Et enfin, le pays réel s’est révolté. Oh, pas pour des motifs très nobles : à cause des découverts le 10 du mois alors qu’on a bossé comme un chien, des services publics qui se dégradent en parallèle de la hausse des taxes et du très lourd sentiment d’injustice. Bref, la révolte du ventre.  Certes, loin des grandes causes comme l’abandon de l’Algérie, l’école privée ou la préservation des bonnes mœurs. Des motifs pas très fouillés non plus : on déplore les conséquences on réclame des mesures immédiates, on ne voit pas les causes plus profondes. Tout juste parle t-on un peu du « coût de l’immigration », de la nécessité du « frexit ». Parfois même quelques uns s’égarent et se laissent aller à participer à des marches pour sauver la planète sans voir qu’ils soutiennent ainsi la mondialisation et ceux-là mêmes qui les oppriment.

Et pourtant c’est bien le pays réel qui gronde. Et on aura beau lui trouver tous les surnoms ( France bof , ringarge, diagonale du vide, petite classe moyenne), c’est bien la France véritable qui se réveille. Comme une bête furieuse, aveugle, assaillie de toute part se débat avant qu’on ne lui donne le dernier coup.

Devant ce spectacle le catho hésite. Revendications justes mais à courte vue, tellement terre à terre. Scènes choquantes. Malaise face aux « populos » (plus sympathiques que les banlieues mais tout de même : « Quel langage ! Non, vraiment, doit-on s’allier à la France qui boit du gros rouge et mange du saucisson ? » )

Tout le monde sera cependant d’accord sur un constat : y aller demande un effort plus méritoire que participer à la manif’ pour tous. Rien de plus naturel. Nous ne sommes pas seulement entre nous. Et puis on se divise : ceux qui n’y vont pas et ceux qui y vont. Les premiers disent :

– « Les moyens employés sont mauvais. ». Du moins certains. Passe de s’en prendre directement à l’état laïc et apostat. Mais ce n’est pas pareil de s’attaquer à la société civile qui n’est pas responsable de la situation. On n’a pas le droit d’empêcher son prochain de travailler, ni de brûler sa voiture ni d’attenter à l’ordre public.

C’est oublier que  la guerre est nécessaire pour obtenir satisfaction. Une guerre juste, pour des motifs fiscaux, certes pas les plus élevés, mais qui concernent l’ensemble de la société. Qu’on s’estime gagnant ou perdant dans le système actuel nous sommes tous victimes morales de cette injustice. Vu ainsi, les gilets jaunes sont comme le bras armé de la société civile et  cherchent à rétablir l’équité. Et il est normal qu’en temps de guerre, des sacrifices soient demandés au reste de la population.

Evidemment ces sacrifices doivent être en proportion avec la fin recherchée. Là il faut faire des distinctions et se garder des simplifications. Grosso modo trois sortes de moyens sont actuellement utilisés dans ce conflit : ceux clairement proportionnés au but à atteindre ( un peu d’attente à un rond-point ou quelques désagréments pour faire ses courses) ceux qui paraissent plus discutables (s’en prendre au mobilier urbain, brûler quelques voitures), ceux qui sont clairement condamnables (attaques de banques et de grands magasins et même pillages multiples et aveugles). Ces derniers ne rentrent d’ailleurs pas dans le combat des gilets jaunes car la fin recherchée est toute autre. D’ailleurs pour qui se donne un  peu la peine de chercher ils ne sont pas le fait des gilets jaunes.

Concernant les moyens plus discutables différents avis sont recevables.  Dans le contexte des manifestations parisiennes qui visent ni plus ni moins à faire tomber le gouvernement (pas seulement à faire une démonstration de force), certains peuvent sans doute se comprendre, au-moins ceux ne visant pas directement les particuliers.

– « on fait le jeu de l’extrême gauche. » On ne fait le jeu de l’extrême gauche que si on veut bien le faire c’est à dire en les laissant prendre la place dans un mouvement venant à l’origine d’un électorat de droite avec des revendications de droite (les « perdants » de la mondialisation contre l’injustice fiscale). Alors  oui l’extrême gauche finit par imposer ses slogans (égalité à la place de justice) dévier/appauvrir les revendications (qui ne prennent plus qu’un ton syndical),  et si c’était possible par changer les manifestants eux-mêmes (en essayant d’y faire converger les banlieues). C’est malheureusement ce qui s’est partiellement passé depuis le début du mouvement. Heureusement une certaine presse, certains groupes et certaines personnes ont bien vu la manœuvre et refusent de se laisser manipuler.

– « nous n’avons rien à mettre à la place. »

Si, nous avons un programme, celui de la royauté sociale de NSJC. Il manque un leader, certes, qu’on l’appelle homme providentiel, grand monarque, régent etc, comme on voudra (en ce qui me concerne c’est le dernier terme qui  a ma préférence mais bon…) Devons-nous attendre qu’il se lève pour agir ? Ou ne faut-il pas plutôt renverser le problème ? N’est-ce pas précisément en agissant que nous créerons les conditions propices pour que ce personnage émerge? L’histoire montre  précisément que c’est dans l’adversité que les grands chefs se révèlent. Ainsi en fut-il lors des guerres de Vendée et plus largement dans de très nombreux conflits.

Je pense qu’il existe d’autres objections, moins officielles, moins avouables… Précisons tout de suite que nous n’émettons ici aucun jugement particulier seulement un jugement général. Grosso modo j’aurais tendance à départager les adversaires de l’alliance avec les gilets jaunes en trois catégories. La première regroupe ceux, nombreux j’en ai conscience, qui invoquent de façon pleinement sincère les arguments précédents. Une deuxième catégorie de personnes rassemble ceux dont les motivations sont plus partagées (parfois même de façon inconsciente). En dernier lieu il existe sûrement aussi quelques pleutres et lâches pour qui tous ces prétextes ne sont qu’un voile hypocrite. J’espère avoir répondu aux premiers ci-dessus. La dernière catégorie ne m’intéresse pas. C’est surtout à la deuxième que je voudrais m’adresser, sûr de son humilité et de sa réceptivité. Leur avouerais-je d’ailleurs que moi aussi je partage ces préoccupations toutes personnelles que je vais développer maintenant ?

Car, c’est vrai nous avons beaucoup à perdre dans cette bataille. Notre situation personnelle est-elle si mauvaise dans le monde actuel? Notre niveau de vie, nos enfants, nos familles valent-elles la peine de se battre pour un combat aussi incertain ? Eric Zemmour résumait récemment cette guerre comme un conflit entre les perdants et les gagnants de la mondialisation. Or, il est certain que  beaucoup de chrétiens sont au nombre de ces derniers. Toutes les enquêtes sur la sociologie des catholiques pratiquants depuis trente ans ont abondamment souligné leur (sur)représentation dans la classe moyenne supérieure, pour ne pas dire bourgeoise. Même s’ils s’opposent à ce processus, parfois en militant, ils ont beaucoup plus à perdre qu’à gagner si le pays sortait de l’économie mondialisée, surtout après une phase de chaos, probable si le régime finissait par tomber. Alors il est tentant, plutôt que de devoir faire ces sacrifices personnels, d’en rester à une opposition toute verbale et intellectuelle.

Pourtant, le calcul, s’il existe, est mauvais. Car si nous n’intervenons pas on ne voit que deux issues possibles. Dans le premier cas de figure (plus probable) le gouvernement l’emportera. Alors avec notre président, « en marche forcée », la course à l’abîme continuera. Concrètement la mondialisation se poursuivra avec pour conséquence la submersion migratoire et la destruction économique de  notre pays. Il ne s’agit pas là d’une hypothèse, mais bien d’un programme, très largement avancé, qui ne cesse de s’accélérer (dernier événement en date : pacte de Marrackech). Vers 2030 (date qui se rapproche à grands pas) la population d’origine immigrée aura dépassé la population de « souche » et religieusement l’islam aura supplanté le christianisme. Notre sort : la mort ou la dhimmitude (si nous n’avons pas trahi). Dans une telle hypothèse croire qu’on pourra sauver sa situation personnelle ou celle de ses enfants relève de l’absurdité (ou de la malhonnêteté). Deuxième issue : laissant le terrain à l’extrême gauche et aux « alter » (bien noter ce terme) mondialistes, ceux-ci renversent le pouvoir (à notre place). Est-il besoin de brosser le tableau de l’avenir soviétique de notre pays dans un tel cas figure ? A noter d’ailleurs que ces deux « issues » pourraient bien se rejoindre. De facto la mondialisation actuelle par son jeu de fusion-absorptions transnationales, son écrasement des classes moyennes et des petites entreprises, son aspect totalitaire, pourrait bien aboutir a à la situation pré-révolutionnaire dont rêvait Marx au niveau planétaire.

Alors avons-nous vraiment le choix ? Certes, le combat est incertain, certes les revendications des gilets jaunes ne vont pas assez loin, ne remontent pas à la racine des problèmes. Peut-on leur en vouloir ? Qui leur a expliqué les racines des maux dont ils souffrent depuis quarante ans ? Qui leur a expliqué que plus loin encore il faut remonter à la révolution et aux droits de l’homme ? Certainement pas les medias qui les ont toujours abreuvés de mensonges, ni leurs curés vendus au système, ni l’école laïque et les dogmes qu’elle faisait déjà rentrer dans la tête de leurs arrière-grand-parents.

A la vérité personne ne s’est trouvé là. Oh, certes ils ne se sont pas montrés non plus très réceptifs : il faut dire que les sirènes de la société de consommation leur parlaient davantage, car ainsi est le peuple tant qu’on lui propose du pain et des jeux. Pourtant, maintenant qu’il a faim, qu’il est lassé de voir des étrangers le représenter dans chaque compétition, le pays  réel est là, qui attend, disposé à nous écouter.

Allons-nous le laisser au bord du précipice ? Alors oui, il faut passer outre notre intérêt immédiat, il faut surmonter ses préjugés, ses répulsions sociales et bienpensantes et aller vers ce peuple qui comme un enfant orphelin cherche son père dans l’obscurité.

Réagir n’est plus une option mais un devoir, une responsabilité dont nous devrons rendre compte. Chrétiens, nous sommes la lumière du monde et pour commencer la lumière de notre beau pays !  Aujourd’hui le peuple cherche une issue pour sortir du marasme matériel et moral où il a été plongé, et ne la trouve pas. A nous de lui montrer la voie pour qu’ensemble nous redonnions la lumière à notre beau pays !

Mais maudits soyons nous si nous gardons cette lumière sous le boisseau et refusons d’ entendre les cris de nos contemporains qui nous appellent ! Maudits soyons-nous si nous laissons nos frères se faire dévorer par les théoriciens marxistes main dans la main avec l’oligarchie cosmopolite  ! Et ne pleurons pas quand nous verrons nos enfants tomber dans la dhimmitude et souffrir les persécutions d’un régime islamo-communiste globalisé : c’est nous qui l’aurons choisi !

Germanicus

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