Thierry Marignac est journaliste, écrivain et traducteur (anglais et russe). Il est l’auteur d’un reportage, Vint, le roman noir des drogues en Ukraine (Payot, 2006), de nouvelles et de romans noirs. Thierry Marignac est aussi un bourlingueur qui a vécu aux Etats-Unis, en Russie et en Ukraine et qui conserve dans chacun de ces pays des amis qui sont des sources d’informations objectives hors des discours de propagande des différents camps. Son tout nouveau livre La guerre avant la guerre n’est pas un énième livre d’analyse du conflit ukrainien pondu par un “expert” qui n’a jamais mis les pieds sur place, comme on peut en trouver à la pelle en ce moment. C’est une chronique qui, à travers des événements révélateurs vécus par l’auteur en Ukraine et en Russie, permet d’aborder des aspects rarement abordés et pourtant bien utiles pour mieux comprendre certaines réalités de ce conflit.

Contacté en mars 2022 par une “journaliste” d’hebdomadaires français considérés comme sérieux, Thierry Marignac était sollicité pour la mettre en contact avec un auteur russe qu’il avait traduit. Quel ne fut pas la surprise de Marignac de s’apercevoir que cette “correspondante de guerre” envoyée en Ukraine ne connaissait rien de ce pays, n’y avait aucun ami et n’avait aucune connaissance linguistique lui permettant d’échanger avec les habitants. Elle serait donc réduite à rejoindre d’autres journalistes occidentaux pris en main par le service de propagande de l’armée ukrainienne et incapables de mener le moindre travail d’investigation sur place. Allez faire confiance à la presse avec de tels loustics pour remplir ses colonnes.

L’intérêt de Thierry Marignac pour le monde russophone est né il y a plus de quarante ans lorsqu’il fit connaissance avec Edouard Limonov. Ils sont restés amis jusqu’au décès de celui-ci le 17 mars 2020. Marignac raconte avec amusement comment, à New York, il obtint une subvention de l’Open Society de Soros pour pouvoir partir en Ukraine réaliser son reportage sur l’univers de la drogue dans ce pays ultra-corrompu. Il y retournera à plusieurs reprises. Cela nous vaut un saisissant tableau de l’Ukraine avant la guerre, avec des affrontements sanglants entre groupes criminels dont les chefs peuvent par ailleurs devenir à un moment ou l’autre maire ou député. Marignac enchaîne les exemples, avec force détails, pour nous montrer comment il est difficile dans ce pays de distinguer les oligarques des truands et pourquoi la place du grand banditisme est un élément indispensable à la compréhension du conflit russo-ukrainien.

Le cas de l’oligarque Kolomoïsky est emblématique. Cet homme maffieux aux trois nationalités (ukrainienne, israélienne et chypriote), ancien président de l’Union des Juifs d’Ukraine et ancien propriétaire du Dynamo de Kiev, député, propriétaire de la plus grande banque du pays – celle où les services secrets avaient leur compte -, finançait les bataillons néo-nazis Dniepr 1, Dniepr 2 et Azov à coups de plusieurs millions de dollars chaque mois. Egalement propriétaires de plusieurs studios de télévision, c’est ce Kolomoïsky qui a été l’artisan de l’élection de Zelensky à la présidence de l’Ukraine. Ce même Kolomoïsky qui est le véritable propriétaire de Burisma, entreprise du secteur gazier ayant engagé en 2014 Hunter Biden, le fils de l’actuel président des Etats-Unis,

Elément peu connu, souligne Marignac, l’importante toxicomanie en Ukraine, accompagnée du déferlement du VIH et de l’hépatite C, ont favorisé l’ingérence internationale dans les affaires intérieures du pays via des institutions internationales trop heureuses de lui “venir en aide” et d’imposer des projets de loi dont dépendaient d’autres subventions. Illustration avec la présence à Kiev de Renaissance Society, antenne de l’Open Society de Soros, dont les dirigeants locaux, sûrs de faire partie de la “classe dominante”, ne fumaient pas que du tabac…

Par ailleurs, Marignac rappelle que Monsanto avait acheté des centaines de milliers d’hectares en Ukraine car la production d’OGM n’y était pas interdite.

C’est se moquer du monde de prétendre que l’Occident se mobilise pour défendre la souveraineté de l’Ukraine alors que celle-ci est depuis longtemps devenu un vassal des Etats-Unis, fait remarquer le sociologue ukrainien Volodymir Ishchenko rencontré par Marignac.

Ce livre est à recommander à toute personne qui veut vraiment comprendre ce qu’est l’Ukraine, loin de l’euphorie à la BHL et sans pour autant se référer à la propagande russe.

La guerre avant la guerre, Thierry Marignac, éditions Konfident, 178 pages, 18 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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