” Mais si un plus fort survient.”

Version écrite du sermon : 

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il

Mon Très Révérend Père,
Bien chers Frères,
Bien chers fidèles,

Les Pères de l’Église, interprétant les Évangiles synoptiques, c’est-à-dire l’Évangile que l’on vient d’entendre, saint Mathieu et Saint Marc, qui parlent tous trois à peu près du même événement, nous disent que ce possédé muet, sourd et aveugle, puisque dans les autres Évangiles, ils rajoutent ces deux déficiences physiques, ce possédé figure l’état du monde, l’état de l’humanité, en bonne partie sous le joug de Satan avant l’avènement du Christ, avant l’Incarnation du Verbe divin. Cela ne veut pas dire que cette humanité était possédée corporellement dans son entier, bien entendu, mais que de très nombreuses personnes étaient comme possédées spirituellement, et cela même parmi le peuple élu, parmi le peuple juif.

Donc l’humanité souffrait de cette triple déficience. Aveugle, c’est-à-dire qu’elle ne voyait pas à la lumière, la lumière de la vérité. Muet, c’est qu’elle ne pouvait pas, elle n’avait pas le souffle, en quelque sorte le souffle de vie pour confesser cette vérité. Et enfin sourd, c’est-à-dire que, au commandement du bon Dieu, eh bien, elle n’ouvrait pas l’oreille, elle ne pouvait pas les mettre en pratique, mettre en pratique aussi cette vérité qui leur a été enseignée, qui résonnait dans son cœur au moins. Alors le Bon Dieu, dans sa miséricorde, envoie le Messie, envoie un Sauveur, et même le titre qui correspond le mieux à cette situation de possession, envoie le Libérateur. « Mais si un plus fort survient », c’est ce plus fort qui survient, ce Libérateur qui vient chasser le démon.

Et le monde va commencer à changer, mes bien chers fidèles. Notre-Seigneur le dit : « si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, assurément le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous ». C’est ce Royaume de Dieu qui commence par l’avènement du Christ, qui prend la place de l’empire du démon. Et il est aussi facile et logique de comprendre que cet empire du démon va diminuer, et le Royaume de Dieu, proportionnellement en quelque sorte, va se développer. La possession de Satan va laisser la place à la possession par l’Esprit de Dieu, d’un plus grand nombre d’âmes possibles. Toute l’histoire de l’humanité, mes bien chers frères, se résume dans cette logique, suit cette logique, cela jusqu’à aujourd’hui. Faisons alors un petit peu le point de notre situation actuelle, où en sommes-nous ? Et pour éclairer cela, reprécisons ce qu’est cette mission de notre Libérateur du Christ.

Négativement, ce qu’il est venu accomplir parmi nous, c’est précisément de faire reculer la tyrannie de Satan, du diable.

« Jésus chassait un démon ». Il l’a fait une fois dans l’évangile du jour, il l’a renouvelé un bon nombre de fois, puisque, avant même de guérir, il veut chasser le démon, et pas seulement, encore une fois, du corps, mais surtout de l’âme. Quand il guérissait, Jésus prenait place dans l’âme aussi. Il y mettait le bon esprit, il y mettait la foi, il y mettait sa charité au final. Donc première chose, il fait reculer cette tyrannie du démon. Et positivement, libérer les âmes, libérer les esprits, c’est mettre dehors de ces âmes le mensonge, l’erreur, l’illusion, eh bien si le prince du mensonge doit s’en aller, comme dit Saint Jean dans son évangile, Notre-Seigneur plutôt, c’est lui-même qui le dit, Il est menteur et il est père du mensonge, le démon. S’il le chasse, il va pouvoir prendre toute la place. Et comment cela ?  en étant complètement pour ces âmes ce qu’il doit être. Il dit dans son évangile à plusieurs reprises ceci : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie, » ;  il est la Vérité, et donc il vient prendre la place du mensonge. Sa mission correspond bien à cela, il l’a dit à Pilate explicitement : «  je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ». Et le résultat de cette mission, pour nous, est extraordinaire, il le dit encore dans un autre passage en Saint Jean : « si vous demeurez en ma parole, vous serez vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre ».

Voilà notre grâce de catholique, être libre véritablement, libéré par Notre Seigneur Jésus-Christ, par sa vérité. Et Notre Seigneur est ainsi clair, c’est ainsi que Jésus chasse les démons, non seulement des corps, mais surtout, insistons, des intelligences, pour y mettre la vérité. Bossuet disait : « le plus grand dérèglement de l’esprit, c’est de croire que les choses sont telles qu’on veut qu’elles soient, et non pas parce qu’on a constaté qu’elles étaient en effet telles ». Mais on se fait des idées, on vit dans l’erreur, on vit dans l’illusion. Eh bien, c’est le plus grand défaut de notre faculté qui est la faculté supérieure de tout notre être, l’intelligence. Vous voyez que si l’intelligence est malade et tout le reste en pâtira, même physiquement, nous en souffrirons. Remettre la vérité dans l’intelligence, c’est remettre la santé, pas seulement dans l’esprit, mais même dans le corps, mes bien chers fidèles. Voilà ce qu’il vient réaliser pour nous, Notre Seigneur.

Voilà sa mission, lui qui est la lumière du monde éclairant tout homme venant en ce monde. Et ainsi à nous autres et à tout converti, on l’a entendu, Saint Paul dit : « vous étiez ténèbres avant d’avoir cette vérité dans votre âme, vous étiez ténèbres. Maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. » Voilà ce que vient faire pour chacun d’entre nous, Notre Seigneur, c’est extraordinaire.

Et c’est ainsi qu’Il établit le Royaume de Dieu sur cette vérité, comme Satan, ou plutôt à l’inverse de Satan qui établit son empire par le mensonge. Vous vous souvenez du premier mensonge, et même les plus petits s’en souviennent, le premier mensonge qui a été proféré par Satan, c’est celui à Adam et Ève : « vous serez comme des dieux, vous serez comme Dieu ». Quel mensonge ! Et à partir de là, il n’a cessé de mentir, de tromper l’homme, de le détourner de son véritable but qui est de s’unir à la vérité qui est Notre-Seigneur.

Et pour illustrer cela : on parle du Moyen-Âge, vous le savez bien aujourd’hui, comme d’une époque d’obscurantisme. Et pourtant, c’est tout à fait le contraire. C’est sans doute le temps de l’humanité le plus lumineux, le plus lumineux qu’ait vécu l’humanité, c’est le Moyen-Âge, puisque la vérité divine était répandue partout. Bien entendu, il y avait de la misère, il y avait le vice, il y avait tout cela. Mais l’homme était éclairé par la vérité, bien plus qu’aujourd’hui comme nous allons le voir. Et spécialement cette vérité rayonnait en Europe, dans cette Europe qui était chrétienne, cette Europe où précisément le plus fort était survenu, le plus fort avait mis dehors Satan, le prince du mensonge.

Mais voilà que la déchéance, malheureusement, a atteint nos pays, nos pays d’Europe. 

On pourrait nommer cela un peu comme la trahison de Japhet. Pourquoi ? Eh bien parce que Sem, le premier fils de Noé, a donné la race des sémites, des juifs, eh bien, ayant renoncé à croire en Notre Seigneur Jésus Christ, donc ayant renoncé à la vérité, en conséquence, cette vérité, le flambeau de cette vérité a été donné au deuxième fils de Noé, Japhet, qui est venu occuper l’Europe.

Nous sommes descendants de ce deuxième fils, de Japhet. Eh bien aujourd’hui, malheureusement, il y a trahison. Il y a trahison pour Japhet qui est en train de renier la vérité qu’on lui a donnée, qu’on lui a transmise. Vous voyez donc, malheureusement, aujourd’hui en Europe, règne le mensonge, l’illusion, l’erreur, alors que nous avions cette lumière extraordinaire qu’est le Christ. Nous l’avions pour nous, nous l’avions pour rayonner, et donc au contraire s’accomplit en quelque sorte ce que disait Voltaire : « Mentez, mentez, il en ressortira toujours quelque chose. Ça vous servira toujours ».

C’est cela qui s’accomplit aujourd’hui terriblement, terriblement et dans tous les milieux, à tous les niveaux. Donnons juste quelques exemples pour ne pas faire trop long. À l’école dans ce qu’on appelle l’éducation nationale, on enseigne la théorie du genre, on encourage au LGBétisme, et cela même en primaire, dans les médias, des informations, quasi permanente. Allez demander à l’AFP s’ils disent la vérité de temps en temps. Malheureusement c’est une propagande de mensonges qui se fait réellement. Vous le savez bien, en médecine, la même chose, l’affaire COVID, la question des vaccins, tout cela. On profite de tout pour mentir. Et donc n’oublions jamais, faisons toujours le lien entre le mensonge et celui qui en est l’auteur, celui qui y pousse, le démon, c’est vraiment une possession du démon qui se met en place à cause de cela, terrible. En histoire, on m’a dit hier qu’un lycéen s’était fait renvoyer de son lycée public parce qu’en fait il avait osé poser la question : « peut-être que pour la question de la Vendée, on pourrait parler aussi de génocide ? Ah ! bien vous êtes renvoyé. C’est fini. Vous avez dit, vous avez osé dire la vérité. Renvoyé. On veut s’attacher au mensonge sur ces points là aussi.

En politique, il n’y a même pas besoin d’insister : pseudo élection présidentielle, pseudo-démocratie. Donc toujours une question de mensonge. Et malheureusement, même jusqu’au sommet, jusque sur la chaire de Pierre pour les questions les plus importantes pour notre Credo, le mensonge s’y installe aussi. Celui qui devrait prêcher la vérité sur cette chaire de vérité malheureusement ne le fait plus. Terrible injure, terrible injure que nous avons tenté de réparer un petit peu vendredi et qu’on doit continuer à réparer, puisque c’est la lumière qui s’éteint en quelque sorte pour les âmes, c’est terrible.

Et vous comprenez par-là qu’il y a littéralement une possession spirituelle qui se met en place. Jusqu’à tuer ces victimes, non pas physiquement bien entendu, mais spirituellement. Et c’est bien plus grave, c’est bien plus grave de tuer ces victimes spirituellement. Un vieux professeur de médecine avait emmené un jour ses élèves dans une salle de malades. Il les place au milieu de la salle, au milieu des lits. Et il leur pose cette question :  Lequel d’entre les malades qui sont là présents est le plus proche d’arriver à sa fin ? Les élèves comme ça, à distance, qui ne sont pas encore spécialistes du diagnostic, s’interrogent et ne trouvent pas la solution. Et alors le vieux médecin le vieux professeur leur montre dans un coin un malade sur le visage duquel se trouve des mouches qu’il ne chasse plus. Eh bien il dit bien précisément, quand un malade en arrive à ce point à ne plus réagir aux mouches qui se posent sur lui, c’est signe qu’il est proche de la fin.

Chers fidèles, c’est une image, malheureusement, de ce qui atteint le malade européen. Oui, le mensonge est partout, le mensonge est partout. Il n’est pas chassé, très peu réagissent, très peu, réagissent à ce mensonge. C’est terrible, puisque ça signifie la mort. Déjà, Louis Veuillot le disait : l’Europe est en train de mourir du sommeil dont elle s’est endormie. Voilà la réalité, malheureusement, et que de plus funeste, dit Saint Augustin de son côté, pour les âmes quelle mort plus funeste que la liberté de l’erreur. C’est cela qu’on vit aujourd’hui, l’erreur a tous les droits, le mensonge a tous les droits. La vérité n’en a plus aucun, ou presque, plus aucun. C’est, c’est une mort pour l’esprit. Que c’est grave, mes bien chers fidèles.

Alors il ne s’agit pas de rester là à se plaindre ou à attendre que tout cela se fasse sans réagir. 

Non, il y a une réaction catholique à avoir : résister au mensonge, mes bien chers fidèles, et à la suite du Prophète David, nous devons dire chacun : j’ai choisi la voie de la vérité, j’ai choisi la voie de la vérité. Et alors pratiquement, lorsqu’une source est reconnue comme empoisonnée, il faut s’en abstenir. Concrètement, cela signifie fuir tout ce qui est mensonge et source de mensonges, savoir échapper entre autres au monde virtuel, aux réseaux sociaux où c’est le mensonge qui est étalé puisque chacun se construit son personnage, son illusion, son mensonge personnel. Terrible destruction de l’intelligence, de l’esprit.

Aussi, n’admettre aucun compromis avec le mensonge, spécialement sur les principes, sur les vérités de foi d’abord et avant tout. Juste un exemple, à force d’entendre parler d’œcuménisme, de bonnes relations, on peut s’affaiblir de ce point de vue-là. Eh bien se redire souvent que ce sont des erreurs, ce sont des graves mensonges, qu’on trompe les gens avec cela. Pour cela, lire par exemple la vie de Saint Fidèle qui nous fait bien voir ce qu’est réellement par exemple le protestantisme, que c’est une destruction. Ça a été inventé par le démon pour détruire l’humanité par le mensonge précisément. Donc se former de ce point de vue-là, c’est positivement dans ce sens que nous devons aller. Pas trop s’informer mais plutôt se former par bonnes lectures, spécialement le dimanche, catéchisme, histoire, même un peu de philosophie. Il y a de bons ouvrages qui mettent cela à disposition, comme c’est important parce que plus on aimera la vérité, plus on détestera tout ce qui s’y oppose, tout ce qui est mensonge aujourd’hui, et c’est l’antidote. C’est l’antidote et c’est comme cela qu’on prouve notre amour concrètement à Notre-Seigneur, par une bonne lecture qui forme notre intelligence et notre cœur pour nous attacher à Lui.

Enfin, deux autres petits points : « faire la vérité », comme dit Saint Jean, qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien, agir à la lumière, ne pas se permettre de se cacher, ce n’est jamais bon signe, ce n’est jamais bon signe. C’est un peu se mentir à soi-même et chercher peut-être de tromper l’autre, sa famille, etc., et c’est s’illusionner sur soi-même. Il faut apprendre cela aux enfants. Chers enfants, s’il y a quelque chose que je ne peux pas faire devant papa-maman, eh bien c’est que ce n’est pas bon. Je sais que ce n’est pas bon signe, c’est que ça va plutôt plaire aux démons, c’est que le démon va en profiter pour me faire commettre une faute. Donc fuir tout cela, puisque s’il n’y a pas la lumière, il n’y a pas le bon Dieu, il n’y a pas Notre Seigneur.

Et enfin, comme disait Bossuet : «  la vérité est un bien commun, quiconque la possède, la doit à ses frères, selon les occasions que Dieu lui présente ». Nous ne pouvons pas garder cette vérité pour nous-mêmes, et donc il nous faut accepter de souffrir un petit peu pour en rendre témoignage à la suite de Notre Seigneur, rendre témoignage de cette vérité, et ainsi nous garderons en main, mes bien chers fidèles, ce flambeau, ce flambeau, cette lumière, et se réalisera très certainement pour chacun d’entre nous, pour nos familles, pour nos paroisses, ce que dit Notre-Seigneur : « un plus fort surviendra », un fort surviendra et  triomphera du démon, du prince du mensonge. Et un jour nous aurons part, mes bien chers fidèles, à la victoire de ce triomphateur, et cela pour l’éternité.

Demandons les uns pour les autres, à l’occasion de la Sainte Messe, de nous attacher toujours davantage à la vérité et de fuir toute espèce de mensonge quel qu’il soit.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Fr Fidèle-Marie +, ofm

Morgon, dimanche 3 mars 2024, Troisième dimanche de Carême

Version audio du sermon : 

Antoine de Fleurance

Autres sermons des capucins de Morgon :
– 14 janvier 2024 : Sermon du RP Paul-Marie, ofm – La Tradition de l’Eglise
– 04 février 2024 : Sermon du RP Léon-Marie, ofm – La Sainte Messe expliquée par la Passion
– 11 février 2024 : Sermon du RP Paul-Marie, ofm – La modestie chrétienne

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Les commentaires sont fermés

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est en vente sur MCP.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !