Destruction d'immeubles à Gaza
Destruction d’immeubles à Gaza

Dans le conflit israélo-palestinien qui vient de prendre une tournure plus guerrière ces derniers jours, la propagande des deux côtés va bon train. L’une des rhétoriques entendues serait que le groupe terroriste Hamas serait l’égal de l’Etat islamique. Qu’en est-il réellement ?

Hamas et Daesh : la comparaison a été faite pour la première fois par Netanyahu au lendemain du massacre du 7 octobre

Hamas et Daesh : la comparaison a été faite pour la première fois par Netanyahu au lendemain du massacre du 7 octobre. Ishaan Tharoor le rappelle dans le Washington Post, dans un article intitulé : Israël dit que le Hamas est ISIS. Mais ce n’est pas le cas émet un avis divergeant qui en ces temps si troublés, pendant lesquels la propagande des deux côtés va bon train, il est bon de noter.

« Le refrain est devenu un hashtag, note Tharoor, et a été repris par les responsables et hommes politiques israéliens de tous bords, ainsi que par les alliés d’Israël », dont le dernier en date, Emmanuel Macron, qui l’a relancé lors de sa visite hier à Tel Aviv.

« Compte tenu de l’ampleur et de l’horreur du carnage du Hamas, l’évocation de l’Etat Islamique n’est pas surprenante », écrit Tharoor qui, après avoir détaillé l’horreur qui s’est abattue sur Israël, explique :

« Les responsables israéliens ont promis une campagne punitive impitoyable contre les ‘animaux humains’ et ont formulé leurs actions, qui ont conduit à une augmentation spectaculaire du nombre de victimes civiles palestiniennes, sous le même angle moral que les batailles contre les nazis et la campagne mondiale pour vaincre l’EI. »

Le caractère islamiste du Hamas est moins important que son désir de se présenter comme le porte-drapeau armé de la libération de la nation palestinienne

« Les experts du Moyen-Orient affirment qu’une telle rhétorique aplatit délibérément les forces les plus profondes en jeu. Dire qu’il n’y a pas de distinction entre le Hamas et l’EI est ‘une tactique efficace pour les présenter – ainsi que tous les habitants de Gaza, comme l’indique le langage généralisé de nombreux dirigeants israéliens – comme des cibles inhumaines, irrémédiablement mauvaises et contre lesquelles des représailles féroces sont légitimes.’ », déclare Monica Marks, professeur de politique du Moyen-Orient à l’Université de New York. [Marks] a ajouté que le caractère islamiste et les convictions théologiques du Hamas sont probablement moins importants que son désir de se présenter comme le porte-drapeau armé de la libération de la nation palestinienne. »

« Itzchak Weismann, un historien israélien expert des mouvements islamiques à l’Université de Haïfa, est du même avis. ‘Il y a une tendance à dire que [le Hamas] a toujours été l’EI. Mais ce n’est pas nécessairement vrai. C’est une organisation qui s’adapte à diverses situations’, a-t-il déclaré à Haaretz, soulignant comment le Hamas à Gaza a toléré d’autres groupes religieux. ‘Le Hamas a essayé d’englober toute la population de Gaza… au contraire, l’EI tuerait tout musulman qui ne prierait pas au bon moment. Vous ne pouvez pas simplement dire : ‘L’EI a massacré des gens et le Hamas aussi, donc c’est la même chose.’ C’est très superficiel.’ »

L’auteur de l’article du Washington post continue :

« ‘Il y a aussi un autre petit problème’, a observé Aaron Zelin, un représentant faisant autorité du Washington Institute for Near East Policy : l’EI ‘considère le Hamas comme un apostat’ en raison de ses liens avec le régime théocratique chiite en Iran’. »

Le Hamas se nourrit du désespoir généré par l’occupation

Ishaan Tharoor conclut ainsi :

« Même si le Hamas est écrasé et privé de sa capacité à menacer Israël […], cela n’éliminera pas le contexte dans lequel le Hamas a émergé et a opéré depuis. Cela fait suite, comme l’a souligné mardi le secrétaire général des Nations Unies António Guterres au Conseil de sécurité, à plus de cinq décennies d’occupation militaire israélienne des territoires palestiniens, au pillage du programme de colonisation israélien, encouragé par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu, et par l’effondrement total d’un processus politique qui traite de l’absence d’un État palestinien ou des droits politiques des Palestiniens d’Israël.

« Malgré tous les efforts d’Israël pour le présenter comme la branche palestinienne de l’État islamique [c’est-à-dire l’EI] et aussi réactionnaire et violent soit-il, ‘le Hamas est une organisation nationaliste islamique, pas une secte nihiliste, et une partie de la société politique palestinienne ; il se nourrit du désespoir produit par l’occupation et ne peut être simplement écarté, pas plus que les fanatiques fascistes du cabinet de Netanyahu’, a écrit l’auteur et critique juif américain Adam Shatz, dans un essai publié dans la London Review of Books. »

On peut ajouter que l’Etat islamique avait déclaré la guerre au monde, y compris au monde islamique, tandis que le Hamas se bat contre Israël. Ce n’est pas une mince différence lorsqu’il s’agit de la coalition internationale.

Une conclusion qui rejoint celle du général de division Sami Turgeman, chef du commandement sud d’Israël, qui a déclaré en 2015, critiquant les déclarations en ce sens de certains hommes politiques israéliens. Ainsi, le Guardian a rapporté ses propos :

« Loin de former un axe idéologique avec l’État islamique et Al-Qaida, le Hamas ‘ne veut pas du jihad mondial’ ».

Francesca de Villasmundo

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