Paul VI dans sa rage de « simplification », de rejet de la tradition dans la liturgie et de bannissement de l’étiquette vaticane avait supprimé les institutions militaires pontificales d’apparat

  • la garde noble créée par Pie VII le 11 mai 1801,

  • la garde palatine, issue de la fusion de deux corps de fantassins des états pontificaux, créée par Pie XI en 1850.

Il n’avait pourtant pas osé toucher à une institution pluriséculaire – héritée des premiers lansquenets helvétiques venus sans les Etats Pontificaux, reçus par Jules II le 22 janvier 1506, qui seront à son origine : la garde suisse.

Nous ne reviendront pas ici sur les sempiternelles discussions sur les origines de leur uniforme flamboyant où contrairement à ce qui est souvent rapporté Raphaël semble avoir eu un rôle certain, contrairement à Michel-Ange, toujours cité à ce sujet mais qui semble n’être jamais intervenu dans cette histoire.

En tout état de cause, l’uniforme tel qu’on le connaît aujourd’hui, a été remanié plusieurs fois au cours des siècles, et est le fruit des dernières réformes du commandant de la garde de 1910 à 1921 : Jules Répond.

C’est en 1914 qu’il élabore l’uniforme officiel actuel des hallebardiers en s’inspirant des modèles de la Renaissance présents sur des fresques de Raphaël : les couleurs reprises, le bleu et le jaune, étaient celles de la famille Della Rovere à laquelle appartenait Jules II, tandis que le rouge a été ajouté par son successeur Léon X, un Médicis.

Le casque traditionnel (morion) en acier poli porte les armoiries du pape Jules II où ressort le fameux chêne de la famille Della Rovere qui porte « d’azur au rouvre d’or aux rameaux passés en sautoir ».

François vient de s’y attaquer…

Il était nécessaire de faire l’acquisition de 75 nouveaux casques, l’évolution de la morphologie crânienne ne permettant apparemment plus à certains des nouveaux gardes de trouver le casque qui leur convenait dans les collections de la garde (?).

Or le morion en acier poli, selon sa facture traditionnelle, est forgé et les ornementations et reliefs sont formés et gravés à la main.

Un travail de 130 heures au total, fruit du savoir ancestral de casquiers-armuriers, batteurs de plates…

Et évidemment cela a un prix : environ 5 000 euros aujourd’hui…

http://www.guardiasvizzera.va/content/dam/guardiasvizzera/pdf/progetti/161114_Stiftung_ProjektHelmeFR.pdf

Alors même si le recours habituel aux donateurs avait été lancé, on a recherché une alternative.

Et on a trouvé : un casque plastique !

Le nouveau casque est fabriqué par une imprimante 3D en une seule pièce de plastique noir selon un modèle du XVIe siècle. L’impression dure 14 heures.

Ce casque plastique, « aussi robuste que le métallique n’a que des avantages ». (sic!)

Il est plus léger : 570 grammes contre 2 kilos pour l’ancien. Il est ventilé et résistant aux UV. Il est aussi moins cher : 800 euros contre 5 000 euros pour l’ancien. Ces nouveaux casques ont été financés par des donateurs.

Et peu importe que les derniers artisans détenteurs du savoir des casquiers se retrouvent au chômage…

Selon l’un des donateurs-plastifiants :

« J’ai payé pour ces casques. Je pense que c’est excitant, le changement est toujours bon. Et ça va être nouveau et moderne tout en restant fidèle à l’ancien modèle ».

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/la-garde-suisse-change-de-casques_3165291.html

Je ne sais pas si le changement est intrinsèquement bon, et si la modernité est un critère de choix déterminant, surtout si finalement cela ne fait qu’exécuter une pâle copie au rabais…

On aurait pu supposer que ces casques soient pare-balles, cela leur aurait donné une certaine légitimité sécuritaire, mais cela ne semble pas même être le cas…

Le fait qu’ils soient résistants aux UV semblerait plutôt croustillant quand on sait l’usage essentiellement intérieur qui en est fait : les parades extérieures sont des plus limitées dans l’espace comme dans le temps pour la garde suisse!

On s’attend désormais à voir de nouvelles cuirasses, en espérant qu’elles soient au moins en kevlar…

Et puis tant qu’à utiliser le plastique pour « limiter les coûts », pourquoi ne pas faire équiper la sacristie vaticane en « vases sacrés » de chez Tupperware ?

Claude Timmerman

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