
En 2021, le pape François restreignait, avec le Motu Proprio Traditionis Custodes l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum de son prédécesseur Benoit. Une journaliste américaine Diane Montagna a obtenu l‘évaluation globale du Vatican, fondement de la restriction. Ce document révèle qu’au contraire, les évêques avaient déclaré « qu’apporter des modifications législatives à Summorum Pontificum causerait plus de mal que de bien », notamment en sapant la doctrine de l’herméneutique de la continuité.
Traditionis Custodes de François restreint l’usage de Summorum Pontificum de Benoit XVI permettant une plus large célébration de la messe dite tridentine
Tout le monde se souvient, spécialement dans les communautés communément appelées Ecclesia Dei ou liées à l’indult, du coup de massue que constitua le Motu Proprio bergoglien Traditionis Custodes de 2021 restreignant l’usage du Motu Proprio Summorum Pontificum de 2007 de son prédécesseur Benoit XVI permettant une plus large célébration de la messe dite tridentine. Pour ces communautés attachées à la Messe tridentine tout en ne s’opposant pas au concile Vatican II, ce Motu Proprio annonçait un avenir des plus sombres.
Pour prendre sa décision, François avait argué que les réponses au questionnaire envoyé à tous les évêques en 2020 concernant Summorum Pontificum révélaient « une situation qui me préoccupe et m’attriste et me persuade de la nécessité d’intervenir ».
Or, une journaliste américaine Diane Montagna a obtenu l’évaluation globale du Vatican, qui témoigne au contraire, que « la majorité des évêques qui ont répondu au questionnaire ont déclaré qu’apporter des modifications législatives à Summorum Pontificum causerait plus de mal que de bien ».
La duplicité de François
Diane Montagna souligne, après la lecture de ce document fondamental, « que les « lacunes », les « divergences » et les « désaccords » proviennent davantage d’un niveau d’ignorance, de préjugés et de résistance d’une minorité d’évêques à Summorum Pontificum que de problèmes provenant des adeptes de la liturgie romaine traditionnelle ».
« A l’inverse, écrit-elle, le rapport officiel de la CDF indique que « la majorité des évêques qui ont répondu au questionnaire et qui ont mis en œuvre Summorum Pontificum avec générosité et intelligence se disent finalement satisfaits de celui-ci ». Il ajoute que « là où le clergé a étroitement collaboré avec l’évêque, la situation s’est complètement apaisée ». L’évaluation globale, (…), confirme également l’affirmation que j’ai rapportée en octobre 2021 : que Traditionis Custodes a amplifié et projeté comme un problème majeur ce qui n’était qu’accessoire dans le rapport officiel de la CDF. »
Cette évaluation globale note, rapporte Mme Montagna, « que Summorum Pontificum a joué « un rôle significatif, quoique relativement modeste, dans la vie de l’Église ». En 2021, « il s’était répandu dans environ 20 % des diocèses latins du monde entier, et sa mise en œuvre était « plus sereine et pacifique, mais pas partout » ».
L’objectif de Summorum Pontificum : concilier Vatican II et la Tradition selon l’herméneutique de la continuité ratzingérienne
La journaliste qui liste les point clés à retenir de ce document précise, et ces deux points sont loin d’être anodins :
« Le rapport de la CDF rappelle le désir de Benoît XVI de parvenir, par la mise en œuvre de Summorum Pontificum, à une « réconciliation liturgique interne » au sein de l’Église, et sa reconnaissance de la nécessité « de procéder non pas selon une herméneutique de rupture mais plutôt par un renouveau dans la continuité de la tradition ». « Cette dimension ecclésiologique de l’herméneutique de la continuité avec la tradition et d’un renouvellement et d’un développement cohérents n’a pas encore été pleinement adoptée par certains évêques », observe le rapport. « Cependant, là où elle a été accueillie et mise en œuvre, elle porte déjà ses fruits, le plus visible étant dans la liturgie ». »
Un peu plus loin, Diane Montagna rapporte encore :
« Le rapport note : « Certains évêques affirment que Summorum Pontificum a échoué dans son objectif de favoriser la réconciliation et demandent donc sa suppression – soit parce que la réconciliation interne au sein de l’Église n’est pas encore pleinement réalisée, soit parce que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X n’est pas revenue à la pleine communion avec l’Église. » En réponse, les auteurs observent que le processus de réconciliation dans l’Église est souvent « lent et graduel », et ils rappellent, comme Benoît XVI lui-même l’a fait, que Summorum Pontificum n’était pas destiné à la FSSPX. De plus, le rapport note que certains évêques craignent une « division en deux Églises » et estiment que les groupes attachés à la Forme extraordinaire « rejettent » le Concile Vatican II. Le rapport reconnaît que ce point est « en partie vrai », mais précise qu’il « ne peut être généralisé ». Là encore, ajoute-t-il, « la sollicitude pastorale de l’évêque a été décisive pour apaiser les esprits agités et clarifier la pensée de certains membres des groupes stables ». »
Si les révélations de Diane Montagna manifestent une nouvelle foi la duplicité de feu François, elles nous semblent avoir un intérêt supérieur directement lié à la grande crise doctrinale que vit l’Eglise catholique depuis le néfaste concile Vatican II.
Or le concile Vatican II par ses décrets en contradiction flagrantes avec les dogmes et la doctrine catholiques est une rupture avec la Tradition
Ces quelques extraits du rapport de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi cités un peu plus avant expriment pleinement, visiblement, le véritable objectif de Summorum Pontificum : avaliser, par la praxis de la cohabitation des deux rites, Vetus Ordo et Novus Ordo, la fameuse mais trompeuse théorie de l’herméneutique de la continuité qui énonce que le concile Vatican II n’est pas une rupture avec la Tradition malgré ses décrets en contradiction flagrante avec les dogmes et la doctrine catholiques mais une continuité de la Tradition.
Avaliser, en somme, deux contraires : autoriser l’ancienne messe, expression de l’ecclésiologie et de la Foi catholiques de toujours pour accepter la nouvelle messe, expression d’une nouvelle ecclésiologie et de la nouvelle foi conciliaires opposées à l’ecclésiologie et à la Foi de toujours…
La quadrature du cercle, en bref, à laquelle François a mis un terme, avec une certaine « cohérence dans l’erreur, écrivait à l’époque de la promulgation de Traditionis Custodes, monsieur l’abbé Petrucci de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Il n’y a plus d’ambiguïté : la nouvelle messe est la messe du concile Vatican II qui exprime une nouvelle ecclésiologie et une nouvelle foi, en nette contradiction avec la messe traditionnelle, dont les modernistes ne peuvent supporter l’existence que provisoirement et dans un but démagogique ».
Loin de nous l’idée de nier les fruits positifs qu’a apporté Summorum Pontificum, surtout en faisant redécouvrir à de nombreux prêtres et fidèles la messe traditionnelle et, à travers elle, la doctrine catholique dans son intégralité.
La défense de la messe tridentine ne peut être séparée de la défense de la Foi catholique et donc du combat contre le concile Vatican II, destructeur de cette Foi
Cependant, dans la Tradition, également faut-il être cohérent dans la vérité et à la suite de Mgr Marcel Lefebvre, nous rappeler que la défense de la messe tridentine ne peut être séparée de la défense de la foi catholique désintégrée par le concile Vatican II. « On ne peut modifier profondément la ‘lex orandi’ (la règle de la prière) sans modifier la ‘lex credendi’ (la règle de la foi) » soulignait Mgr Lefebvre. Il l’a répété à plusieurs reprises, notamment dans son homélie lors des ordinations sacerdotales du 29 juin 1976 :
« Nous avons la conviction que précisément ce rite nouveau de la Messe exprime une nouvelle foi, une foi qui n’est pas la nôtre, une foi qui n’est pas la foi catholique. Cette nouvelle messe est un symbole, une expression, une image d’une foi nouvelle, d’une foi moderniste. Ce rite nouveau, sous-tend — si je puis dire — suppose une autre conception de la religion catholique, une autre religion ».
Finalement, et quoi qu’il en soit de la duplicité de François que dévoile l’article de Mme Montagna, si Traditionis Custodes est à déplorer car il permettait à certains de découvrir les trésors de la Messe de Toujours, il a apporté une certaine clarté en rejetant la trompeuse herméneutique de la continuité ratzingérienne : le concile et sa réforme liturgique ont constitué un point de rupture entre l’avant et l’après et donc « ce n’est pas Traditionis Custodes qu’il faut abroger, c’est Vatican II qu’il faut condamner et détruire ».
Francesca de Villasmundo
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