Il faut environ 20 minutes en voiture pour rejoindre l’aéroport Ben Gourion depuis Ein Arik. Du moins en théorie, s’il n’y avait pas les contrôles routiers. Aussi parce que les Palestiniens n’ont pas le droit d’utiliser l’aéroport depuis le début de la guerre à Gaza. Les conséquences de ces obstacles sont bien réelles pour les 85 jeunes chrétiens palestiniens qui prévoient de se rendre en pèlerinage à Rome cet été. Au lieu de 20 minutes de route jusqu’à l’aéroport, ils devront d’abord prendre un autocar de nuit pour la Jordanie, avec pour conséquence une augmentation des coûts.
Avec la récente annonce d’un cessez-le-feu à Gaza, on pourrait penser que l’avenir s’annonce un peu plus prometteur pour les chrétiens en Terre Sainte. « La vérité ? « Pour nous en Cisjordanie, le cessez-le-feu n’a fait qu’empirer les choses », explique le père Louis Salman, responsable de l’aumônerie des jeunes en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem. «Depuis le cessez-le-feu, encore plus de routes ont été fermées, rendant les déplacements encore plus difficiles», explique le prêtre. L’une des conditions du cessez-le-feu est la libération des prisonniers palestiniens, dont beaucoup sont retournés en Cisjordanie.
Le traumatisme de la guerre
« C’est la nouvelle normalité dans les territoires palestiniens de Terre Sainte », explique le père Louis. Les restrictions de voyage donnent aux gens un sentiment d’isolement et de piégeage. En outre, le manque d’opportunités d’emploi compromet leurs perspectives et l’exposition constante à la violence les traumatise.
Le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, l’a rencontré lors d’une réunion avec l’Aide à l’Église en Détresse à Jérusalem. « Il ne fait aucun doute que la situation en Cisjordanie a empiré. Avec le début du cessez-le-feu à Gaza, les opérations ont commencé en Cisjordanie avec des centaines de points de contrôle et des opérations à Jénine [une grande ville palestinienne] ».
Sami El-Yousef, directeur général du Patriarcat latin de Jérusalem, soutient ce point de vue :
« Nous avons assisté à de nouvelles annexions de terres en Cisjordanie. On assiste également à l’expulsion de quelque 16 000 personnes des camps de réfugiés de Jénine, qui ont été détruits, les laissant sans aucun endroit où retourner. La Cisjordanie est désormais complètement fragmentée avec 185 points d’entrée et plus de 900 points de contrôle. Une situation qui, en raison des événements à Gaza, ne reçoit guère d’attention internationale. »
« Je ne sais pas comment nous restons debout, car nous allons à contre-courant », poursuit Sami El-Yousef. Il essaie néanmoins de trouver un côté positif à la situation.
« En tant qu’Église, nous nous sentons plus forts aujourd’hui qu’il y a un an et demi, notamment en raison de notre contribution à la société en général. Et nous avons pu maintenir nos services. Il s’agit également de les élargir sous certains aspects et de servir les communautés de Gaza et de Cisjordanie, les plus touchées par la guerre. Nous nous préparons également à être plus utiles après la guerre. »
Léo Kersauzie
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