Fais ton choix camarade : saucisson ou gaudiveau, cervelle de canut ou sarasson, quenelles ou barboton. Le moindre fautif sera sévèrement fusillé…  La rivalité entre l’Olympique Lyonnais et l’Association Sportive de Saint-Etienne n’est pas d’hier, même si les deux clubs ont chacun leur heure de gloire en période décalée (1967-1982 pour les Verts, 2001-2012 pour les Blancs).

Saint-Etienne l’ouvrière (mais qui a un maire de droite) contre Lyon la bourgeoise (mais qui a un maire de gauche). Magic Fans rouges de Saint-Etienne contre Bad Gones bleu marine de Lyon. Une rivalité dans les tribunes avec des banderoles d’un goût douteux (« Les Gones inventaient le cinéma pendant que vos pères crevaient dans les mines », 31e journée, 14 avril 2000 ; « la chasse est ouverte… tuez-les ! » (banderole des Magic Fans de Saint-Etienne), 27e journée, 3 mars 2007), entretenue par des joueurs (Bernard Lacombe, Frédéric Piquionne, Jérémie Janot) et bien sur par les dirigeants (Roger Rocher et l’inévitable Jean-Michel Aulas).

Sans remonter ab ovo, on peut considérer l’année 1967 comme le début de cette rivalité.  Le 12 février 1967, au stade municipal d’Annecy, Lyon éliminait Saint-Etienne en 16e de finale de la Coupe de France sur le score de 2 à 0 contre le cours du jeu, ce qui fit dire à l’entraîneur des Verts Jean Snella  « à trop jouer la carotte, l’OL n’ira pas bien loin… ». Or, le 19 mars, Saint-Etienne recevait Lyon pour le compte de la 28e journée de 1re division. Si les Verts prirent leur revanche en gagnant 2 à 1, les supporters de Lyon avaient réussi à faire rentrer clandestinement 25 kilos de carottes dans le stade, s’en servant pour bombarder les joueurs. L’ailier gauche de Saint-Etienne Georges Bereta ramassera une carotte avant de la croquer devant le kop lyonnais.  En 1969, les Verts feront passer le goût des carottes aux Lyonnais en leur infligeant une double raclée : victoire 7-1 à Geoffroy-Guichard et victoire 6-0 à Gerland…

La rivalité prendra un tour plus dur, au point d’attirer l’attention de la France entière, le 27 février 1993 pour le compte de la 27e journée de 1re division. Lyon est alors coaché par le plus anti-stéphanois des lyonnais : le communiste Raymond Domenech. Les Verts, aidée par une charnière centrale de fer Sylvain Kastendeutch  & Jean-Pierre Cyprien (qui ne sera battue en efficacité qu’en 2007-2008 avec la charnière Mustapha Bayal-Sall et Efstathios Tavlaridis, le colosse sénégalais et la tronçonneuse grecque…), s’imposent chez les Gones 2 à 0. Les ultras stéphanois vont tomber la barrière de leur parcage. Des incidents violents qui vont attirer l’attention des autorités, puisque les déplacements des supporters visiteurs sont depuis beaucoup plus encadrés, quand ils ne sont pas interdits ou boycottés…

Le 8 novembre 2015, pour le compte de la 13e journée de 1re division, éclate le premier incident grave sur le terrain à la 76e minute. L’équarisseur en chef de Lyon, Jordan Ferri, fracasse le genou de l’avant-centre slovène de Saint-Etienne, Robert Beric (qui depuis multiplie les blessures) lors d’une victoire 3 à 0, n’étant sanctionné que par un carton jaune. De plus, le véhicule de Georges Beretta fut démolie après le match… les carottes, ça attire les ânes.

Le 5 février 2017, pour le compte de la 23e journée de Ligue 1, Saint-Etienne reçoit Lyon dans une atmosphère méphitique.  Tout d’abord, il y eut l’affaire Mounier lors du mercato d’hiver. Pour suppléer la blessure longue durée de l’ailier gauche marocain Oussama Tannane, Saint-Etienne avait jeté son dévolu sur celui de Bologne Anthony Mounier. Problème, ce dernier, formé à l’Olympique Lyonnais, avait tenu des propos injurieux contre le club stéphanois le 31 mars 2012 lors de la victoire de Nice à Geoffroy-Guichard 3 à 2, pour le compte de la 30e journée. Il avait alors inscrit un doublé et les propos avaient été adressés au dernier buteur,  l’arrière droit François Clerc et qui avait connu Mounier à Lyon. Clerc qui, la saison suivante, signera à Saint-Etienne. Nonobstant le fait que les parents d’Anthony Mounier soient supporters des Verts, les ultras stéphanois lui firent clairement comprendre qu’il était persona non grata au pays des grattons… Menaces de mort, banderole très persuasive (« Mounier, nos couleurs ne seront jamais les tiennes »), alors qu’il devait jouer contre Toulouse lors de la 22e journée, Mounier se vit offrir une « offre qu’il ne pouvait pas refuser» : retourner en Italie et signer à Bergame. Notons l’attitude montrant la tolérance habituelle des gens de gauche vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme eux. Je les préfère quand ils clouent le bec à la racaille d’Annonay 27 février 1999 (match amical contre le FC Sion), pas quand ils saccagent un mariage croyant que le marié était supporter de Lyon le 5 septembre 2015.

Peu après l’affaire Mounier éclata l’affaire Lopes. Anthony Lopes, gardien de but de Lyon et de l’équipe du Portugal, s’illustre par un geste d’une rare bêtise le 31 janvier dans les vestiaires peu avait le match de 16e de finale de Coupe de France opposant l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais. Avec un marqueur noir, il barre le nom de Saint-Etienne sur son maillot orné du nom des vainqueurs de la Coupe (2017 étant la 100e édition de la Coupe de France, la première étant remportée en 1918 par l’Olympique de Pantin, le futur Red Star, contre le FC Lyon, rival de l’OL existant toujours et jouant en 7e division). Il s’excusera le lendemain de son geste :

« Je ne pensais pas que cela allait prendre ces proportions-là. J’ai pu entendre et lire des choses qui m’ont abasourdi. On sait qu’avec les réseaux sociaux, on n’a pas le droit à l’erreur. Il n’y avait rien de méchant de ma part. La rivalité entre l’OL et l’ASSE est hors norme et les seuls qui peuvent vraiment la comprendre, ce sont les supporters des deux clubs. Si j’ai blessé ou dénigré l’ASSE et ses dirigeants, j’en suis vraiment désolé. Ce n’était pas du tout mon intention ».

Hristo XIEP

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