Comme souvent dans l’histoire, les bibliothèques sont épurées par les tenants des « temps nouveau » voulant « du passé faire table rase ». Suite à la tentative de putsch ratée de juillet 2016 (et Erdogan peut remercier Poutine de cela), le Président turc continue sa chasse permanente à celui qui est devenu en quelque sorte l’Emmanuel Goldstein de la Turquie : Fethullah Gülen, qui est dénoncé comme l’instigateur de toute forme d’opposition.

Lors de l’épuration ayant suivi le putsch raté, le gouvernement avait épuré les bibliothèques universitaires. Il avait notamment ordonné la destruction de 1 800 000 exemplaires de manuels divers (y compris de mathématiques) édités par des maisons liées au prédicateur ou simplement portant ses initiales. Cette première purge avait permis de recycler 13 000 tonnes de papier et cependant coûté 16 millions de dollars. Le Premier ministre adjoint et ministre de la Culture, Numan Kurtulmuş – ancien professeur associé de la faculté d’Économie de l’université d’Istanbul – a déclaré le 11 octobre 2017 devant la Grande assemblée nationale être parvenu à faire détruire 140 000 livres supplémentaires par les 1 142 bibliothèques dont il a la charge. Cette seconde purge n’a pas touché que les livres de Fethulah Gülen, ou de ses disciples, ou parlant de lui, mais aussi ceux d’auteurs contraires à la doctrine islamique de l’AKP, dont ceux du biologiste anglais Charles Darwin (1809-1882) ou traitant de sa théorie de l’évolution des espèces.

Notons que lorsque l’Egypte tomba sous le joug musulman, la bibliothèque d’Alexandrie fut incendiée par le Calife Omar, auteur de cette sentence définitive qui pourrait s’appliquer tout aussi bien aux autres régimes : « Si cers livres sont conformes au Coran, qu’on les brûle comme inutiles ; s’ils lui sont contraires, qu’on les brûle comme dangereux ». En URSS, en Chine maoïste, dans le Cambodge de Pol Pot, on assassina la mémoire du pays en détruisant œuvres d’arts et bibliothèques, se plaçant en droite ligne de leur mère à tous : la Révolution française. Le Troisième Reich élimina par le feu les œuvres de 50 auteurs, avec l’erreur de le faire publiquement, ce régime étant réputé pour ne rien cacher. On sait moins que ce sont 36.000 auteurs dont les œuvres furent extirpées des bibliothèques allemandes par l’occupant américain en 1945.

Comme disait Orwell : «Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui me contrôle du présent a le contrôle du passé». Dans un monde où les pantins à la solde d’Océania et ceux à la solde d’Eurasia rivalisent dans la réécriture de l’histoire et la manipulation de la mémoire, sauvegarder un livre, une idée, une œuvre susceptible d’être « vaporisée », est quelque part sauver un peu l’humanité.

Hristo XIEP

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