses stigmates. Ses sœurs admiraient son application, son bon sens, et sa profonde piété. En 1455, le vicaire général de l’Observance avait obtenu du Pape Calixte III un bref autorisant la fondation de monastères de Clarisses en divers points d’Italie. Quelques chevaliers furent ainsi envoyés depuis Bologne jusqu’à Ferrare pour y demander l’envoi de religieuses. Catherine fut de celles-ci, et fut désignée comme abbesse de la nouvelle fondation. Elle arriva dans sa ville natale, le 22 juillet 1456, et fut solennellement accueillie par le cardinal Bessarion, légat du Pape, et par le cardinal archevêque de la ville, suivi du clergé, du Sénat, et de toute la population. Catherine s’y distingua par sa profonde vie spirituelle, et par ses conseils avisés aux sœurs du monastère. Elle passa 7 ans à Bologne et mourut le 9 mars 1463. Aussitôt des miracles se produisirent sur son tombeau, à tel point que sa dépouille, seulement 18 jours après ses obsèques, fut exposée à la vénération des sœurs et des fidèles. On l’installa sous un baldaquin dans une chapelle de l’église Corpus Domini du monastère, où elle se trouve toujours. Catherine a été canonisée en 1712 par le Pape Clément XI.

Les saints Quarante Martyrs

Vers l’an 320, sous l’empereur Licinius et le gouverneur Agricola, à Sébaste en Arménie, quarante soldats firent briller d’un vif éclat leur foi en Jésus-Christ et leur courage à souffrir les tourments. Après qu’on les eut jetés à diverses reprises dans une affreuse prison, chargés de chaînes, et qu’on leur eut brisé les mâchoires à coups de pierres, on leur fit passer la nuit sur un étang glacé, nus, exposés à la rigueur de l’air dans le temps le plus rigoureux de l’hiver afin qu’ils mourussent de froid. Or, une même prière était celle de tous : « Seigneur, disaient-ils, nous sommes entrés quarante dans la lice ; accordez-nous d’être aussi quarante à recevoir la couronne, et qu’il n’en manque pas un à ce nombre. Il est en honneur, ce nombre que vous avez consacré par un jeûne de quarante jours, ce nombre par le moyen duquel la loi divine fut donnée au monde ; et c’est aussi en cherchant Dieu par un jeûne de quarante jours qu’Élie a obtenu de le voir. » Telle était leur prière. Un des gardiens veillait, alors que les autres s’étaient abandonnés au sommeil ; pendant que les Martyrs priaient, il aperçut une lumière qui les environnait et des Anges qui descendaient du ciel pour donner des couronnes à trente-neuf soldats, comme de la part de leur roi. A cette vue, il se dit en lui-même : Ils sont quarante, où donc est la couronne du quarantième ? Tandis qu’il avait cette pensée, un d’entre eux manquant de courage pour supporter le froid, se jeta dans un bain d’eau tiède qui était proche, et affligea profondément les saints par sa désertion. Mais Dieu ne permit pas que leurs prières demeurassent sans effet, car le gardien émerveillé de ce qu’il venait de voir, réveilla aussitôt ses compagnons, puis, ayant ôté ses vêtements et publié à haute voix qu’il était chrétien, il alla se joindre aux Martyrs. Quand les satellites du gouverneur eurent appris que ce gardien était chrétien, ils leur brisèrent à tous les jambes à coups de bâtons. Tous moururent dans ce supplice, excepté le plus jeune, nommé Mélithon. Sa mère qui était présente, le voyant encore en vie, bien qu’il eût les jambes rompues, l’exhorta en ces termes : « Mon fils, souffre encore un peu, voici que le Christ se tient à la porte, t’aidant de son secours ». Lorsqu’elle vit qu’on chargeait sur des chariots les corps des autres Martyrs pour les jeter dans un bûcher et qu’on laissait le corps de son fils, parce que cette troupe impie espérait amener l’adolescent au culte des idoles, s’il survivait, cette sainte mère, l’ayant pris sur ses épaules, suivit les chariots qui portaient les corps des Martyrs. Mélithon rendit son âme à Dieu dans les embrassements de sa pieuse mère, et elle plaça son corps sur le même bûcher qui devait consumer les restes des autres Martyrs : en sorte que ceux qui avaient été si étroitement unis par la foi et le courage le furent encore après la mort dans les mêmes funérailles, et parvinrent au ciel tous ensemble. Leurs corps étant brûlés, on jeta leurs ossements dans une rivière, mais on retrouva ces reliques conservées et entières, dans un même lieu où elles s’étaient miraculeusement réunies, et on les ensevelit avec honneur. Ils furent donc unis dans la mort comme dans la vie, et leurs âmes entrèrent en même temps au ciel. « Qu’il est doux pour des frères d’habiter ensemble! ». La Communion, qui fait allusion à cette charité fraternelle, est la même que celle des sept saints martyrs fêtés avec leur mère le 10 juillet. Jusque dans la légende, on voit la grande idée que les chrétiens se faisaient du martyre, et de la fraternité chrétienne, dans la fidélité au Christ. Les 40 martyrs de Sébaste, chantés par saint Basile et par saint Grégoire de Nysse, obtinrent, dès le haut moyen âge, une grande célébrité même en Occident, et leur mémoire pénétra dans le Missel romain grâce aux diverses églises médiévales que leur dédia la Ville éternelle. Ainsi au XIIe siècle, Callixte II leur érigea un petit oratoire au pied du Janicule, non loin du titre transtévérin de Callixte. Une autre église sous leur vocable s’élevait près de l’antique Camp Prétorien, et elle est mentionnée à l’époque d’Innocent IV. Plus près du centre de la Ville, sur la voie papale, s’élevait le temple Sanctorum Quadraginta de calcarariis, consacré aujourd’hui aux stigmates de saint François ; et enfin, à proximité de l’amphithéâtre Flavien, se trouvait le temple Sanctorum Quadraginta, titre cardinalice aujourd’hui détruit.

Martyrologe

Les saints Quarante martyrs, dont l’anniversaire est rappelé le jour précédent.

A Apamée, en Phrygie, l’anniversaire des saints martyrs Caïus et Alexandre. Suivant ce qu’a écrit Apollinaire, évêque d’Hiérapolis, dans son livre contre les hérétiques Cataphrygiens; ils reçurent la glorieuse couronne du martyre durant la persécution de Marc Antonin et de Lucius Verus.

En Perse, la passion de quarante deux saints martyrs.

A Corinthe, les saints martyrs Codrat, Denis, Cyprien, Anect, Paul et Crescent. Ils furent frappés par le glaive, pendant la persécution de Dèce et de Valérien, sous le préfet Jason.

En Afrique, saint Victor martyr, en la fête duquel saint Augustin donna un sermon au peuple.

A Rome, saint Simplice, pape et confesseur. A Jérusalem, saint Macaire, évêque et confesseur. C’est à son instigation que les Lieux Saints furent purifiés et enrichis de saintes basiliques par Constantin le Grand et la bienheureuse Hélène, sa mère.

A Paris, la mise au tombeau de saint Droctovée abbé, disciple du bienheureux évêque Germain.

Au monastère de Bobbio, saint Attale abbé, célèbre par ses miracles.

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