Une foule d’extrémistes hindous a attaqué une cérémonie de mariage chrétien au Chhattisgarh. L’Église locale dénonce la recrudescence des persécutions antichrétiennes.
Haine antichrétienne
Les faits rapportés se sont déroulés le soir du 11 juin. Un mariage chrétien célébré dans un village du district de Raipur, dans l’État du Chhattisgarh (centre de l’Inde), a été violemment attaqué par une foule d’extrémistes hindous. L’attaque a fait plusieurs blessés graves et a entraîné la destruction de véhicules et de biens.
Pendant la réception, une foule armée de bâtons et de barres de fer a pris d’assaut les lieux, endommageant gravement les véhicules en stationnement et détruisant les décorations de mariage.
« Les proches des mariés se sont enfermés dans la maison par crainte d’être attaqués, tandis que les assaillants tentaient de défoncer la porte », a expliqué un témoin. Le marié a pris la fuite, tandis que la mariée se cachait dans les champs voisins pour éviter d’être attrapée.
L’attaque ne s’est pas arrêtée là. Les assaillants ont incité les habitants des villages voisins à lancer une deuxième vague de violence contre la communauté chrétienne.
Le chef du commissariat de Dharsiwa, Rajendra Diwan, a confirmé que Gajanand Nishad, l’organisateur du banquet de mariage de son fils, avait porté plainte, affirmant que l’attaque avait débuté à 21h30. Plus d’une douzaine de personnes auraient commencé par jeter des pierres sur la maison pendant la cérémonie. « Les personnes présentes ont été brutalement battues », a déclaré Nishad, ajoutant que les assaillants avaient défoncé la porte, menacé de mort les invités et agressé violemment ceux qui tentaient de résister.
Des cadeaux de mariage ont également été détruits. « Nous sommes très inquiets après ce qui s’est passé », a déclaré Nishad, exigeant des mesures décisives de la part de la police.
Selon le recensement de 2011, plus de 93,25 % de la population du Chhattisgarh est hindoue, soit plus que la moyenne nationale de 80 %. Les chrétiens ne représentent que 1,9 % des habitants de la région, soit un taux inférieur à la moyenne nationale.
Nationalisme hindou au pouvoir
L’État est actuellement gouverné par le Bharatiya Janata Party (BJP), un parti nationaliste hindou. Depuis 2014, l’Inde est dirigée par ce parti, qui entretient des liens étroits avec le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), considéré comme le bras idéologique du nationalisme hindou militant. Les minorités religieuses ont signalé une augmentation des attaques et du harcèlement depuis l’arrivée au pouvoir du BJP.
Les signalements de harcèlement et de violences contre les chrétiens et d’autres minorités religieuses se multiplient en Inde. Dans de nombreux cas, des fidèles chrétiens ont été arrêtés pour « tentative de conversion », et des actes de vandalisme contre des lieux de culte ont été signalés.
Bien que l’on craignait que le Premier ministre Narendra Modi remporte une majorité écrasante aux élections de 2024, le BJP a perdu sa majorité parlementaire, même s’il continue de gouverner avec le soutien d’autres partis. Cela signifie que les politiques favorables au nationalisme hindou demeurent en vigueur, en particulier dans les États contrôlés par le BJP.
« Les chrétiens sont expulsés des villages du Chhattisgarh. Cette foule a attaqué le mariage, affirmant qu’elle interdirait l’accès du village aux chrétiens. Elle a également incité les voisins à s’en prendre à des fidèles innocents », a déclaré Arun Pannalal qui dirige un forum chrétien en Inde. « L’État de droit s’est effondré au Chhattisgarh ; l’anarchie règne et les droits constitutionnels ont pratiquement disparu. »
L’archevêque Victor Thakur de Raipur, président du Conseil des évêques du Chhattisgarh a exprimé son inquiétude : « Il semble que ceux qui devraient maintenir l’ordre cherchent à établir un état de loi de la jungle en ne respectant pas la Constitution indienne et leurs devoirs. »
L’archevêque a également dénoncé : « Nous disons que certains pays soutiennent le terrorisme ; c’est la même chose avec l’administration de l’État. Non seulement les attaques contre les chrétiens sont ignorées, mais il semble que même les agresseurs soient protégés. »
Léo Kersauzie
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