Les Russes auraient-ils commis un massacre à Boutcha lors de leur opération spéciale en Ukraine, ainsi que l’appellent les Russes ? De Kiev sont arrivées les informations et les images documentant ce « massacre » que les chancelleries et medias occidentaux ont tout de suite repris en boucle en demandant plus de « sanctions » contre le Kremlin, se faisant l’écho des injonctions de Zelensky, le sénile Biden demandant déjà, avant toute enquête sérieuse, un procès pour « crime de guerre ».

Mais qui nous dit que ces vidéos d’atrocités commises soi-disant par les soldats russes ne sont pas des bobards de guerre comme il y en eut pour la Serbie, l’Irak, la Syrie, la Libye ou pour Timisoara. Avant de courir si vite derrière les déclarations zelenskiennes, voilà une question qu’il faudrait se poser, ce dont les politiciens occidentaux semblent incapables, mus par leur idéologie arc-en-ciel et leur suivisme étatsunien.

Quelques journalistes osent cependant s’interroger. C’est le cas du blog italien Piccole Note lié au quotidien Il Giornale.it aux positions anti-russes pourtant assez tranchées.

« Hier, 3 avril, peut-on donc lire dans un article publié aujourd’hui, l’horrible découverte du massacre de Boutcha. Depuis hier, les images et les témoignages se succèdent. Des témoignages qui parlent d’exécutions sommaires généralisées, de personnes tuées dans la rue d’une balle dans la tête ou par des rafales de mitrailleuses, comme en témoigneraient les images des corps abattus dans la rue.

L’Occident condamne, la Russie parle de mise en scène. Les images (par exemple celles-ci et celles-ci ) que nous avons vues sont fortes, de corps civils au sol. On est un peu interpelé que les cadavres ne présentent pas de taches de sang apparentes, comme cela devrait arriver après avoir reçu une balle dans la tête ou après avoir été touché par des rafales de mitrailleuses (comme disent les témoignages). Peut-être que d’autres sortiront où l’on verra le sang.

A cet égard, l’interview du maire de Boutcha, Anatoly Fedoruk, diffusée le 31 mars dans un média ukrainien, est très marquante : dans une vidéo, un Fedoruk souriant et détendu annonce que le retrait russe a eu lieu et que les glorieuses forces armées ukrainiennes sont entrées dans la ville. Les images ont été tournées en plein jour, comme en témoigne l’intensité de la lumière.

Pourtant le village, selon les vidéos et les témoignages, aurait été plein de cadavres, de personnes tuées au hasard… ce visage serein détonne avec tout cela. Et le mystère demeure pourquoi non seulement dans cette vidéo heureuse, mais aussi dans les jours qui ont suivi, le maire a gardé le silence sur le massacre, même si cela ressort si clairement des vidéos qui montrent des corps éparpillés dans les rues…

Et le mystère du silence des forces ukrainiennes demeure également : comme l’explique le maire, le 31 mars, ils étaient déjà entrés dans la ville et avaient certainement vu ce que les films semblent raconter. Pourquoi ont-ils attendu deux jours pour le dénoncer ? À d’autres occasions, ils ont toujours signalé rapidement des crimes de guerre russes réels ou présumés. Pourquoi ont-ils attendu deux jours dans un cas aussi frappant ? (1)

Des questions, rien de plus, nous laissons les réponses aux lecteurs. Il reste que jusqu’à présent, lors de l’invasion russe, il n’y a pas eu de massacres aveugles, mais des actions de guerre qui ont fait des victimes civiles. Déplorables aussi, certes, mais la dynamique est bien différente.

Il convient de noter que fin mars, le gouvernement ukrainien a engagé de puissants cabinets d’avocats internationaux pour enquêter sur d’éventuels crimes de guerre commis par les Russes (Bloomberg).

Serait-ce l’aboutissement d’une campagne sur le sujet, non explorée jusqu’à ce moment depuis le début du conflit, qui a commencé à s’installer dans les jours précédant cette semaine et a également vu l’honnête épouse de George Clooney Amal, arrivée en Ukraine à la tête d’une task force aguerrie (la femme vertueuse, à l’époque, avait refusé d’enquêter sur mandat de l’ONU sur les crimes de guerre commis à Gaza, mais c’est une autre histoire, racontée par al Arabya) ?

Et, cependant, enquêter sur la question semblait une tâche ardue, à tel point que le Washington Post lui-même avait écrit un article documenté sur le sujet, dans lequel il expliquait comment le fait que les Russes ciblaient des cibles militaires légitimes et que les défenses ukrainiennes étaient positionnées dans les sphères civiles, rendait difficile l’inculpation des envahisseurs pour de véritables crimes de guerre… mais voici le massacre de Boutcha, qui change tout.

Si c’est vrai, comme c’est vrai ce qu’a écrit le Washington Post, ce qui semble s’être passé à Boutcha (nous utilisons le conditionnel à la manière du New York Times), apparaît une anomalie par rapport au modus operandi de l’armée russe. Une anomalie à vérifier, mais pour ce faire il faudrait des instances vraiment indépendantes …

Pendant ce temps, la femme enceinte qui a survécu à l’attentat de l’hôpital de Marioupol, dont la photo a fait le tour du monde, est réapparue dans une vidéo diffusée par les Russes. La femme a confirmé que l’hôpital avait été adapté comme base militaire pour les Ukrainiens, selon les accusations de Moscou, seule une aile de l’hôpital restait fonctionnelle, où elle était en effet soignée.

Bref, elle a confirmé la version des Russes, mais depuis l’Ukraine, ils accusent les Russes de l’avoir manipulée et demandent qu’elle soit renvoyée à Kiev. Un peu ce qui s’est passé au moment de l’empoisonnement, vrai ou présumé, de Sergei Skripal et de sa fille Julia, cette dernière accusant Moscou du crime et Moscou demandant qu’elle soit autorisée à rentrer chez elle, étant la citoyenne russe. Les rebondissements de l’histoire.

Mais revenons aux accusations des Russes, qui disent que le massacre de Boutcha a été fabriqué par ses antagonistes. Une accusation qui, ironie du sort, en rappelle une similaire, mais aux parties inversées, lancée peu avant l’invasion de l’Ukraine.

Nous rapportons du New York Times : « Les États-Unis ont acquis des informations sur un plan russe visant à fabriquer un prétexte pour envahir l’Ukraine à l’aide d’une fausse vidéo […] ». « Le plan – que les États-Unis espèrent ruiner en le rendant public – implique la mise en scène et la reprise d’une attaque fabriquée par l’armée ukrainienne sur le territoire russe ou contre les russophones dans l’est de l’Ukraine. La Russie, ont déclaré des responsables américains, a l’intention d’utiliser la vidéo pour accuser l’Ukraine de génocide contre les russophones »…

Une accusation également relancée par le porte-parole du département d’État Ned Price, qui a également évoqué le recours à des « acteurs de crise » pour conditionner la fausse vidéo. Les « acteurs de crise » sont des personnalités spécialisées : ils sont utilisés pour simuler des accidents, des attentats, etc. lors d’exercices (militaires ou civils), et parfois aussi comme témoins de faits, etc. Bref, pour les USA la possibilité de fausses bannières pour les images créées par l’art n’appartient pas à la conspiration…

Nous ne tirons pas de conclusions, laissant les siennes au lecteur.

(1) Voici une vidéo qui exposerait la fausse, car les morts bougeraient. Nous ne savons pas si les images ont été truquées. Nous le mentionnons uniquement parce qu’il montre ce devant quoi les libérateurs se sont retrouvés le 31 mars … et ils ont attendu deux jours pour parler (également dans cette vidéo, les corps gisants n’apparaissent pas ensanglantés).

(2) Trouvé accidentellement une vidéo publiée par Pravda Ukraine documentant le « nettoyage » des forces ukrainiennes à Boutcha le 2 avril. Dans la vidéo, vous pouvez voir les chars et les soldats passer dans les rues qui ressemblent aux mêmes plans dans d’autres vidéos. Mais aucun corps n’est vu sur le sol, et la vidéo ne fait aucune référence au massacre, qu’il soit vrai ou allégué. Il nous a semblé intéressant de le signaler aux lecteurs. »

De son côté, la Russie a repoussé les accusations de Zelensky : « La Russie rejette catégoriquement toute accusation d’implication dans le massacre de civils à Boutcha », dans la périphérie de Kiev a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors d’une conférence de presse. « Les diplomates russes au Conseil de sécurité de l’ONU continueront à promouvoir la thèse de la provocation à Boutcha, c’est une affaire trop sérieuse », a poursuivi Peskov. « Les faits et la chronologie de ce qui s’est passé à Boutcha ne corroborent pas la version ukrainienne », a poursuivi le porte-parole du Kremlin, qui a exhorté les dirigeants internationaux à ne pas se précipiter pour juger. « Les vidéos de Boutcha sont fausses », a-t-il ajouté. « La situation à Boutcha est une mise en scène de l’Occident et de l’Ukraine sur les réseaux sociaux », a affirmé encore le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, repris par TASS. Le Kremlin a en outre demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU lundi 4 avril pour statuer sur les « provocations haineuses » commises selon elle par l’Ukraine à Boutcha.

Francesca de Villasmundo

  

  

  

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

8 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est chez l’imprimeur et en prévente sur MCP.

Nous vous l’avions annoncé dans un précédent mailing : la naissance d’une toute nouvelle revue de qualité, Caritas, la revue du pays réel, et la parution prochaine de son premier numéro de 86 pages. Bonne nouvelle, : ce numéro 1 de Caritas qui consacre son dossier à la Lutte contre la haine anticatholique vient d’être envoyé à l’imprimerie et sera bientôt dans les librairies et les boites aux lettres des abonnés.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !