Après des études d’histoire, Elisabeth Segard s’est orientée vers le journalisme. Mais elle revient à sa passion pour l’histoire en proposant une étude originale de ce que la médecine militaire a apporté à la médecine civile.

Ce livre est un véritable plaidoyer pour la médecine militaire et, ce faisant, pour le Service de santé des armées dont elle retrace les grandes étapes depuis sa création par le décret du 17 janvier 1708, signé par Louis XIV. Un service à l’histoire riche, marquée par l’émergence de scientifiques de renom et de figures illustres de la médecine militaire, qui nous ont laissé en héritage tout un corpus de connaissances, de techniques et de savoir-faire.

Les greffes, les prothèses ou les ambulances sont connues pour être nées sur les champs de bataille, mais l’apport de la médecine militaire à la société civile est bien plus profond. La création de cinquante hôpitaux militaires et celle de l’hôtel des Invalides en 1670, le premier établissement de soins de suite au monde, marque un vrai tournant dans l’histoire de la médecine et préfigure les soins de santé dont nous bénéficions aujourd’hui. Avec le Service de santé des armées, Louis XIV constitue l’embryon du premier organisme français de santé publique.

Les soignants militaires sont formés aux mêmes techniques que leurs confrères civils, mais les exigences des soins à prodiguer dans des conditions extraordinaires (climat hostile, population particulière, équipements de fortune, urgence, danger,…) ont nécessité qu’ils les adaptent. Ils ont ainsi réalisé des innovations étonnantes qui ont bénéficié ensuite à l’ensemble de la population.

Le livre foisonne d’exemples. Ainsi les chirurgiens de guerre vont devenir des experts en traumatologie. Ils maîtriseront l’amputation, la transfusion, l’extraction des projectiles, le soin des grands brûlés…

C’est lors du siège de Saint-Quentin, en Picardie, qu’Ambroise Paré constate que certains asticots aident à la cicatrisation des plaies. La larvothérapie se fera ensuite un lent chemin dans l’arsenal des soins, étudiée par Dominique Larrey, chirurgien en chef de Napoléon, lors de la campagne d’Egypte, puis par le docteur William Baer lors des combats de la Grande Guerre. La Première Guerre mondiale reste dans tous les esprits comme la grande boucherie, mais c’est dans ce contexte que la médecine, et en particulier la chirurgie, ont fait des pas de géant. C’est durant ce conflit que les Français expérimentent la kinésithérapie respiratoire et que des médecins militaires belges installent un réseau de distribution d’oxygène pour les gazés à l’hôpital de campagne L’Océan qui seront les premiers pas de l’oxygénothérapie. La psychiatrie et la radiologie se développent ; les spécialisations chirurgicales s’affirment, parmi lesquelles la chirurgie maxillo-faciale est la plus célèbre. Complètement expérimentale, cette chirurgie réparatrice révélera les possibilités des différents types de greffes. Les médecins reconstruisent les os et les cartilages détruits. Près de soixante mille soldats supporteront au moins une opération de chirurgie du visage. C’est aussi dans ce contexte que se développe la chirurgie esthétique. Et si le calvaire des Gueules cassées a permis à la chirurgie plastique de se développer, il a aussi donné ses lettres de noblesse à la stomatologie et à l’odontologie avec les chirurgiens-dentistes.

Et c’est un médecin de Marine, Claude Chippaux, affreusement défiguré en 1944, qui créera la première banque d’os. C’est durant la guerre d’Indochine que s’organisent les premières évacuations médicales héliportées dont Valérie André sera la pionnière. Une nouvelle étape est franchie avec la guerre du Vietnam : le nombre de soldats traumatisés est estimé à 700.000 – environ un combattant sur trois – et incite le gouvernement américain à ouvrir des centrés dédiés à l’accueil des vétérans.

La liste est longue – et fourmille d’anecdotes – de ces progrès médicaux que l’on doit aux médecins et pharmaciens militaires et ce livre leur rend un bel hommage.

Allons Médecins de la Patrie, Elisabeth Segard, éditions du Rocher, 220 pages, 21,90 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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