Isaac Herzog et Colin Powell
Isaac Herzog et Colin Powell-

Il existe une certaine lassitude aux Etats-Unis, où les appels à la modération à l’égard d’Israël apparaissent de moins en moins incisifs, la société civile étant de plus en plus consternée par les images arrivant de Gaza. Mais Israël ne semble pas écouter ni craindre les recommandations américaines.

Il n’est guère facile de comprendre et saisir tous les enjeux territoriaux, économiques, et indubitablement religieux, en sus d’un désir de durement châtier les responsables de la terrible attaque du 7 octobre, qui dictent la dure riposte d’Israël sur la bande de Gaza. Une riposte, que les pays du Sud condamnent résolument, et que la société civile occidentale, -exceptés quelques médias et journalistes inféodés à l’un ou l’autre adversaire et à l’inverse de la majorité de la sphère politicienne -, après un assentiment certain a de plus en plus de mal à ratifier face aux choquantes images qui arrivent de Palestine.

MPI vous a déjà proposer quelques analyses éclairant cet engrenage meurtrier, ainsi que les motivations et arguments brandis d’un côté comme de l’autre pour asseoir la « légitimité » de chaque camp ennemi.

La propagande fonctionne à un rythme rapide ces jours-ci

Le 14 novembre dernier le site géopolitique italien Piccole Note a publié un article décryptant l’option ‘apocalypse’ israélienne. En voici traduit quelques passages :

« Le président israélien Isaac Herzog a montré avec indignation à la BBC un exemplaire de Mein Kampf traduit en arabe, qui aurait été trouvé dans la chambre des enfants d’une maison utilisée par un milicien du Hamas.

« Accréditer les impulsions nazies auprès des ennemis est une nécessité qui a été plutôt galvaudée dans les guerres occidentales, de Saddam à Kadhafi, d’Assad à Poutine, la déshumanisation hitlérienne a touché presque tout le monde. Dans ce cas précis, le coup n’est pas sans rappeler la fiole d’anthrax brandie par Colin Powell à l’ONU pour légitimer l’invasion de l’Irak.

« Si nous osons une allusion aussi forte, c’est aussi parce qu’Israël essaie de faire en sorte que Tony Blair préside l’effort humanitaire visant à soulager la douleur des abandonnés de Gaza (Timesofisrael). Blair est en fait connu dans l’actualité pour avoir inventé les armes de destruction massive de Saddam… dans le cas de Gaza, ce serait comme mettre un renard pour garder un poulailler.

« Nous n’accusons pas Herzog spécifiquement. Même s’il revient tout juste d’un épisode malheureux, lorsqu’il a déclaré qu’il n’y avait pas de « civils » à Gaza (expression qui risque d’ailleurs de devenir auto-réalisatrice), nous ne pensons pas qu’il ait délibérément voulu tromper l’opinion publique.

« Il est probable que l’histoire de Mein Kampf en arabe, avec toutes les annexes de l’affaire – visant également secrètement à légitimer le bombardement de lieux accueillant des enfants – lui ait été rapportée comme véridique par ses subordonnés. D’un autre côté, la propagande fonctionne à un rythme rapide ces jours-ci.

L’option guerre plus large ou apocalypse

« Au-delà des détails, il existe une certaine lassitude aux Etats-Unis, où les appels à la modération à l’égard d’Israël apparaissent de moins en moins incisifs. Un peu dans la lignée des invitations adressées à Kiev à éviter de toucher des cibles sur le territoire russe, qui ont été promptement ignorées, sans aucune conséquence quant au soutien de l’allié d’outre-mer.

« Ainsi, l’allié, qu’il s’agisse de l’Ukraine ou d’Israël, se sent libre d’utiliser la force à sa guise, car il recevra tout au plus une réprimande amicale. On peut objecter qu’il existe des différences substantielles entre le soutien à l’Ukraine et le soutien à Israël, le premier étant entièrement dépendant des armements occidentaux, tandis que le second dispose d’armes abondantes.

« La différence, en réalité, n’est qu’apparente, puisque Tel-Aviv est capable de déployer toute sa puissance de feu grâce à la dissuasion déployée par les Américains dans la région. Sinon, elle serait obligée de ralentir.

« Par ailleurs, un jeu à haut risque se joue sur cette dissuasion. Hier, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a averti son homologue israélien Gallant d’éviter d’élargir le front contre le Hezbollah, ce qui provoquerait un conflit à grande échelle dans la région.

« L’avertissement a été rapporté par Axios, qui ajoute : « Certains au sein de l’administration Biden craignent qu’Israël tente de provoquer le Hezbollah pour créer un prétexte à une guerre plus large au Liban, qui pourrait entraîner davantage les États-Unis et d’autres pays en conflit, selon sources proches du dossier. »

« Axios ajoute le démenti de cette intention par son homologue israélien. Il n’en reste pas moins que le front libanais s’échauffe de plus en plus et que la possibilité d’une guerre à grande échelle devient de plus en plus concrète.

« Cet horizon est d’ailleurs embrassé par certaines tendances messianiques typiques de la droite israélienne (comme l’option apocalypse de Gog et Magog), mais aussi par une partie des dirigeants israéliens, qui voient dans cette évolution le seul moyen de sortir du le tunnel dans lequel ils ont entraîné le pays.

Pressions des gouvernements et de la société civile

« En pénétrant dans les tunnels obscurs du Hamas, en effet, les dirigeants israéliens ont perdu leur clarté et découvrent avec une certaine frustration que le bain de sang qu’ils commettent ne peut être couvert, comme à d’autres moments, par une propagande agressive et insistante (la fameuse Hasbara).

« Les gouvernements occidentaux ne peuvent résister aux pressions de la société civile, de plus en plus consternée par les images arrivant de Gaza, à moins de recourir à une répression autoritaire de plus en plus stricte. Une dérive que l’Occident libéral-démocrate ne peut se permettre aussi ouvertement.

« Une guerre à grande échelle mélangerait le sang de Gaza dans une mer de sang où tout serait emporté, et légitimerait la répression explicite en Occident, qui ne peut avoir lieu dans un contexte pacifique (du moins sous une forme déclarée, étant donné que certaines restrictions font désormais partie de la normalité des gouvernements occidentaux).

« Ce n’est pas seulement Israël qui est divisé entre les deux options, mais l’Occident tout entier dont les citoyens risquent d’être entraînés dans une guerre sur laquelle seule une partie de ses dirigeants freinent.

« Soit dit en passant, et pour revenir au parallèle Israël-Ukraine, les dirigeants de Kiev ont également tenté par tous les moyens d’entraîner l’Occident dans une guerre plus large contre la Russie, trouvant un soutien dans la politique occidentale, en particulier dans la sphère néoconservatrice, la même qui soutient agressivement Israël aujourd’hui.

« De petits exemples sont les déclarations de l’habituel Lindsey Graham, qui a exhorté Israël à « niveler Gaza », et celles de la candidate à la Maison Blanche Nikky Haley, appréciée de Netanyahu, que Bob Bishop, dans un article publié sur l’Institut Ron Paul, compare, non sans raison, au Docteur Folamour. »

Combien de docteurs Folamour parmi nos politiciens occidentaux pour chevaucher l’option guerre plus large ou ‘apocalypse’ de Gog et Magog ?

Francesca de Villasmundo

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