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L'église gréco-catholique ukrainienne

Anatoli Babynskyi, docteur en histoire des religions, est maître de conférences à l’Université catholique d’Ukraine, spécialisé dans l’histoire du christianisme en Europe orientale. Il signe aux éditions Salvator un livre qui tombe à pic pour comprendre l’histoire méconnue de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne.

Les débuts du christianisme sur les terres ruthènes

Le premier événement marquant pour la propagation du christianisme sur les terres ruthènes fut le baptême à Constantinople en l’an 954 d’Olha (Olga), princesse régente de Kiev de 945 à 964. Ce fut durant son règne que l’évêque latin Adalbert se rendit à Kiev avec une mission spéciale ecclésiale. Ultérieurement, des missionnaires romains arrivèrent à Kiev, et après l’adoption du christianisme en tant que religion d’Etat, en l’an 1000, une délégation de Rome apporta les reliques des saints Vite, Apollinaire et Benoît pour des églises de Kiev. Par la suite, la princesse Olha devint une des premières à être proclamée sainte de la jeune Eglise de la Rus’. Cependant, en raison de l’indifférence religieuse du prince Sviatoslav (945-972), fils d’Olha, la propagation de l’Evangile fut suspendue dans la Rus’.  Le processus de la christianisation des terres ruthènes reprit de la vigueur après l’accession au pouvoir, en 979, du prince Volodymyr (958 – 1015), le plus jeune des enfants de la princesse Olha. La décision de Volodymyr d’introduire le christianisme en tant que religion d’Etat comprenait plusieurs aspects : non seulement une conversion personnelle, mais aussi un désir de rejoindre le « club » des souverains chrétiens voisins, le plus grand étant l’empereur byzantin.

Pour comprendre cette histoire de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, il est important de se rappeler qu’au moment du baptême de Volodymyr, la rupture de l’unité entre l’Eglise de Constantinople et l’Eglise romaine ne s’état pas encore produite.

La christianisation de la Rus’ eut une influence décisive sur le développement de la culture populaire : une riche littérature religieuse et profane, de nouvelles architectures ont commencé à servir de modèles, et de nouvelles normes sociales se sont répandues. Une expression de l’identité de l’Eglise de Kiev nouvellement fondée fut la cathédrale Sainte-Sophie à Kiev (achevée en 1037).

Après que Kiev fut ravagée par les Mongols, les moines du monastère des Grottes se dispersèrent et donnèrent naissance à de nombreux monastères. L’importance du monastère des Grottes de Kiev fut su forte que, même au XVIIIe siècle, les moines de la lointaine éparchie gréco-catholique de Moukatchevo s’y rendaient en pèlerinage.

Saint Josaphat

Après la chute de Constantinople en 1453, les patriarches de la ville devinrent dépendants du souverain musulman et durent payer une taxe au sultan pour obtenir de monter sur le trône patriarcal. La situation dans la métropole de Kiev n’était pas meilleure. Souvent, les autorités laïques pourvurent es évêchés sans se soucier si le candidat avait un niveau moral et théologique suffisant.

Ce fut dans les années 1580-1590 que, à cause de la crise permanente dans le patriarcat de Constantinople, et au vu des défis internes et externes auxquels faisait face la métropole de Kiev, la noblesse et l’épiscopat ruthènes trouvèrent un moyen de renouveler la vie ecclésiastique de l’Eglise de Kiev. D’abord le prince Constantin Ostrogski, et plus tard tout l’épiscopat de la métropole, s’accordèrent sur l’idée que le meilleur moyen de sortir de la crise serait de rétablir l’unité avec l’Eglise de Rome.

Le début du XVIIe siècle fut marqué par la division de la métropole de Kiev. En 1618, les cosaques noyèrent dans le Dniepr le père Antoine Hrekovytch, vicaire du métropolite de la cathédrale Sainte-Sophie. L’apogée du conflit fut le meurtre de l’archevêque uniate de Polotsk, Josaphat Kountsevytch le 12 novembre 1623. La personne de saint Josaphat reste encore la figure la plus controversée pour les Ukrainiens, qu’ils soient gréco-catholiques ou orthodoxes. Pour les premiers, c’est un hiéromartyr. Pour les seconds, c’est un ennemi de l’Eglise. Le métropole uniate subit un autre revers après que les troupes moscovites du tsar Alexis Mikhaïlovitch (1645-1676) envahirent les terres lituaniennes. Beaucoup de moines basiliens et membres du clergé séculier furent expulsés ou tués. Au fil du temps, le grand-duché de Pologne-Lituanie reconquit une partie de ses terres du tsarat de Moscovie, mais la métropole uniate ne put jamais rétablir tous ses sièges.

Persécutions

Au XXe siècle, avec l’arrivée des troupes soviétiques commencèrent les premières tentatives de convertir les paroisses gréco-catholiques de la Galicie à l’orthodoxie. En 1941, les répressions et déportations se poursuivirent à grande échelle. Alors que pendant la Seconde guerre mondiale, les victimes étaient pour la plupart des intellectuels, des commerçants, des prêtres, des industriels et des avocats, n’importe qui pouvait le devenir. Il suffisait d’être accusé de nationalisme ukrainien. L’occupation allemande, qui commença le 22 juin 1941, autorisa un petit renouveau de la vie ecclésiastique. L’Acte de restauration de l’Etat ukrainien fut proclamé le 30 juin 1941 à Kiev. Le métropolite Cheptytsky remercia l’armée allemande de la libération de l’occupation soviétique, marquée par la violente répression et la terreur. Mais les espoirs furent de courte durée. Les Ukrainiens se retrouvèrent à devoir choisir  entre le totalitarisme soviétique et le totalitarisme allemand. Le 11 avril 1945, des officiers du NKVD soviétique arrètèrent tous les évêques gréco-catholiques sur le territoire ukrainien. L’Eglise gréco-catholique ukrainienne fut abolie en 1946. Débuta alors l’Eglise des catacombes, clandestine. En 1950, plus de cent moines et nonnes furent arrêtés et envoyés en exil. Le gouvernement communiste confisqua et transmit à l’Eglise orthodoxe russe environ 2500 églises et 195 monastères furent fermés. La répression communiste se poursuivit contre l’Eglise clandestine jusqu’à la fin de l’URSS. La normalisation de la vie de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne ne revint quà partir de 1991.

Ex Libris

L’église gréco-catholique ukrainienne, Anatoli Babynskyi, éditions Salvator, 208 pages, 20 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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