L’inquiétude grandit quant au sort des personnes vulnérables dans le cadre d’un régime d’euthanasie au Royaume-Uni, et plusieurs députés qui soutenaient auparavant le projet de loi sur l’euthanasie ont désormais choisi de s’y opposer.
Pressions sur les personnes âgées ou handicapées pour accepter le suicide assisté
Un récent sondage YouGov a révélé que 56 % des Britanniques craignent que des personnes choisissent le suicide assisté, car ils se considèrent comme un fardeau. De plus, 64 % estiment que le risque de voir les personnes âgées subir des pressions pour se suicider avec assistance sera élevé, et 58 % pensent que les personnes handicapées seront davantage exposées.
En réalité, 55 % des adultes favorables au suicide assisté estiment également que les personnes handicapées seront poussées à se suicider, 60 % craignent que les personnes âgées se sentent sous pression et 53 % craignent que les personnes atteintes de troubles mentaux soient en danger. Le comité de Leadbeater pour le suicide assisté a d’ailleurs rejeté les garanties sur la quasi-totalité de ces points.
« Derrière cette sympathie générale se cache un profond malaise quant à la manière dont une telle législation pourrait exposer les plus vulnérables à la violence, à la coercition ou à l’abandon », a déclaré Paul Main, de l’Armée du Salut, ajoutant : « Nous exhortons les députés à voter contre le projet de loi. Nous craignons vivement que ce projet de loi ne crée par inadvertance un système de mort à deux vitesses. »
« Il est terrifiant de faire face à une maladie terminale sans soins palliatifs, mais si vous ne pouvez pas accéder au soutien qui peut aider à soulager la souffrance, vous pouvez avoir l’impression de n’avoir d’autre choix que de demander un suicide assisté », a conclu Paul Main.
En fait, même une déclaration d’impact extrêmement optimiste, récemment publiée par des fonctionnaires pour informer les députés lors de leur débat sur le suicide assisté, affirmait que dix ans après la légalisation, le nombre de décès par suicide assisté pourrait atteindre 4 000 par an, et que ce chiffre augmenterait avec le temps. Cela ramènerait les décès par euthanasie à un peu moins de 1 % des décès annuels.
Les mauvais exemples des Pays-Bas, de Belgique et du Canada
Aux Pays-Bas, le nombre de décès par euthanasie est passé de 1,2 % des décès enregistrés après la légalisation en 2002 à 5,8 % en 2024 (soit 9 958 décès) et continue de croître d’année en année. Même les partisans du régime ont commencé à exprimer leur inquiétude. En Belgique, en 2023, le nombre de décès par euthanasie a atteint 3,1 % des décès enregistrés ; au Canada, seulement sept ans après la légalisation, ce taux a atteint le chiffre stupéfiant de 4,7 %, et continue d’augmenter.
L’étude d’impact, qui n’a pas encore été publiée dans son intégralité, devrait également inclure « les économies réalisées grâce à la légalisation de l’euthanasie ». Les économies réalisées grâce à l’interruption prématurée de vies humaines sont un sujet de discussion fréquent et morbide chez les partisans de l’euthanasie, alors que les systèmes de santé sont mis à rude épreuve par le vieillissement de la population et l’effondrement démographique, créant des problèmes majeurs pour les pays occidentaux.
Les sondages indiquent que si la plupart des Britanniques soutiennent le principe du suicide assisté, le débat de plusieurs mois et l’échec de la commission Leadbeater ont suscité une inquiétude croissante quant au sort des personnes vulnérables dans le cadre du régime d’euthanasie britannique. Le projet de loi doit être renvoyé au Parlement ce mois-ci, et plusieurs députés qui l’avaient auparavant soutenu ont désormais exprimé leur opposition.
Six députés travaillistes, Antonia Bance, Meg Hillier, Jess Asato, Florence Eshalomi, James Frith et Melanie Ward, ont publiquement exhorté leurs collègues à rejeter le projet de loi, le qualifiant d’« irrémédiablement imparfait » et de risqué pour les personnes vulnérables, malgré les amendements absurdes de la commission. Au total, 80 propositions de mesures de sauvegarde ont été rejetées par la commission.
Léo Kersauzie
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