Arithmétique et manœuvres à l’Elysée, culpabilisation des Français et de l’opposition, n’ont pas suffi à Emmanuel Macron pour trouver un compromis avec les partis français, utile pour lui garantir une certaine forme de gouvernabilité après la gifle électorale qu’il a reçue dimanche.

Hier soir, un gouvernement d’union nationale ayant été rejeté de tout côté, le président de la République s’est donc adressé à la nation, sans mea culpa, donnant deux voies de sortie à une législature à fort risque d’impasse, en forme d’ultimatum. Un geste pour tenter de mettre l’opposition au pied du mur : soit nous formons une coalition au pouvoir, soit nous chercherons des majorités au cas par cas : « Il faut apprendre à gouverner et à légiférer autrement, avec de nouveaux compromis dans dialogue, écoute, respect, dans une plus large majorité » a affirmé Macron après cinq années passées à gouverner autocratiquement sans écoute, ni dialogue, ni respect.

Il ne cache pas le moment dramatique, Macron. Deux mois après sa confirmation à l’Elysée avec une abstention record et un front républicain réactivé contre le Rassemblement National, et après deux jours de consultations avec les partis de la nouvelle Chambre, il n’a rien obtenu :

« Je ne peux pas ignorer les profondes divisions qui traversent le pays, je prends acte de la volonté de changement ».

Sa coalition, dimanche, n’a obtenu qu’une majorité relative, la coalition de la gauche (Nupes) est la première force d’opposition, avec les verts, les radicaux, les socialistes et les « insoumis » de Jean-Luc Mélenchon. Cependant, la Nupes est déjà en train de se diviser sur le groupe commun à l’Assemblée Nationale ce qui ferait du Rassemblement national de Marine Le Pen avec 89 députés, le premier parti d’opposition à la Chambre.

Le président est face aux Français, sans atouts dans sa manche pour éviter la crise : néo-gaullistes et communistes, lépénistes, écolos et Mélenchon ont claqué la porte au nez de l’unité nationale supposée par le centriste François Bayrou, allié du président, ce qui ne l’a pas empêché de lancer une attaque (intéressée) contre la Macronie : « L’époque exige un premier ministre politique », pas une technicienne comme Elisabeth Borne.

Chaos dans le chaos, au motif que la légitimité de ce gouvernement est fragilisée, Mélenchon a appelé le Premier Ministre à se soumettre à un vote de confiance auprès des parlementaires sur son programme : « La constitution prévoit bien que le premier ministre engage la responsabilité du gouvernement, sur une déclaration de politique générale ou sur un programme. Toute la question est de savoir s’il est obligé de le faire ou pas » explique Bruno Daugeron, professeur de droit public à l’Université Paris-Cité, spécialiste de droit constitutionnel et de droit électoral. Il précise que rien ne semble obliger le Premier ministre à démissionner, pourtant tout l’y contraint car si ce n’est pas lui qui va à l’Assemblée nationale, c’est l’Assemblée nationale qui ira à lui en déposant une motion de censure.

Macron essaye donc de gagner du temps.

« A mon retour, nous commencerons à construire cette nouvelle méthode. »

Il sera aujourd’hui à Bruxelles pour le Conseil européen sur l’Ukraine. « Nous devons rendre 0l’Europe plus forte, et cela ne changera pas », dit-il. Mais en attendant, après trois jours de silence, il doit faire le point sur le coup de bâton qui a ébranlé ses certitudes jupitériennes et rendra difficile l’application de son programme dicté par Bruxelles. Plus de 7 citoyens sur 10 se disent satisfaits du résultat du vote, selon un sondage Elabe/BfmTv. « La tenue de la République n’est pas en danger, c’est le macronisme qui l’est », assure Adrien Quatennens, député Nupes et coordinateur de la France Insoumise.

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe invite quant à lui à chercher des similitudes entre les partis.

« Nous sommes prêts à faire notre part, dit Marine Le Pen de son côté, mais nous voterons ce qui va dans l’intérêt des Français, nous amenderons le reste ou nous voterons contre ce qui ne nous convainc pas. »

Le succès des « extrêmes » ou « populistes », jusqu’à hier considérés comme hors de l’arc républicain, a obligé la Macronie à changer de registre. La garde présidentielle a déjà adouci les jugements ; fini les insultes, vive le dialogue.

Cependant, l’équation reste non résolue. Comment gouverner ? « Je sais qu’ensemble, nous trouverons le chemin de la réussite collective », est le mantra de Macron. Pour la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire « tout est possible ».

Pour les Français, Macron en difficulté est une aubaine !

Francesca de Villasmundo

  

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