Les négociations entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire iranien ont débuté samedi à Oman. Mais Israël et ses desiderata ne sont pas inclus dans les pourparlers.
Les partisans de la guerre contre l’Iran, les faucons, veulent faire dérailler les négociations
Après la surprise initiale, les partisans de la guerre contre l’Iran, toujours les mêmes faucons, néo-cons, ont lancé leurs attaques. A commencer par les déclarations de Netanyahu sur l’application du modèle libyen à Téhéran, évoquées lors de la conférence de presse et réitérées avant son départ des USA.
« Nous sommes d’accord sur le fait que l’Iran n’aura pas d’armes nucléaires », a déclaré Netanyahu immédiatement après sa rencontre avec Trump. « Cela peut se faire par un accord, mais seulement si cet accord est sur le modèle libyen, où vous arrivez, vous faites exploser les installations, vous démantelez tout l’équipement par les Américains et sous leur supervision ».
Les faucons font tout ce qu’ils peuvent pour ouvrir la voie aux bombes. Et la voie choisie est d’inclure dans les négociations des demandes extrêmes, comme celle d’annuler le développement du nucléaire iranien, y compris civil, de désarmer les milices chiites au Liban, en Irak et au Yémen et de démanteler l’arsenal de missiles et de drones, fierté de la Défense iranienne. Des exigences qui ne servent qu’à exaspérer Téhéran…
Malgré les pressions, les négociations entre les EU et l’Iran ont bien débuté à Oman samedi 11 avril
Mais, malgré les pressions, les négociations ont bien débuté à Oman samedi 11 avril dernier, le ministre iranien des Affaires étrangères ayant immédiatement précisé qu’elles se concentreraient uniquement sur les questions nucléaires et rien d’autre.
Il faut rappeler au lecteur une information souvent oubliée des commentateurs mainstream qui agitent le spectre du nucléaire iranien : « l’Iran n’a jamais cherché à se doter de l’arme nucléaire, un développement qui a également été empêché par une fatwa spécifique – une interdiction religieuse – émise par l’ayatollah Khamenei en 2012 et qui n’a jamais été révoquée (voir une étude de l’Université de Columbia sur la force contraignante de cette déclaration, qui en Iran a plus de force qu’une disposition légale spécifique) » explique Inside Over qui ajoute :
« De plus, malgré le fait que le spectre de l’énergie nucléaire iranienne soit brandi depuis des décennies, de nombreux démentis publics et officiels ont été formulés. Pour ne citer que les plus récentes, on peut rappeler la déclaration du chef de la CIA, William Burns, en octobre dernier, qui affirmait qu’il n’y avait aucune preuve que Téhéran avait décidé de construire la bombe atomique, et les propos de l’actuel chef du renseignement national américain, Tulsi Gabbard, qui, en mars, déclarait : « Les agences de renseignement [américaines] continuent de croire que l’Iran ne construit pas d’arme nucléaire et que le guide suprême Khamanei n’a pas autorisé le programme d’armement nucléaire qu’il a suspendu en 2003 ». »
L’Iran n’a jamais cherché à se doter de l’arme nucléaire, empêchée par une fatwa spécifique, une interdiction religieuse, émise en 2012
Il n’empêche qu’Israël veut la destruction de l’Iran, ce qui explique la pression des faucons américains sur l’administration Trump. Seulement, l’Iran d’aujourd’hui, à la différence du passé, est fort de l’alliance avec Moscou et Pékin, deux alliés de poids face aux États-Unis… et aux desiderata guerriers des néo-cons inféodés à l’État hébreux. D’ailleurs ces négociations américano-iraniennes ont débuté deux jours après la ratification par la Douma russe de l’accord sur le partenariat stratégique entre Moscou et Téhéran.
La délégation de Washington est conduite par Steve Witkoff qui, avant la rencontre d’Oman, venait de terminer une réunion en face à face de quatre heures avec Poutine. A son issue, le représentant américain a déclaré que l’Amérique était prête à « un compromis ». Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, est à la tête de la délégation iranienne. Depuis 1980, les EU et l’Iran n’avaient plus de relations diplomatiques.
La Maison Blanche a salué samedi soir « un pas en avant vers un accord mutuellement satisfaisant », estimant que les discussions ont été « très positives et constructives ». Abbas Araghtchi a affirmé auprès de la télévision d’État iranienne que ni l’Iran ni les Etats-Unis ne souhaitent « de négociations infructueuses, de discussions pour le simple plaisir de discuter, d’une perte de temps et de négociations qui s’éternisent ». L’Iran et les Etats-Unis sont convenus de poursuivre les pourparlers le 19 avril. Ils se tiendront en Italie, à Rome.
Ces négociations sont un autre des chantiers de résolution de paix que Donald Trump veut mener à bien. Affaire à suivre…
Francesca de Villasmundo
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