Après s’être arrêté sur la relation causale entre Vatican II et l’apostasie actuelle dans une première partie, sur la manière subversive dont ce concile a été imposé au monde catholique dans une IIe partie, Mgr Vigano, toujours dans le long article paru sur le blog du vaticaniste italien Aldo Maria Valli, en septembre dernier, et intitulé Vatican II : Monseigneur Viganò répond au Père De Souza (et au Père Weinandy), analyse dans une IIIe partie la pensée démocratique en acte dans l’Eglise depuis ces années du Concile.

IIIème partie : Vatican II et la pensée démocratique en acte dans l’Eglise

« À cet égard, je voudrais citer un article paru ces jours-ci dans Settimo Cielo, intitulé : Historiciser le Concile Vatican II. Voici comment le monde de ces années-là influença l’Église. Sandro Magister nous donne des nouvelles d’une étude du prof. Roberto Pertici sur le Concile, que je recommande de lire dans son intégralité mais qui peut être résumée dans ces deux citations :

« Le différend qui enflamme l’Église, sur la manière de juger Vatican II, ne doit pas être uniquement théologique. Parce qu’il faut tout d’abord analyser le contexte historique de cet événement, d’autant plus pour un Concile qui a déclaré programmatiquement qu’il voulait ‘s’ouvrir au monde’ ».

« Je sais bien que l’Église, comme le répétait Paul VI dans Ecclesiam suam, est dans le monde, mais elle n’est pas du monde : elle a des valeurs, des comportements, des procédures qui lui sont propres et qui ne peuvent être jugés et encadrés avec des critères totalement historico-politiques, mondains. D’un autre côté,  il faut l’ajouter, ce n’est même pas un organe distinct. Dans les années 1960 – et les documents conciliaires regorgent de références en ce sens – le monde évoluait vers ce que nous appelons aujourd’hui la ‘mondialisation’, il était déjà fortement influencé par les nouveaux moyens d’informations de masse, de nouvelles idées et attitudes se sont répandues très rapidement, et des formes de mimétisme générationnel émergeaient. Il est impensable qu’un événement de l’ampleur et de la pertinence du Concile se soit déroulé dans l’enceinte de la basilique Saint-Pierre sans se confronter à ce qui se passait. »

À mon avis, c’est une clé de lecture intéressante de Vatican II, qui confirme l’influence de la pensée ‘démocratique’ sur le Concile. Le grand alibi du Concile était de présenter l’introduction de changements par ailleurs inacceptables comme une décision collégiale et presque unanime. En effet, ce n’est pas le contenu spécifique des Actes ni leur portée future à la lumière de l’esprit du Concile qui ont dédouané les doctrines hétérodoxes qui s’insinuaient déjà dans les cercles ecclésiaux de l’Europe du Nord, mais le charisme de la démocratie, accepté presque inconsciemment par l’épiscopat du monde entier, au nom d’une sujétion idéologique qui, depuis un certain temps, voyait de nombreux représentants de la Hiérarchie presque subordonnés à la mentalité du siècle. L’idole du parlementarisme née de la Révolution française – qui s’est avérée si efficace pour renverser l’ordre social tout entier – a dû représenter pour certains prélats l’étape inévitable de la modernisation de l’Église, à accepter en échange d’une sorte de tolérance de la part du monde contemporain pour ce que de vieux et démodé elle persistait à proposer. Et ce fut une très grave erreur ! Ce sentiment d’infériorité de la Hiérarchie, ce sentiment d’arriération et d’inadaptation face aux exigences du progrès et des idéologies trahissent une vision surnaturelle très déficiente, et un exercice encore plus déficient des vertus théologales : c’est l’Église qui doit attirer le monde à elle-même en le convertissant, non l’inverse ! Le monde doit se convertir au Christ et à l’Évangile, sans que Notre Seigneur ne soit présenté comme un révolutionnaire à la Che Guevara et l’Église comme une organisation philanthropique plus soucieuse de l’écologie que du salut éternel des âmes.

De Souza affirme, contre ce que j’ai écrit, que j’aurais appelé Vatican II un « concile du diable ». J’aimerais savoir où il a trouvé mes paroles. Je suppose que cette expression est due à sa traduction erronée et présomptueuse du terme ‘conciliabolo’, selon son étymologie latine, qui ne correspond pas au sens actuel de la langue italienne.

De cette traduction erronée, il déduit que j’ai « une position contraire à la foi catholique sur l’autorité des conciles œcuméniques ». S’il avait pris la peine de lire mes déclarations sur le sujet, il aurait compris précisément que, parce que j’ai le plus grand respect pour l’autorité des conciles œcuméniques et pour tout le magistère en général, je suis incapable de concilier les enseignements très clairs et orthodoxes de tous les Conciles jusqu’à Vatican I avec ceux ambigus et parfois même hétérodoxes de Vatican II. Mais je ne pense pas être le seul. Et le père Weinandy lui-même ne parvient pas à concilier le rôle du Vicaire du Christ avec Jorge Mario Bergoglio, qui est à la fois le détenteur et le destructeur de la papauté. Mais pour De Souza et Weinandy, contre toute logique, on peut critiquer le Vicaire du Christ mais pas le Concile, et même : ce Concile, et seulement celui-là. En fait, je n’ai jamais rencontré une telle sollicitude dans le rappel des canons de Vatican I lorsque certains théologiens parlent d’un ‘redimensionnement de la papauté’ ou d’un ‘chemin synodal’ ; et je n’ai jamais trouvé autant de défenseurs de l’autorité du Tridentin lorsque l’essence même du sacerdoce catholique est niée.

De Souza pense qu’avec ma lettre au Père Weinandy j’ai cherché un allié en lui : même si c’était le cas, je ne pense pas qu’il y aurait quelque chose de mal en cela, tant que cette alliance a pour but la défense de la Vérité dans le lien de la Charité. Mais en réalité mon intention était ce que j’ai déclaré depuis le début, c’est-à-dire rendre possible une confrontation afin d’atteindre à une plus grande compréhension de la crise actuelle et de ses causes, afin que l’Autorité de l’Église puisse en temps voulu se prononcer. Je ne me suis jamais permis d’imposer une solution définitive, ni de résoudre des problèmes qui dépassent mon rôle d’archevêque et qui sont de la compétence directe du Siège apostolique. Par conséquent, ce qu’affirme le Père De Souza n’est pas vrai, et encore moins ce que incompréhensiblement le Père Weinandy m’attribue, c’est-à-dire que je me trouve dans le ‘péché impardonnable contre le Saint-Esprit’. Je pourrais peut-être croire en leur bonne foi s’ils appliquaient tous deux la même sévérité de jugement à leurs adversaires communs et à eux-mêmes, ce qui ne me semble malheureusement pas se produire. » (Traduction de Francesca de Villasmundo) 

Francesca de Villasmundo 

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