Quelques heures avant la folle décision de Donald Trump de bombarder de missiles une base militaire syrienne, Peter Ford, ancien ambassadeur britannique en Syrie, avait accordé une interview à Sky News qui mérite attention.

Peter Ford : Il faut se demander à qui profite (le crime). Clairement, ce n’est pas le régime syrien ou les Russes qui en bénéficient, et je considère comme hautement improbable l’hypothèse que l’un ou l’autre soient derrière tout ça.

Il y a plusieurs possibilités.

La première, c’est que tout ça soit des fake news, les images, les vidéos, les informations viennent toutes de sources de l’opposition, et non de journalistes indépendants crédibles.

Il est également possible que les images montrent les suites d’un bombardement qui aurait frappé un dépôt djihadiste de munitions chimiques. Nous savons de source sûre que les djihadistes stockaient des armes chimiques dans des écoles à Alep-Est car elles ont été vues ensuite par des journalistes occidentaux. C’est une autre possibilité.

Sky News : Quoi qu’il en soit, ceux qui prennent ces informations pour argent comptant soulèvent la question d’une intervention contre le régime d’Assad.

En réalité, nous n’apprenons jamais. Les (prétendues) armes chimiques de l’Irak, vous vous en souvenez ? On en a été matraqués (pour nous forcer à intervenir). À Alep, on nous a dit qu’un holocauste était en train de se produire, des massacres… Mais rien de tel ne s’est produit. Des reporters indépendants y sont allés après et n’ont trouvé aucune preuve de massacre. Ce que nous avons vu, ce sont des combattants se faire évacuer en bus calmement. Et nous avons découvert par la suite que beaucoup d’images étaient fausses.

Il y a aussi ce qui ont dit « OK, on en est là maintenant, mais une intervention en 2013 aurait pu changer les choses ».

Il n’est pas constructif de débattre de ce qui aurait pu se passer si ou si… Personnellement, je pense qu’en 2013, il était judicieux de ne pas intervenir aux côtés des djihadistes. Peut-être que je me trompe, mais je pense que la plupart des gens, lorsqu’ils y ont réfléchi une seconde, se sont demandés ce qui allait remplacer Assad et le régime séculier qui protège les minorités, les chrétiens, les droits des femmes… Je ne pense pas que les islamistes auraient constitué un meilleur pari, et c’est encore plus le cas aujourd’hui.

Ayez bien à l’esprit le fait qu’Idlib, où cela s’est produit, est un nid de vipères des djihadistes les plus extrémistes.

(Les interventionnistes) sont (comme) des chiens qui reviennent à leur propre vomi. Ils ont commis toutes ces erreurs – l’Irak, la Libye –, ils n’apprennent jamais, ils veulent reproduire le même scénario en Syrie. Heureusement, l’administration Trump a finalement évolué la semaine dernière, et cela peut être significatif, elle a finalement évolué la semaine dernière pour désavouer la politique d’Obama consistant à essayer de renverser le régime syrien, l’entourage de Trump a dit qu’ils sont plus intéressés par l’éradication de Daech, que telle est leur priorité.

Et il est significatif que cette attaque se produise à peine quelques jours après. Si les djihadistes voulaient compliquer la tâche de Trump visant à rationaliser la politique américaine, ils auraient justement, sans aucun doute, essayé de monter des fausses informations comme cela.

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

19 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est chez l’imprimeur et en prévente sur MCP.

Nous vous l’avions annoncé dans un précédent mailing : la naissance d’une toute nouvelle revue de qualité, Caritas, la revue du pays réel, et la parution prochaine de son premier numéro de 86 pages. Bonne nouvelle, : ce numéro 1 de Caritas qui consacre son dossier à la Lutte contre la haine anticatholique vient d’être envoyé à l’imprimerie et sera bientôt dans les librairies et les boites aux lettres des abonnés.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !