Benoît Leclercq est enseignant d’histoire-géographie en lycée technologique et animateur depuis 2020 d’une chaîne You Tube consacrée à l’histoire antique.
Qui sont les Barbares ?
Le terme barbare est aujourd’hui devenu un lieu commun, entre ultra-violence, propagande de guerre et imaginaire heroic fantasy. Il faut d’emblée distinguer la barbarie de la barbarité qui définit l’appartenance à un peuple barbare. Chez les Grecs anciens, centrés sur la préservation de leur identité culturelle, le Barbare est d’abord celui qui ne parle pas grec, celui qui est étranger à l’idéal grec. La civilisation de la Grèce antique, la première grande civilisation mondiale, incarne le génie de la philosophie, de la science et des arts. Avec l’expansion de l’Empire perse et la menace des peuplades du Nord (Thraces, Illyriens, Celtes), le mot prend son sens attaché à la sauvagerie, à la déraison et à l’ignorance. Le Barbare incarne dès lors l’anti-modèle du civilisé.
Seize peuples antiques au crible de l’histoire
Ce livre raconte l’histoire de seize peuples antiques, de rendre compte de leurs origines, de leurs cultures, de leurs structures sociales, de leurs croyances et de leurs traditions militaires, avec pour ligne directrice l’étude des interactions, pacifiques ou conflictuelles, avec les Grecs. Benoît Leclercq suit les traces d’Hérodote qui, tout en célébrant l’idéal hellénique, témoigne d’une évidente fascination envers les peuples barbares.
Certains de ces peuples (Celtes, Thraces, Illyriens, Lydiens, Perses, Scythes, Indo-Aryens) appartiennent à la famille indo-européenne, ainsi que le montrent leurs langues, leurs mythes et leurs structures sociales. D’autres de ces peuples (Egyptiens, Babyloniens, Puniques, Juifs) n’appartiennent pas à la famille indo-européenne ou possèdent des origines diverses (Etrusques, Pélasges). Les Romains, considérés à l’origine par les Grecs comme des barbares, ne sont pas traités spécifiquement, mais évoqués à la suite des Grecs dans leurs interactions avec les peuples voisins.
Les confréries de jeunes guerriers, trait commun entre Grecs et Barbares
L’ouvrage se termine sur un intéressant chapitre consacré aux confréries de jeunes guerriers, trait commun entre Grecs et Barbares. Les koryosores appartiennent à une bande initiatique liée par un serment et s’identifient aux loups et aux chiens comme métaphores de la mort et de la fureur guerrière. Chez les Grecs, le koryos, traduisible en bande armée ou groupe de guerre, inspire les institutions de l’éphébie à Athènes et de la cryptie à Sparte. Dans le cadre d’un rite de passage vers l’âge adulte, les jeunes hommes servent comme guerriers (non hoplitiques) durant quelques années, avant leur intégration complète dans le corps civique. Le rôle des koryos est ancré dans une dualité harmonieuse entre le guerrier et le gardien de la tradition, incarnant les valeurs fondamentales de courage, d’honneur et de dévouement.
Ex Libris
Grecs et Barbares, Benoît Leclercq, éditions L’Harmattan, 302 pages, 31 euros
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