Onzième Dimanche après la Pentecôte
Ce Dimanche est appelé en Occident le Dimanche du Sourd et Muet.

Onzième dimanche après la Pentecôte« Ephpheta — Ouvre-toi. »

A LA MESSE. Le docte et pieux abbé Rupert, écrivant avant le changement survenu dans l’ordre des lectures évangéliques, explique en ces termes le choix fait par l’Eglise de l’Introït du jour : « Le Publicain, dans l’Évangile, s’accuse et dit : Je ne suis pas digne de lever mes yeux au ciel. Paul, dans l’Épître, l’imite en disant : Je suis le plus petit des Apôtres, indigne d’en porter le nom, car j’ai persécuté l’Église de Dieu. Comme donc cette humilité qui nous est donnée pour exemple est la gardienne de l’unité des serviteurs de Dieu, en faisant que l’un ne s’élève pas contre l’autre, c’est à bon droit qu’on chante d’abord l’Introït où il est parlé du Dieu qui fait habiter dans sa maison des hommes d’une seule âme. » Rien n’est touchant comme la Collecte de ce jour, lorsqu’on la rapproche de l’Évangile qu’elle accompagnait primitivement. Pour être moins immédiat aujourd’hui, ce rapport n’a point disparu, puisque l’Épître, ainsi que nous le disions tout à l’heure, continue par l’exemple de saint Paul la leçon d’humilité que nous donnait le publicain repentant. En présence du spectacle qu’offre toujours à ses yeux maternels ce publicain méprisé du Juif, mais frappant sa poitrine et pouvant à peine dans sa douleur prononcer une parole, la sainte Église, émue jusqu’au fond des entrailles, vient donc compléter et aider sa prière. Avec une délicatesse ineffable, elle demande au Dieu tout-puissant, par sa miséricorde infinie, de rendre la paix aux consciences troublées en pardonnant les fautes, et d’accorder ce que la prière même des pauvres pécheurs n’ose formuler dans sa réserve craintive. ÉPÎTRE. Dimanche dernier, le Publicain nous rappelait l’humilité qui convient au pécheur. Aujourd’hui le Docteur des nations nous montre en sa personne que cette vertu ne sied pas moins à l’homme justifié, qui se souvient d’avoir autrefois offensé le Très-Haut. Le péché du juste, fût-il remis dès longtemps, demeure sans cesse devant ses yeux ; toujours prêt à s’accuser lui-même, il ne voit dans le pardon et l’oubli divins qu’un motif nouveau de ne jamais perdre, quant à lui, le souvenir de ses fautes. Les faveurs célestes qui viennent parfois récompenser la sincérité de son repentir, la manifestation des secrets de la Sagesse éternelle, l’entrée dans les puissances du Seigneur, en le conduisant plus avant dans l’intelligence des droits de la justice infinie, lui révèlent mieux aussi l’énormité des crimes volontaires qui sont venus s’adjoindre aux souillures de son origine. Bientôt, dans cette voie, l’humilité n’est plus seulement pour lui une satisfaction donnée à la justice et à la vérité par son intelligence éclairée d’en haut : à mesure qu’il vit avec Dieu d’une union plus étroite et qu’il s’élève par la contemplation dans la lumière et l’amour, la divine charité, qui le presse toujours plus en toutes manières, se fait un aliment du souvenir même de ses fautes. Elle sonde l’abîme d’où la grâce l’a tiré, pour s’élancer de ces profondeurs de l’enfer plus véhémente, plus dominante et plus active. C’est alors que la reconnaissance pour les richesses sans prix qu’il tient aujourd’hui de la libéralité souveraine ne suffit plus au pécheur d’autrefois, et que l’aveu de ses misères passées sort de son âme ravie comme un hymne au Seigneur. Comme Augustin, à la suite de Paul, « il glorifie le Dieu juste et bon en publiant de soi le bien et le mal, afin de gagner à l’unique objet de sa louange et de son amour l’esprit et le cœur des humains. » Et le converti de Monique et d’Ambroise, l’illustre évêque d’Hippone, plaçait en tête de ses Confessions immortelles la parole des psaumes, qui expliquait son but et sa pensée : Vous êtes grand, Seigneur, et digne de toute louange ; grande est votre puissance, et sans mesure votre sagesse ! « Et c’est vous que l’homme prétend louer ! poursuit-il : l’homme, portion chétive de votre création, promenant partout sa mortalité, et, avec elle, le témoignage de son péché, le témoignage que vous résistez aux superbes ! Et pourtant, cet être infime qui veut vous louer, ô Dieu, vous l’excitez à se complaire en cette louange. Recevez donc l’hommage que vous offre ma langue formée pour louer votre Nom. Que ma chair et tous mes os, guéris par vous, s’écrient : Seigneur, qui est semblable à vous ? Que mon âme vous loue pour vous aimer ; que pour vous louer elle confesse vos miséricordes. Je veux repasser présentement dans ma pensée mes longs égarements, et vous immoler sur ma honte une hostie d’allégresse. Non que j’aime mes fautes ; mais c’est pour vous aimer, vous, mon Dieu, que je les rappelle ; c’est par amour de votre amour que je reviens à ces amertumes pour savourer vos délices, ô douceur qui ne trompez pas, douceur bienheureuse et sans périls, qui rassemblez mes puissances et les rappelez de la dispersion douloureuse où les avait jetées mon éloignement de vous, centre unique de tout être. Que suis-je pour moi sans vous, qu’un guide conduisant aux abîmes ? Lorsqu’en moi tout est bien, que suis-je, que le petit enfant au sein de sa mère, le nourrisson puisant en vous dans la jouissance une nourriture incorruptible ? Qu’est l’homme enfin, quelque homme qu’il soit, puisqu’il est homme ? Qu’ils rient de moi, les puissants, ceux-là, ô mon Dieu, qui n’ont pas encore eu l’heureuse fortune d’être terrassés et brisés par vous ! Nous les petits, en face de ces forts, nous nous confessons et vous louons dans notre misère. Point n’est besoin pour cela de la parole et de la voix, vous entendez les cris de la pensée : quand je suis mauvais, c’est me confesser et vous louer que de me déplaire à moi-même ; quand je suis bon, c’est me confesser et vous louer que de ne pas m’en attribuer la cause. Car si vous bénissez le juste [Psalm. V, 13.[]], ô Seigneur, c’est que vous l’avez d’abord justifié comme impie. » C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, doit dire en effet le juste avec l’Apôtre ; et lorsque cette vérité fondamentale est affermie dans son âme, il peut sans crainte ajouter avec lui : Sa grâce n’a pas été stérile en moi. Car l’humilité repose sur la vérité, disions-nous Dimanche : on manquerait à la vérité en rapportant à l’homme ce qui, dans l’homme, vient du souverain Être ; mais ce serait aller aussi contre elle, que de ne pas reconnaître avec les saints les œuvres de la grâce où Dieu les a mises. Dans le premier cas, la justice se trouverait blessée non moins que la vérité ; dans le second, la gratitude. L’humilité, dont le but direct est d’éviter ces lésions injustes de la gloire due à Dieu en réfrénant les appétits de la superbe, devient ainsi d’autre part le plus sûr auxiliaire de la reconnaissance, noble vertu, qui, dans les chemins d’ici-bas, n’a pas de plus grand ennemi que l’orgueil. Aux premiers temps de la conversion, il est bon, il est prudent et nécessaire même généralement, pour les âmes, d’insister plus dans leurs méditations sur la considération de leurs défauts et de leurs fautes que sur la pensée des faveurs divines ; toujours est-il, cependant, qu’alors même il n’est permis à aucun homme d’oublier qu’il doit non seulement pleurer ses crimes passés et veiller sur sa vie présente, mais aussi remercier sans fin l’auteur de son bienheureux changement et de ses progrès dans la vertu. Lorsque le chrétien ne peut voir en lui-même une grâce, un bien quelconque, sans qu’aussitôt il lui faille lutter pour écarter les complaisances de l’amour-propre et la pensée de se préférer à d’autres, il n’a pas à s’en troubler sans doute ; car le péché d’orgueil n’est pas dans la suggestion mauvaise qui peut s’en présenter, mais dans le consentement qu’on lui donne ; toutefois cette hésitation du regard intérieur n’est pas sans inconvénient dans les voies spirituelles, et l’homme qui veut s’élever vers Dieu doit tendre doucement à la faire disparaître. Avec l’aide de la grâce il raffermira peu à peu l’œil de son âme, et guérira, par la pratique des Sacrements, son infirmité de nature. Surtout, qu’en ce point, comme pour tant d’autres, il se confie pleinement à Dieu qui l’appelle ; de lui-même, il serait impuissante se dégager des restes involontaires du péché qui, comme autant d’humeurs viciées, faussent en lui la belle lumière des dons divins ou la font dévier par une réfraction malheureuse. Si votre œil est simple, nous dit le Seigneur, votre corps tout entier sera lumineux, sans qu’aucune partie soit obscure ; la lumière vous illuminera pleinement et sûrement, parce qu’elle vous arrivera sans altération ni détour. C’est donc à la douce simplicité, fille de l’humilité et son inséparable compagne, qu’il appartient de nous dire comment s’allient dans les âmes, et se complètent mutuellement, la connaissance réfléchie des faveurs qu’elles reçoivent du ciel et la conscience de leur misère ; elle nous apprend, à la clarté des Écritures et à l’école des Saints, que se louer dans le Seigneur, se glorifier en Dieu, c’est louer et glorifier le Seigneur même. Quand Notre-Dame proclamait que toutes les générations l’appelleraient bienheureuse, l’enthousiasme divin qui l’animait n’était pas moins l’extase de son humilité que de son amour. La vie des âmes d’élite présente à chaque pas de ces transports sublimes, Où reprenant pour soi le cantique de leur Reine, elles magnifient le Seigneur en chantant les grandes choses qu’il fait par elles dans sa puissance . Lorsque saint Paul, après l’appréciation si basse qu’il porte de lui-même comparé aux autres Apôtres, ajoute que la grâce a été productive en lui et qu’il a travaillé plus qu’eux tous , ne croyons pas qu’il change de thème, ou que l’Esprit qui le dirige veuille corriger ainsi ses premières expressions ; un seul besoin, un même et unique désir lui inspire ces paroles en apparence diverses et contraires : le désir et le besoin de ne pas frustrer Dieu dans ses dons, soit par l’appropriation de l’orgueil, soit par le silence de l’ingratitude. Nous nous sommes étendus de préférence sur ces réflexions que suggèrent les dernières lignes de notre Épître ; elles complètent ce que nous avions à dire de l’humilité, vertu indispensable d’où relève tout progrès comme toute sûreté dans la vie chrétienne. Ce que dit saint Paul au sujet de la résurrection du Seigneur, considérée comme fondement de la prédication apostolique et de la foi des nations, n’a pas moins d’importance ; mais le glorieux mystère qui fournit à l’année liturgique dans la Solennité des solennités son pivot et son centre, a été traité durant l’Octave de Pâques avec les développements qu’il mérite. Lors même que le défaut d’espace ne nous y contraindrait pas, nous ne saurions mieux faire que d’y renvoyer le lecteur. Le Graduel nous est donné, dans les ouvrages des pieux interprètes de la Liturgie, comme l’action de grâces des humbles, guéris par Dieu conformément à l’espérance qu’ils avaient mise en lui. ÉVANGILE. Jésus n’est plus dans la Judée ; le nom des lieux cités en tête de l’Évangile du jour indique que la gentilité est devenue le théâtre des opérations du salut. Quel est donc cet homme qu’on amène au Sauveur, et dont la misère arrache des soupirs au Verbe divin ? Que signifient les circonstances insolites avec lesquelles s’opère sa guérison ? Cette guérison, d’un seul mot Jésus pouvait l’accomplir, et sa puissance en eût paru plus éclatante. Mais le miracle qui nous est raconté cache un plus grand mystère ; et l’Homme-Dieu, voulant ici surtout nous instruire, subordonne l’exercice de sa puissance au but d’enseignement qu’il poursuit. Les saints Docteurs nous apprennent en effet que cet homme représente le genre humain tout entier en dehors du peuple juif. Abandonné depuis quatre mille ans dans les régions de l’aquilon où régnait seul le prince du monde, il a ressenti les effets désastreux de l’oubli dans lequel l’avait mis, semblait-il, son Créateur et Père, par suite du péché d’origine. Satan dont la ruse perfide l’a fait chasser du paradis, s’en étant emparé, s’est surpassé dans le choix du moyen qu’il a pris pour garder sa conquête. La tyrannie savante  de l’oppresseur a réduit son esclave à un état de mutisme et de surdité qui le fixe mieux que des chaînes de diamant sous son empire ; muet pour implorer Dieu, sourd pour entendre sa voix, les deux routes qui pouvaient le conduire à la délivrance sont fermées pour lui. L’adversaire de Dieu et de l’homme, Satan peut s’applaudir. C’en est fait, on peut le croire, de la dernière des créations du Tout-Puissant, c’en est fait du genre humain sans distinction de familles ou de peuples ; car voici qu’elle-même, la nation gardée par le Très-Haut comme sa part de réserve au milieu de la défection des peuples, a profité de ses avantages pour renier plus cruellement qu’eux tous son Seigneur et son Roi ! L’Épouse que le Fils de Dieu était venu chercher sur la terre, la société des saints, doit-elle donc se réduire aux rares individualités qui s’attachèrent à lui durant les jours de sa vie mortelle ? Par le zèle de l’Église naissante et l’ineffable bonté du Seigneur, il n’en sera pas ainsi. Chassée de Jérusalem avec son Époux, l’Église a rencontré au-delà des confins de Judée le captif de Satan ; elle le convoite pour le royaume de Dieu, et c’est elle qui, par ses apôtres et leurs disciples, l’amène à Jésus, en le priant d’imposer sur lui sa main divine. Car nulle puissance humaine ne saurait le guérir : non seulement, assourdi comme il l’est par le tumulte des passions, il n’entend plus que d’une manière confuse la voix même de sa conscience, et ne perçoit plus l’écho des traditions, les accents des prophètes, que comme un son lointain et sans force ; mais encore, l’ouïe ainsi éteinte, il a perdu, avec ce sens précieux plus que tous les autres ici-bas, la possibilité même de réparer ses pertes, puisque la foi qui pourrait seule le sauver vient de l’ouïe, nous dit l’Apôtre. L’Homme-Dieu gémit en présence d’une misère si extrême. Et comment ne l’eût-il pas fait à la vue des ravages exercés par l’ennemi sur cet être d’élite, dans cette œuvre si belle dont lui-même avait fourni le modèle à la Trinité adorable aux premiers jours du monde ? Levant donc au ciel les yeux toujours exaucés de son humanité sainte, il voit l’acquiescement du Père aux intentions de sa compassion miséricordieuse ; et, reprenant l’usage de ce pouvoir créateur qui fit toutes choses par faites à l’origine, il prononce comme Dieu et comme Verbe la parole de restauration toute-puissante : Ephphetha ! Le néant, ou plutôt, ici, la ruine pire que le néant, obéit à cette voix bien connue ; l’ouïe de l’infortuné se réveille ; elle s’ouvre avec délices aux enseignements que lui prodigue la tendresse triomphante de l’Église, dont les prières maternelles ont obtenu cette délivrance ; et la foi qui pénètre en lui du même coup produisant son effet, sa langue enchaînée reprend le cantique de louange au Seigneur interrompu par le fatal péché depuis des siècles. Cependant l’Homme-Dieu, disions-nous, veut moins, dans cette guérison, manifester la puissance de sa parole divine qu’instruire les siens ; il veut leur révéler symboliquement les réalités invisibles produites par sa grâce dans le secret des sacrements. C’est pourquoi il emmène l’homme qu’on lui présente à l’écart, à l’écart de cette foule tumultueuse des passions et des vaines pensées  qui l’avaient rendu sourd pour le ciel ; à quoi servirait-il en effet de le guérir, si, les causes de sa maladie n’étant pas éloignées, il doit retomber aussitôt ? Jésus, ayant donc garanti l’avenir, met dans les oreilles de chair de l’infirme ses doigts sacrés qui portent l’Esprit-Saint et font pénétrer jusqu’aux oreilles de son cœur la vertu réparatrice de cet Esprit d’amour. Enfin, plus mystérieusement encore, parce que la vérité qu’il s’agit d’exprimer est plus profonde, il touche avec la salive sortie de sa bouche divine cette langue devenue impuissante pour la confession et la louange ; et la Sagesse, car c’est elle qui est ici mystiquement signifiée, la Sagesse qui sort de la bouche du Très-Haut, et découle pour nous comme une onde enivrante de la chair du Sauveur, ouvre la bouche du muet, comme elle rend éloquente la langue des enfants qui ne parlaient pas encore. Aussi l’Église, pour nous montrer qu’il s’agit figurativement, dans le fait de notre Évangile, non d’un homme isolé, mais de nous tous, a-t-elle voulu que les rites du baptême de chacun de ses enfants reproduisissent les circonstances de la guérison qui nous est racontée. Son ministre doit, avant de plonger dans le bain sacré l’élu qu’elle lui présente, déposer sur sa langue le sel de la Sagesse, et toucher les oreilles du néophyte en répétant la parole du Christ sur le sourd-muet : Ephphetha, c’est-à-dire ouvrez-vous. Il est une instruction d’un autre genre qui ressort également du récit évangélique, et que nous ne devons pas négliger, parce qu’elle arrive opportunément à la suite de ce que nous avons dit sur l’humilité. Jésus-Christ demande le silence aux témoins du miracle qu’il vient d’accomplir, bien qu’il n’ignore pas que leur légitime admiration ne tiendra nul compte de ses recommandations sur ce point. Mais il veut apprendre à ceux qui le suivent que s’il ne leur est pas toujours loisible d’empêcher l’éclat de jaillir de leurs œuvres, que si parfois l’Esprit-Saint lui-même se charge, en dépit de leurs efforts contraires, d’illustrer leur nom ici-bas pour la plus grande gloire du Dieu dont ils sont l’instrument, ils n’en doivent pas moins toujours, quant à eux, fuir l’ostentation, préférer l’abjection ou du moins le silence, et se cacher avec délices dans le secret de la face de leur Dieu, redisant avec une égale vérité à la suite des actions les plus retentissantes aussi bien qu’après les plus ignorées : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous n’avons fait que ce que nous devions faire. C’est toujours le chant des humbles, délivrés, guéris et glorifiés par Dieu, qui se fait entendre dans l’Offertoire. L’assemblée des serviteurs de Dieu le supplie, par la Secrète, d’agréer leurs dons, d’en faire au Sacrifice l’hommage de leur servitude et le soutien de leur faiblesse. L’Antienne choisie pour la Communion ne pouvait mieux convenir, dans un temps où les travaux de la moisson et des récoltes de tout genre se trouvent partout en pleine activité. Nous devons penser en effet à donner au Seigneur, par l’intermédiaire de son Église et des pauvres, les prémices de ces biens qui nous viennent de lui. Mais si nous voulons véritablement honorer Dieu en cela, évitons d’imiter la jactance du Pharisien dans l’acquittement d’un devoir si simple et si profitable à qui l’accomplit. Le remède sacré des Mystères agit sur le corps et sur l’âme ; produisant ainsi le salut de l’un et de l’autre, il est la vraie gloire du chrétien. L’Église demande pour ses fils, dans la Postcommunion, cette plénitude effective du Sacrement.

Saints Hippolyte et Cassien, Martyrs, treize août
Saints Hippolyte et Cassien, Martyrs.

Sanctoral 

Saints Hippolyte et Cassien, Martyrs

Hippolyte, baptisé par saint Laurent, fut arrêté à son domicile au moment où il prenait en communion la sainte Eucharistie. Amené devant l’Empereur Valérien, et interrogé par lui sur la religion qu’il professait, Hippolyte se déclara hardiment chrétien, et fut pour cette raison flagellé. Les coups n’ayant servi qu’à mieux montrer la constance de sa foi, on le tenta par des présents et des promesses d’honneurs. Mais toutes ces offres lui étant faites en vain, on le livra au préfet de la ville pour être mis à mort. Celui-ci allant chez Hippolyte pour confisquer ses biens, constata que tous les gens de sa maison étaient chrétiens. Après avoir essayé inutilement de les amener à l’apostasie, il fit frapper avec des lanières plombées Concordia, nourrice d’Hippolyte, qui encourageait les autres. Quant à ces derniers, sur l’ordre du préfet, ils furent tués en dehors de la porte Tiburtine. Hippolyte, traîné par des chevaux indomptés à travers des lieux couverts d’épines et de chardons, eut le corps tout déchiré et rendit son âme à Dieu. Le Prêtre Justin ensevelit les restes du Martyr avec ceux de ses serviteurs dans l’Agro Verano. Le même jour, à Imola, le Martyr Cassien subit un très cruel supplice ; on le livra, les mains liées derrière le dos, aux enfants qu’il instruisait, pour être percé et déchiré avec leurs stylets de fer. La faiblesse de ces bourreaux, en rendant le martyre plus long et plus douloureux, ne fit qu’ajouter à l’éclat du triomphe.

Sainte Radegonde, Reine et Veuve, treize août
A Poitiers, en France, sainte Radegonde reine, qui eut une vie éclatante de miracles et de vertus.

Sainte Radegonde, Reine et Veuve

Radegonde, fille d’un roi de Thuringe, fut prise par Clotaire, roi des Francs, dans une guerre entre la Thuringe et la France. Clotaire traita la jeune captive avec beaucoup d’égards, la fit instruire dans la religion chrétienne et lui fit conférer le saint Baptême. Elle eût voulu consacrer à Dieu sa virginité; mais elle dut épouser le roi qui avait massacré sa famille vaincue. Radegonde profita des richesses du trône pour orner les églises, assister les pauvres. Six années passées sur le trône n’avaient point fait renoncer Radegonde à l’espérance de la vie du cloître. L’assassinat de son frère par le roi son époux lui fournit une occasion favorable; Clotaire, fatigué de ses larmes, lui permit de partir. Elle se rendit d’abord à Noyon, et, comme l’évêque hésitait à recevoir ses voeux, elle se coupa les cheveux elle-même, revêtit la bure des religieuses, déposa ses ornements royaux sur l’autel, et fut consacrée au Seigneur. De là, Radegonde se rendit aux environs de Poitiers et se livra à tous les exercices d’une vie austère; elle ne vivait que de pain de seigle et d’orge, d’herbes et de légumes, et ne buvait pas de vin. Son vêtement était un cilice, son lit de la cendre; elle servait les pauvres de ses mains, pansait elle-même les malades atteints de la gale et de la teigne, lavait les plaies des lépreux et souvent délivrait les malheureux de leurs infirmités par des miracles. Un cierge reçu d’elle et allumé près d’un malade suffisait à le guérir; en passant par ses mains, les fruits et les aliments prenaient une vertu dont l’effet merveilleux ne tardait pas à se faire sentir. Elle mourut en 587, à l’âge de 68 ans. C’est une des Saintes les plus populaires de la France.

Bienheureux Novellon de Faenza, tertiaire franciscain, treize août
Dieu le glorifia dans la vie et dans la mort par des miracles.

Bienheureux Novellon de Faenza, tertiaire franciscain

Dans la grande famille des saints, le cordonnier se tient à côté du fils du roi, et le pénitent qui a expié les erreurs de sa vie antérieure peut s’associer avec l’homme innocent qui n’a jamais perdu la grâce de Dieu. Né de parents dévots à Faenza, en Italie, Novellon apprit le métier de cordonnier, mais sa mauvaise conduite causa un grand chagrin, surtout à sa bonne mère. Il s’est marié quand il était assez jeune, et on espérait que maintenant au moins il changerait ses habitudes ; mais il a continué dans les mêmes mauvaises habitudes, infligeant encore plus de peine à sa famille. Sa mère, cependant, priait et soupirait sans cesse que le bon Dieu, qui consolait la veuve de Naïm en ressuscitant son fils, ressusciterait aussi son fils d’une mort spirituelle à une nouvelle vie. Les prières et les larmes de la mère ne sont pas restées sans réponse. Parce que « l’affliction conduit à l’intelligence » (Is. 28,19), Dieu Tout-Puissant fit tomber gravement malade Novellon. La proximité de la mort lui ouvrit les yeux ; il a réfléchi sur ses années passées, la grâce a touché son cÅ“ur, et avec des larmes amères de vraie contrition, il a juré que s’il guérissait, il mènerait une vie pénitentielle. Il résolut également de faire un pèlerinage aux tombeaux des saints apôtres Pierre et Paul à Rome, et au tombeau de saint Jacques à Compostelle. Quelques jours plus tard, Novellon recouvra la santé comme par miracle. Il n’avait alors que vingt-quatre ans, mais il resta fidèle à sa promesse jusqu’à un âge avancé. Dès lors, la prière et le travail sont son occupation quotidienne. Gardant à l’esprit les paroles : « L’aumône purifie les péchés » (Tob. 12,9), le bienheureux Novellon de Faenza ne conservait de son salaire que ce qui était nécessaire à son entretien, et il répartissait le reste entre les pauvres et les malades. Au début sa femme, un peu inquiète de leurs temporels, fut fort vexée de cette libéralité, mais lorsqu’elle vit les grands bienfaits qui accompagnaient la charité de son mari, elle y consentit pleinement. Novellon châtia sévèrement son corps pour les péchés de sa vie passée et, au milieu de grandes difficultés, entreprit le pèlerinage qu’il avait promis de faire. Il fit plusieurs voyages à Compostelle. Après avoir donné l’exemple le plus édifiant de la pénitence et de toutes les autres vertus pendant cinquante-six ans, le bienheureux Novellon de Faenza mourut paisiblement dans le Seigneur en 1280. Dieu le glorifia dans la vie et dans la mort par des miracles. Avec l’approbation du pape, sa ville natale célèbre sa fête et les cordonniers l’ont choisi pour leur patron spécial.

Martyrologe

A Rome, le bienheureux Hippolyte martyr. Après avoir enduré sous l’empereur Valérien, divers tourments pour sa glorieuse confession, il fut lié par les pieds au cou de chevaux indomptés, trainé cruellement à travers les chardons et les ronces, supplice qui mit tout son corps en lambeaux et lui fit rendre l’âme. Ce même jour, souffrirent encore la bienheureuse Concorde, sa nourrice, qui, avant lui, avait été déchirée à coups de fouets garnis de plomb et s’en était allée vers le Seigneur; puis dix neuf autres personnes de sa maison qui furent décapitées hors de la porte Tiburtine, et inhumées avec lui à « l’Agio Verano ».

A « Forum de Sylla » (auj. Imola), l’anniversaire du martyr saint Cassien. Sur son refus d’adorer les idoles, le persécuteur fit venir ses élèves auxquels il était devenu odieux comme maître d’école, et leur donna licence de le faire mourir. La faiblesse de leurs mains rendit les souffrances de son martyre d’autant plus cruelles que la mort mit plus longtemps à venir.

A Todi, en Ombrie, saint Cassien, évêque et, martyr, sous l’empereur Dioclétien.

A Burgos, en Espagne, les saintes martyres Centolle et Hélène.

A Constantinople, saint Maxime abbé, illustre par sa science et son zèle pour la vérité catholique. Comme il combattait courageusement contre les monothélites, l’empereur hérétique Constant lui fit couper les mains et la langue, le relégua ensuite dans la Chersonèse, où Maxime, après cette glorieuse confession, rendit son âme à Dieu. En même temps, deux de ses disciples nommés Anastase, et plusieurs autres, souffrirent divers tourments et un exil rigoureux.

A Fritslar, en Germanie, saint Wigbert, prêtre et confesseur.

A Rome, l’anniversaire de saint Jean Berchmans, holastique de la Compagnie de Jésus et Confesseur, remarquable par l’innocence de sa vie et sa fidélité aux observances religieuses. Le souverain pontife Léon XIII lui a décerné les honneurs rendus aux saints du ciel.

A Poitiers, en France, sainte Radegonde reine, qui eut une vie éclatante de miracles et de vertus.

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