Archiviste-paléographe, docteur ès lettres, Alexandre Maral est conservateur général au château de Versailles, où il est chargé des collections de sculpture et directeur du Centre de recherches. Il est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.

Il nous décrit avec brio ces derniers jours de Versailles qui apparaissent comme la naissance dramatique de l’absolutisme démocratique.

L’année 1789 est celle du grand bouleversement. En moins de quatre mois, tout un système plus que millénaire disparaît. Souverain absolu, le roi perd son pouvoir au profit de l’Assemblée nationale, proclamée le 17 juin et investie de la mission constituante le 20 juin. Cette révolution politique et institutionnelle est suivie d’une révolution dite « populaire » – par irruption de la violence – le 14 juillet, d’une révolution sociétale le 4 août, d’une révolution idéologique le 26 août, d’une révolution sociale les 5 et 6 octobre. Retracer les principales étapes de cette destruction permet de mieux comprendre, au-delà des occasions manquées, les processus mis en œuvre qui contiennent en germe la proclamation de la République et la condamnation à mort du souverain.

L’échange entre le roi et le duc de Liancourt est également révélateur du bouleversement causé par les événements révolutionnaires dans l’espace versaillais et dans la conception qu’en ont les gens de cour. Là encore, tout s’écroule : l’univers décisionnel voulu par Louis XIV, qui avait fait de Versailles le siège ordinaire et permanent de la cour et du gouvernement en 1682, le monde clos et brillant de la cour, érigé en modèle pour l’Europe, le cocon protecteur d’un espace entièrement conçu pour exalter la majesté royale. Après octobre, Versailles n’est plus qu’un symbole vide.

Pour autant, l’univers de Versailles ne s’écroule pas d’un coup. Le temps de la cour, le temps des débats parlementaires, le temps des émeutes se superposent, tandis que l’histoire s’accélère. La vingtaine de semaines qui sépare l’ouverture des états généraux des journées d’octobre représente un moment unique où coexistent l’Ancien Régime – dont l’appellation est créée pour tuer la chose – et le nouveau monde qui émerge.

Alexandre Marat examine l’enchevêtrement des faits, des questions, des enjeux et ambitionne de restituer l’enchaînement serré des événements en puisant parmi des sources parfois inédites.

Les derniers jours de Versailles, Alexandre Maral, éditions Perrin, 608 pages, 29 euros

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