De la férie : messe du Samedi après les Cendres
Saint-Laurent in Lucina s’élève sur la via Lata, sur le champ de Mars, et doit peut-être son origine à une matrone nommée Lucine, qui tient une grande place dans les actes de saint Marcel pape et de saint Sébastien, et qui, vraisemblablement, dut, au IVe siècle, laisser l’Église héritière de ses grandes richesses. Dans l’ordre hiérarchique, le titre de Lutine est, aujourd’hui encore, le premier des titres presbytéraux, et, dans la vaste basilique consacrée par le pape Célestin III en 1196, l’on conserve une grande partie du gril de fer sur lequel fut brûlé saint Laurent, et beaucoup de reliques d’anciens martyrs. Le titre de Saint-Tryphon est d’origine médiévale ; il semble avoir été érigé et refait au Xe siècle par les fameux Crescenzi qui y avaient tout auprès leur château fort. Sous l’autel étaient conservés les corps des martyrs Tryphon, Respice et Nymphe, de qui l’on célèbre la commémoration (dies natalis) le 10 novembre.
Mais, au temps de Clément VIII, l’édifice étant près de tomber en ruine, reliques et station furent transférées à l’église voisine de Saint-Augustin. Au temps de saint Grégoire, tout en anticipant de quatre jours le jeûne quadragésimal, la semaine de quinquagésime n’avait, comme nous l’avons dit, que les deux traditionnelles synaxes des IVe et VIe féries ; c’est pourquoi l’antiphonaire ne désigne aujourd’hui aucun chant pour la messe, et l’on répète ceux d’hier. La collecte est ainsi conçue : « Écoutez, ô Dieu, nos supplications, et faites que nous accomplissions dévotement ce jeûne solennel institué pour purifier les âmes et les corps. » La lecture d’Isaïe (LVIII, 9-14) est la continuation du chapitre d’hier. Le sujet est le même. Si Israël veut mériter les grâces divines, qu’il brise la chaîne de ses péchés, qu’il s’efforce de pratiquer les œuvres de miséricorde et rende à Dieu non seulement un culte extérieur et rituel, mais intime et spirituel. Le sabbat auquel tient par-dessus tout le Seigneur, c’est que l’homme s’abstienne de pécher et de faire sa volonté propre. L’Église, en ces premiers jours du Carême, s’applique pardessus tout à nous insinuer cette élévation spirituelle de notre pénitence, qui n’a rien de commun avec l’observance pharisaïque, ni avec celle des musulmans. L’Évangile nous offre une grande consolation. L’image est saisissante. Les Apôtres rament. avec le vent contraire et ne peuvent avancer ; pendant ce temps, le Christ prie sur la montagne ; puis il vient, à la quatrième veille de la nuit, dans la barque ; la traversée devient alors facile jusqu’à la rive du lac. C’est l’image de notre vie.
Nous ramons dans la barque de notre vie avec le vent contraire et, apparemment, nous n’avançons pas. Nous nous plaignons : je ne fais pas de progrès. C’est la vérité, l’enfant de Dieu navigue toujours contre le vent. La chair, le monde, Satan unissent leurs forces contre nous. Et cependant là-haut, sur la montagne céleste, quelqu’un prie pour nous : le Christ, notre médiateur auprès du Père. Cette prière du Christ sur la montagne est aussi la prière du Christ mystique, de l’Église. Cela n’est pas encore tout ; à la quatrième veille de la nuit, le Christ vient lui-même dans la barque de notre vie ; à la messe, il est vraiment là, il vient en personne ; avec son secours, tout est facile. Avec son secours, nous accomplirons la difficile traversée du Carême et nous débarquerons heureusement sur la rive de fête de Pâques. La prière sur les oblations est la suivante : « Accueillez, Seigneur, ce sacrifice, dont l’immolation vous apaise à notre endroit, et faites que, purifiés par sa vertu efficace, nous puissions vous présenter l’offrande qui vous est toujours agréable, de notre cœur. » La collecte eucharistique, ou d’action de grâces, est ainsi conçue : « Réconfortés par le don céleste, nous vous prions, Seigneur, afin que, ce qui dans la vie présente est pour nous un mystère, soit aussi le moyen qui nous fasse parvenir à l’éternité. » Le sabbat symbolise la paix de Dieu et le repos de l’âme après les tempêtes de la vie. Beaucoup voudraient arriver à ce sabbat, mais en réalité peu nombreux sont ceux qui y parviennent, parce qu’on ne veut pas se persuader que pour y atteindre, il faut d’abord passer par le vendredi in parasceve. Qui veut reposer avec Jésus dans la tombe de Joseph d’Arimathie doit avant tout monter au Calvaire, mourir sur la croix et, ayant expiré, être décloué et descendu du gibet.
Sanctoral
Saint Jean de Dieu, Confesseur
Jean de Dieu naquit de parents catholiques et pieux, dans la ville de Monte-Mayor, au royaume de Portugal en 1495. Au moment de sa naissance une clarté extraordinaire parut sur sa maison, et une cloche sonna d’elle-même ; ces prodiges firent clairement présager que le Seigneur avait choisi cet enfant pour de glorieuses destinées. Dans sa jeunesse il fut retiré, par la puissance de la grâce divine, d’une vie trop relâchée et il commença à donner l’exemple d’une grande sainteté. Un jour, entendant la parole de Dieu, il se sentit tellement excité au bien, que dès lors il sembla avoir atteint une perfection consommée, quoiqu’il ne fût encore qu’au début d’une vie très sainte. Après avoir donné tout ce qu’il avait aux pauvres prisonniers, il devint pour tout le peuple un spectacle de pénitence, et de mépris de soi-même, ce qui lui attira les plus mauvais traitements de la part de beaucoup de personnes qui le regardaient comme un fou, et on alla jusqu’à l’enfermer dans une maison de santé.
Mais Jean, enflammé de plus en plus d’une charité céleste, parvint à faire construire dans la ville de Grenade, avec les aumônes des personnes pieuses, deux vastes hôpitaux, et jeta les fondements d’un nouvel Ordre, donnant à l’Église l’institut des Frères hospitaliers, qui servent les malades au grand profit des âmes et des corps, et qui se sont répandus dans le monde entier. Il ne négligeait rien pour procurer le salut de l’âme et du corps aux pauvres malades, que souvent il portait chez lui sur ses épaules. Sa chanté ne se renfermait pas dans les limites d’un hôpital : il procurait secrètement des aliments à de pauvres veuves, à des jeunes filles dont la vertu était en danger, et mettait un soin infatigable à délivrer du vice ceux qui en étaient souillés. Un grand incendie s’étant déclaré dans l’hôpital de Grenade, Jean se jeta intrépidement au milieu du feu, courant ça et là dans l’enceinte embrasée jusqu’à ce qu’il eût transporté sur ses épaules tous les malades, et jeté les lits par les fenêtres pour les préserver du feu. Il resta ainsi pendant une demi-heure au milieu des flammes qui s’étendaient avec une rapidité extraordinaire ; il en sortit sain et sauf par le secours divin, à l’admiration de tous les habitants de Grenade ; montrant par cet exemple de charité que le feu qui le brûlait au dehors était moins ardent que celui qui l’embrasait intérieurement. Jean de Dieu pratiqua, dans un degré éminent de perfection, des mortifications de tous genres, la plus humble obéissance, une extrême pauvreté, le zèle de la prière, la contemplation des choses divines ainsi que la dévotion à la sainte Vierge ; il fut aussi favorisé du don des larmes.
Enfin, atteint d’une grave maladie, il reçut, selon l’usage, tous les sacrements de l’Église dans tes plus saintes dispositions, puis, malgré sa faiblesse, il se leva de son lit, couvert de ses vêtements, se jeta à genoux, et, pressant sur son cœur l’image de Jésus-Christ crucifié, il mourut ainsi dans le baiser du Seigneur, le huit des ides de mars, l’an mil cinq cent cinquante. Même après son dernier soupir, ses mains retinrent encore le crucifix, et son corps resta dans la même position pendant environ six heures, répandant une odeur merveilleusement suave jusqu’à ce qu’on l’eût enlevé de ce lieu. La ville entière fut témoin de ces prodiges. Illustre par de nombreux miracles, pendant sa vie et après sa mort, Jean de Dieu a été mis au nombre des Saints par le souverain Pontife Alexandre VIII. Léon XIII, agissant selon le désir des saints Évêques de l’Univers catholique et après avoir consulté la Congrégation des Rites, l’a déclaré le céleste Patron de tous les hospitaliers et des malades du monde entier, et il a ordonné qu’on invoquât son nom dans les Litanies des agonisants.
Vénérable Fiacre Tobin, Martyr, Premier Ordre Franciscain
Fiacre Tobin est né à Kilkenny, en Irlande, en 1620, et est entré très jeune dans l’ordre des Capucins.
Dans la persécution que subirent les catholiques à l’avènement de Cromwell, alors que d’autres prêtres cherchaient refuge en fuyant, le père Fiacre resta fidèle à son poste, pour fortifier les catholiques dans leur foi et surtout pour assister les malades. Suite à la loi d’expulsion de 1653, le Père Fiacre partit quelque temps en France, mais revint bientôt dans son pays natal et exerça en secret son ministère sacerdotal.
Puis il fut découvert par les officiers et conduit lié au magistrat de Dublin. A la question de son identité, il répond sans hésiter : « Je suis prêtre capucin et je suis revenu dans mon pays natal pour verser mon sang pour la Foi ». On craignait que s’ils l’exécutaient, cela ne donnerait une nouvelle force à la foi des catholiques. Il fut donc jeté en prison. Son lit était fait de planches dures, un bloc de bois lui servait d’oreiller et des pois mi-cuits sa nourriture.
Un mois plus tard, il fut emmené à bord d’un navire pour être de nouveau envoyé en exil. Mais son corps brisé n’était plus capable de résister aux épreuves. Il mourut pendant le voyage le 6 mars 1710, martyr de la cause de la foi.
Fête des Saintes Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Au vendredi de la troisième semaine de Carême, après avoir successivement honoré les précédents vendredis la Sainte Couronne d’Epines, la Sainte Lance et les Saints Clous, puis le Saint Suaire, nous commémorons d’une manière plus particulière les Saintes Plaies de Notre-Seigneur.
Les Plaies du Christ ou Saintes Plaies sont les cinq plaies des deux mains et des deux pieds de Jésus de Nazareth crucifié et cloué sur la croix, et de sa plaie au flanc droit faite par le centurion Longin avec son javelot, pour constater sa mort.
Ces plaies sont mentionnées dans l’Évangile de saint Jean 19, symbolisant la victoire sur la mort, dans l’épisode de la Résurrection : le thème de l’« incrédulité de saint Thomas » a de nombreuses représentations picturales . « Puis Il dit à Thomas : » Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté » » : La Résurrection est signe de la Divinité de Jésus mais ses plaies symbolisent son humanité, celle de l’Incarnation.
Martyrologe
A Grenade, en Espagne, saint Jean de Dieu confesseur, fondateur de l’Ordre des Frères Hospitaliers pour les infirmes. Il fut célèbre par sa compassion envers les pauvres et son mépris de lui-même. Le Souverain Pontife Léon XIII l’a désigné comme patron céleste des hospitaliers et des infirmes.
A Nicomédie, saint Quinctile, évêque et martyr.
En Afrique, les saints martyrs Cyrille évêque, Rogat, Félix, un autre Rogat, Béate, Hérénie, Félicité, Urbain, Silvain et Mamille.
A Antinoé, ville d’Égypte, l’anniversaire des saints martyrs Apollone diacre et Philémon. Arrêtés et conduits devant le juge, ils refusèrent fermement de sacrifier aux idoles; tous deux eurent alors les talons percés, furent trainés dans la ville avec une horrible cruauté; enfin frappés du glaive, ils achevèrent leur martyre.
Au même lieu, la passion des saints Arien préfet, Théotique et de trois autres, que le juge fit périr en les jetant à la mer; mais par l’entremise des dauphins, leurs corps furent rapportés sur le rivage.
A Carthage, saint Ponce, diacre du bienheureux évêque Cyprien. Jusqu’à la mort de ce dernier, il supporta avec lui les rigueurs de l’exil; il laissa une excellente histoire de la vie et du martyre de son évêque, et glorifiant sans cesse le Seigneur dans ses propres souffrances, il mérita la couronne de vie.
A Tolède, en Espagne, la mise au tombeau du bienheureux Julien, évêque et confesseur, célèbre par sa sainteté et sa doctrine.
En Angleterre, saint Félix évêque, qui convertit à la foi les Angles de l’Est.
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