Novembre 2013 : MV Rhosus, un cargo battant pavillon moldave, parti de Georgie, direction Beira, au Mozambique, transportant 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, accoste au port de Beyrouth et, inspecté par les responsables du port, se retrouve interdit de naviguer. Et depuis les 2 750 tonnes de ce produit chimique hautement dangereux et explosif sont restées conservées à l’intérieur d’un entrepôt du port sans aucune mesure de sécurité pendant plus de six ans, si près du centre de la ville. Le gouvernement libanais a imputé l’énorme explosion du mardi 4 août dernier qui a dévasté certaines parties de Beyrouth à cette énorme quantité de nitrate d’ammonium « oubliée » .

C’est l’histoire banale, et explosive, de la mondialisation sauvage !

Le capitaine russe Boris Prokoshev a déclaré vendredi à la chaîne britannique BBC que le Rhosus ne s’était arrêté à Beyrouth que parce que son propriétaire avait des problèmes d’argent. Le capitaine a déclaré qu’on lui avait dit que le navire devait collecter une cargaison supplémentaire de machinerie lourde, pour financer le passage à travers le canal de Suez.

Cependant, la machinerie s’est avérée trop lourde à charger, et lorsque l’armateur n’a pas payé les frais de port et l’amende, les autorités libanaises l’ont saisie, ainsi que le nitrate d’ammonium, a-t-il ajouté.

Peu de temps après, le Rhosus a été « abandonné par ses propriétaires après que les affréteurs et le groupe cargo ont perdu tout intérêt pour la cargaison », selon les avocats de l’équipage. Il faisait également l’objet de réclamations légales de la part des créanciers. Les avocats ont souligné aussi  auprès du juge des affaires urgentes de Beyrouth « le danger auquel l’équipage était confronté étant donné la nature ‘’dangereuse’’ de la cargaison » dans les cales du navire. Le juge a finalement accepté de permettre à l’équipage de débarquer et, en 2014, les autorités portuaires ont transféré le nitrate d’ammonium dans « l’entrepôt 12 », à côté des silos à grains. Les avocats ont déclaré que la cargaison était « en attente de mise aux enchères et / ou d’élimination appropriée ».

Prokoshev a déclaré que les autorités de Beyrouth savaient à quel point la cargaison du navire était dangereuse et n’aurait pas dû la stocker au port : « Ils auraient dû payer l’armateur pour qu’il emporte le navire. Quelques cent mille dollars juste pour l’enlever et ne pas avoir ce mal de tête là-bas, dans le port. Mais ils ne voulaient pas le lâcher. Est-ce raisonnable? » « Je comprends, ils voulaient de l’argent. Mais s’ils avaient su qu’il y aurait une explosion comme ça, ils ne l’auraient pas fait. »

Le directeur général du port, Hassan Koraytem, ​​et le directeur général des douanes libanaises, Badri Daher, ont tous deux déclaré mercredi qu’eux-mêmes et d’autres responsables avaient averti à plusieurs reprises la justice du danger que représentait le nitrate d’ammonium stocké et de la nécessité de l’enlever.

Alors que ce soit un incendie, comme le croient certains, ou la possibilité d’un missile comme ne l’exclut pas le président libanais Michel Aoun, à avoir déclenché cette explosion qui a tué au moins 150 personnes et en a blessé environ 5 000 autres, tandis que des dizaines sont toujours portées disparues, sa véritable cause première est la mondialisation sauvage, et ses trafics, par cargo-poubelles, de matières premières, et d’hommes, d’un bout à l’autre du globe pour le plus grand profit des portefeuilles des financiers et multinationales apatrides…

C’est ce libre-échange sans entrave ni limite qui provoque les vrais désastres humains et écologiques à dénoncer et à combattre, et non les voitures dans Paris ou à New-York, et les chaudières fiouls des pauvres Français… Mais les faux-écolos, du microcosme bobo-radical-chic parisien, préfèrent s’attaquer aux « sans-dents » plutôt qu’aux « dents longues »…

Francesca de Villasmundo

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