La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la Commission d’enquête parlementaire sur le phénomène des mafias et autres organisations criminelles avait violé la vie privée du « Grand Orient d’Italie contre l’Italie » en effectuant une recherche pour obtenir la liste des ses membres en Calabre et en Sicile.
La collusion entre la mafia et la franc-maçonnerie ne peut être dévoilée…
La CEDH a déterminé qu’il n’y avait pas suffisamment de garanties autour de cette Commission d’enquête parlementaire et, par conséquent, a donné la priorité à la protection de la vie privée des francs-maçons sur la lutte contre les infiltrations mafieuses dans les cercles de pouvoir et d’influence.
La décision, qui se fonde sur la protection de la vie privée et de la liberté d’association, vient parasiter le travail des enquêteurs qui ont établi des liens importants entre la franc-maçonnerie et les organisations criminelles mafieuses.
La Ndrangheta et les frères trois points
L’enquête parlementaire s’inscrit dans le contexte de la lutte contre la mafia, en particulier la Ndrangheta et Cosa Nostra, dont les liens avec les réseaux maçonniques ont été documentés à plusieurs reprises. La commission d’enquête avait ordonné une inspection des loges maçonniques de Sicile et de Calabre, régions où la mafia exerce un fort contrôle social et économique. Au cours de l’opération, des documents ont été découverts qui ont révélé l’identité de plus de 6 000 membres de l’organisation.
Le Grand Orient ne collabore pas avec l’État italien
Les autorités italiennes ont affirmé que la mafia avait infiltré de longue date la franc-maçonnerie pour faciliter les relations avec les juges, les avocats, les hommes d’affaires et les hommes politiques, facilitant ainsi la corruption et le blanchiment d’argent. Dans ce contexte, le Parlement italien a jugé essentiel de connaître l’identité des francs-maçons dans les régions à forte présence mafieuse, afin de détecter d’éventuels liens illicites. Le Grand Orient d’Italie a toutefois refusé de divulguer la liste de ses membres, invoquant la protection de la vie privée et l’indépendance de l’organisation.
La CEDH a estimé dans son arrêt que la demande de la commission parlementaire était trop large et pas suffisamment justifiée au regard des soupçons individuels. La Cour a également estimé que l’intervention du Parlement manquait de contrôle indépendant et impartial, ce qui constituait une violation des droits fondamentaux.
La CEDH protège une fois de plus la secte maçonnique
Cette décision n’est pas la première dans laquelle la CEDH protège le secret maçonnique en Italie. La Cour s’est déjà prononcée contre les lois italiennes exigeant que les fonctionnaires et les juges déclarent leur appartenance à des loges maçonniques. Ces résolutions ont suscité un débat en Italie sur la question de savoir si la protection du droit d’association entrave la lutte contre le crime organisé.
L’arrêt de la CEDH compromet les efforts de l’Italie pour éradiquer l’influence de la mafia dans la vie publique.
Pierre-Alain Depauw
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