C’est certainement une revanche pour le cardinal Pell, Australien, qui vient d’être rappelé à Rome par le pape François. Retour sur un nouveau scandale financier au Vatican qui permet le retour en grâce du cardinal conservateur.

Le 24 septembre dernier, des Palais Apostoliques survient l’annonce de la « défenestration » du très puissant cardinal Angelo Becciu, accusé de malversations financières. L’archevêque italien, membre de la garde rapprochée du pontife argentin, fut entre 2011 et 2018 le substitut de la Secrétairerie d’État, et depuis le préfet de la Congrégation des causes des saints. Il est désormais non seulement privé de son poste à la Curie, mais aussi de toutes ses prérogatives liées au cardinalat, dont celle de participer à tout conclave.

La nouvelle explosive est arrivée dans la soirée du 24 via le bulletin du bureau de presse du Saint-Siège :

« Aujourd’hui, jeudi 24 septembre, le Saint-Père a accepté la démission de la fonction de préfet de la Congrégation pour les causes des saints et des droits liés au cardinalat, présentée par Son Eminence le cardinal Giovanni Angelo Becciu.»

Ainsi, l’ancien  numéro trois  du Vatican conservera le titre de cardinal mais sans les prérogatives reconnues dans les canons 349, 353 et 356 du Code de droit canonique. Désormais, il ne sera que cardinal honoraire, privé, entre autres, du privilège d’entrer dans le conclave pour choisir le successeur de Pierre.

Le cardinal Becciu nie cependant toute implication dans le scandale concernant l’achat de l’immeuble de Londres, 60 Sloane Avenue, sur lequel pèse une enquête depuis près d’un an. 

« L’ affaire de la désormais célèbre propriété du 60 Sloane Avenue, achetée en 2014 par la Secrétairerie d’État à travers l’investissement dans un fonds lié au financier Raffaele Mincione, a déjà fait tombé, directement ou indirectement, pas mal de puissantes têtes  : de l’ancien directeur de l’AIF Tommaso di Ruzza à l’ancien président René Bruhelart, de l’ancien chef du bureau administratif de la première section de la secrétairerie d’État Monseigneur Alberto Perlasca au chef laïc Fabrizio Tirabassi. Sans oublier la démission sensationnelle de Domenico Giani, commandant de la gendarmerie vaticane et jusque-là ombre du pape, suite à la diffusion d’un document interne avec les noms et photos des premiers employés enquêtés dans l’enquête sur le bâtiment » lit-on sur la Nuova Bussola Quotidianna.

Depuis le début de l’enquête menée par la justice vaticane sur l’opération immobilière réalisée lorsqu’il était en poste comme suppléant à la secrétairerie d’État, le prélat Becciu a montré qu’il était prêt à se défendre bec et ongles des accusations qui pleuvent sur lui. Ce qu’il a déjà fait auprès du numéro deux du Vatican, le secrétaire d’Etat cardinal Parolin qui n’avait pas hésité à parler à la presse d’« opération opaque ». Et s’était attiré une réponse outrée de l’ancien numéro trois : « il n’y avait rien d’opaque » car « l’investissement il était régulier et enregistré selon les normes légales ».

D’après ce que l’on apprend de l’Agence de Presse italienne Adnkronos, le pape François aurait décidé d’intervenir contre le cardinal Becciu en raison de cette affaire londonienne mais également à cause de « sept cent mille euros destinés à la charité du pape qui se sont retrouvés dans des opérations qui auraient profité aux frères » du prélat sarde.

La NBQ rappelle que « tout a commencé en 2012 lorsque la Secrétairerie d’État a abandonné l’idée d’un investissement dans une plate-forme pétrolière en Angola pour se réfugier dans la pierre, investissement plus sûr. Paradoxalement, cette opération immobilière, généralement synonyme de solidité économique, a fini par déclencher l’un des tremblements de terre les plus destructeurs du pontificat bergoglien. » 

En effet, non seulement le cardinal Becciu faisait partie de la garde rapprochée du pape François, mais il ne compte pas se laisser guillotiner sans rien dire :

« Lors de notre rencontre, a déclaré Angelo Becciu au journal italien Domani, le Saint-Père m’a expliqué que j’aurais favorisé mes frères et leurs entreprises avec l’argent de la Secrétairerie d’Etat, mais je peux expliquer. Il n’y a certainement pas de crimes. »

Dans l’interview, le cardinal a également avoué son accès de colère en présence de François :

« J’ai dit au pape : pourquoi me fais-tu cela ? Devant le monde entier ? ».

« Je me sens un peu étourdi, a continué le cardinal italien, tout semble surréaliste, mais j’essaye d’être réaliste ».

Pour lui, il s’agit d’« une chose surréaliste car hier à 18h02 j’étais un ami du Pape, fidèle exécuteur testamentaire du Pape et puis le Pape, en me parlant, me dit qu’il n’a plus confiance en moi car les magistrats ont rapporté que j’aurais commis des actes de détournement de fonds ». Accusations qu’il conteste haut et fort.

Entre-temps, il y en a un qui retrouve audience à Rome et c’est le cardinal Pell. D’Australie, il a énoncé sa « sentence » sur l’ancien homme fort de la Curie romaine. L’ancien préfet du Secrétariat à l’économie n’avait pas caché sa croyance, mais sans apporter de preuves, que derrière son odyssée judiciaire en Australie, où il fut condamné pour « pédophilie » avant d’être définitivement acquitté, se trouvait aussi un réseau romain qui voulait lui faire payer l’opération de nettoyage qu’il avait commencé à mener dans le Finances du Vatican et son enquête sur ce fameux immeuble londonien. Dans une déclaration à La Nuova Bussola Quotidiana et à d’autres journaux italiens et internationaux il affirme que « le Saint-Père a été élu pour assainir les finances du Vatican » mais « la partie est longue ». J’espère, a conclu le cardinal australien, que « le nettoyage (…) se poursuit aussi bien au Vatican qu’à Victoria ».

Rappelé à Rome par le pape lui-même, où il est arrivé aujourd’hui, c’est un retour singulier pour le prélat australien étant donné que François n’a pas voulu l’écouter sur les réformes financières et que durant son séjour en prison en Australie, Jorge Maria Bergoglio ne lui avait donné aucun signe de vie. Un retour en grâce qui sonne comme une revanche si ce n’est une victoire. 

 Francesca de Villasmundo

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