Le malheur de la Serbie en ce XXIème, c’est qu’elle se trouve entre la Russie et le monde occidental, dans cette guerre sans répit que se livrent ces deux puissances. Le contrôle des nations qui se trouve entre ces deux dernières est crucial, l’exemple le plus frappant est le dossier ukrainien. L’histoire se répète pour ce peuple Slave du sud qui a déjà vécu une situation similaire avec l’occident chrétien et le monde musulman du califat ottoman, cette position géographique n’a permis à aucune génération serbe de connaitre la paix.

Un évènement agite le pays depuis des mois par une révolte populaire, il s’agit de la découverte par la multinationale minière Rio Tinto d’un vaste gisement d’un minerai unique : un borosilicate de lithium et de sodium baptisé Kryptonite, dont l’utilité dans l’industrie de pointe est indispensable. Une véritable mine d’or à l’époque de l’hypocrisie de l’énergie verte, dont les bobos occidentaux à l’esprit modelable sont friands pour se donner bonne conscience. La corporation Rio Tinto, qui s’enorgueillit de posséder le plus grand robot du monde – un système ferroviaire entièrement automatisé – se propose d’exploiter 300 hectares d’une campagne préservée, 15 000 à 20 000 foyers devraient être expropriés. La batterie remplace le baril, cependant la même fuite en avant incessante vers la croissance et le profit sans fin reste d’actualité. Car pour nos technocrates-verts l’écologie ce n’est pas l’habitant serbe des milieux ruraux qui répare sa vieille carcasse avec 600 000 kilomètres au compteur, qu’il n’utilise que rarement en cas de nécessité, l’écologiste c’est ce citadin qui a troqué son 4×4 diesel quasi neuf contre une Tesla et que l’on peut apercevoir dans les bouchons le samedi matin et le dimanche soir pour combler son week-end d’activités illusoires comme anesthésiant à cette vie vide de sens basée sur la consommation. Pour que l’Europe de l’Ouest puisse passer au dictat vert les zones balkaniques doivent être sacrifiées soit en gisement soit en dépotoir.

Le gouvernement Serbe clame que c’est une chance pour le pays, la population ne l’entend pas de cette oreille. La question écologique de préservation de la nature est l’élément majeur de cette révolte, cependant cette situation résume parfaitement un autre reproche du peuple serbe envers son dirigeant : la Serbie n’a jamais eu, depuis le démantèlement Yougoslave, une situation économique meilleure que sous l’ère Vucic. Le problème de cette situation économique florissante c’est l’accaparement des biens serbes par des entreprises étrangères qui, si elles ne sont pas freinées et contrôlées, pourraient avoir dans le futur des conséquences néfastes pour le pays. L’énorme projet immobilier de Belgrade Waterfront, financé par un promoteur émirati, les autoroutes construites avec des emprunts à la Chine ou encore le projet de métro belgradois par la multinationale française Alstom sont d’autres exemples de cette politique.

En quelques mois la défense de la vallée du Jadar (zone de la potentielle future exploitation minière) est devenue une cause nationale rassemblant des éléments hétérogènes : paysans, nationalistes, entrepreneurs locaux, moines orthodoxes ; mais on trouve également, réunis dans ce camp des éléments beaucoup moins légitimes comme des ONG étrangères qui viennent jouer les perturbateurs.

Pour bien comprendre la situation il faut faire un bond dans le passé, le contrôle de la Serbie par le nouvel ordre mondial est, au vu de l’énergie déployée par ceux-ci, primordial. La nation Serbe est historiquement, il ne peut-en être autrement, par sa foi orthodoxe et ses origines Slave, un allié de la Russie. A la chute du communisme, les puissances occultes, dissimulées derrière les nations occidentales, ont mené une guerre militaire frontale contre la petite nation Serbe pensant la détruire, mais cette guerre n’a pas eu l’effet escompté. En 1999, le refus d’abdication de Milosevic (président à l’époque) et du peuple serbe leurs permet de sortir la tête haute de cette agression, les accords de Kumanovo et la résolution 1244 des Nations Unies préservaient la souveraineté serbe sur le Kosovo (l’arrachement de cette région était le réel but de cette agression). Ces évènements ont poussé les agresseurs à opter pour une autre stratégie, qu’ils maitrisent à merveille, c’est-à-dire détruire la nation de l’intérieur. Avec l’influence étrangère, Milosevic fut déposé par la rue et livré au tribunal de la Haye par son propre peuple ; son jugement n’a jamais pu aboutir ; sa mort en 2006 reste mystérieuse et ainsi la première révolution colorée avait vu le jour. La fin du règne Milosevic apporta aux puissances en question ce qu’ils désiraient : des politiciens à leurs services qui gouvernent contre les intérêts de la nation. L’arrivée de Vucic au pouvoir n’avait rien d’inquiétant car il était le pion d’une politique d’opposition-contrôlée (sous une forme anti-occidentale, mais jamais sur le fond) qui était la plus adaptée à la situation Serbe, la colère du peuple ne permettant pas à un candidat ouvertement pro-occidental, comme ce qui avait été tenté directement après l’ère Milosevic, de régner.

Le problème de tout vouloir contrôler, c’est qu’à un moment ou un autre on perd le contrôle. Le président serbe a constamment, depuis sa prise de pouvoir joué sur deux fronts, se rapprochant de la Russie, de la Chine et plus récemment de la Hongrie de Orban, tout en faisant croire à un rapprochement souhaité vers l’ouest, exactement le contraire de ce que l’on attendait de lui, une politique pro-occidentale de forme et politique « illibérale » de fond tournée vers l’Est. L’arrivée de la « Plandémie » covid-19, a permis de ne plus avoir de doutes sur la stratégie du président Serbe. Il est certain que les puissances actuelles mettront tout en œuvre pour soit destituer Vucic, soit le contrôler. Les manifestations anti-reconfinement de juillet 2020 à Belgrade, nous en avait apporté les preuves, dans leurs techniques de pompiers-pyromanes, que les puissances occidentales avaient tout d’abord fait pression sur la Serbie, qui n’avait pris quasi aucune mesure liberticide, pour qu’elle prenne des décisions irrationnelles face à la pseudo-pandémie, pour par la suite, via des perturbateurs étrangers dans les rues, tenter d’attiser la colère du peuple pour le faire crier à la dictature. Les services de sécurité intérieure avaient arrêté plusieurs manifestants étrangers aux passeports divers. Le récent contrat gazier (gazoduc Tesla Pipeline) avec la Russie risque d’attiser encore plus de tentative de déstabilisation.

Pour conclure sur les manifestations qui ont lieu actuellement en Serbie, les réactions du président nous démontrent qu’il sait à quoi s’attendre. Il a renvoyé les forces de l’ordre dans les casernes, laissant la rue à la foule, une fois les manifestants en roues libres les organisateurs en perdent le contrôle. Le 8 décembre il a renvoyé au parlement les lois sur l’expropriation et sur le référendum exauçant les exigences concrètes des manifestants. Le bras de fer est lancé.

Gajic ZORAN

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

1 Commentaire
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est chez l’imprimeur et en prévente sur MCP.

Nous vous l’avions annoncé dans un précédent mailing : la naissance d’une toute nouvelle revue de qualité, Caritas, la revue du pays réel, et la parution prochaine de son premier numéro de 86 pages. Bonne nouvelle, : ce numéro 1 de Caritas qui consacre son dossier à la Lutte contre la haine anticatholique vient d’être envoyé à l’imprimerie et sera bientôt dans les librairies et les boites aux lettres des abonnés.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !